Les confidences d’une agente de bord
L’agente de bord chamblyenne Karine Boileau se raconte à travers les livres I Am a Flight Attendant & That Is My Superpower. Les œuvres découlent de la pandémie reliée à la COVID-19, entraînant son arrêt de travail forcé.
Le premier volume est sorti en juin 2021. Moins de trois ans plus tard, les 21 auteurs, issus du monde de l’aviation de multiples transporteurs aériens, ont donné naissance à une trilogie.
Karine Boileau recule en juin 2020, période où elle a reçu sa lettre officielle de mise à pied. En raison de la pandémie, il était devenu interdit de traverser les frontières. Elle se souvient du pénible de la situation.
« Mon Dieu que ça a été dur! Tellement dur! », confie-t-elle. Elle parle de la synergie vécue au sein de la confrérie en aviation. « Tout d’un coup, tu perds tous tes repères, ton mode de vie. On s’est littéralement fait clouer les ailes. On ne pouvait plus prendre notre envol », image celle qui exerce cette fonction depuis dix ans. Un métier qu’elle n’a pu pratiquer pendant vingt mois consécutifs. « C’était souffrant », résume-t-elle.
Du négatif en positif
Après plusieurs mois sans travailler, plongée dans l’incertitude, la communauté de l’aviation s’est unie afin de se livrer à cœur ouvert dans cette œuvre collective. Karine Boileau souligne l’aspect « positif » de l’ouvrage découlant d’une période sombre. En cette pause au sol obligatoire, plusieurs travailleurs ont quitté l’avion.
Dans cet assemblage d’histoires, ce sont trois chapitres sur lesquels la Chamblyenne s’étale. « On montre que les agents de bord, ce sont plus que des serveurs de boisson gazeuse à 37 000 pieds d’altitude », révèle la coautrice.
Vivre en décalage
Karine Boileau vit en décalage, d’un continent à l’autre, jonglant avec les fuseaux horaires. Son rythme de vie est déphasé par rapport à ce que connaît le commun des mortels. « Je pense qu’il ne faut pas trop se poser de questions. Il faut dormir quand on peut. C’est un défi, mais quand on est passionnée et que l’on choisit cette carrière, on fait rapidement la paix avec », assume-t-elle, fraîchement éveillée après un vol de nuit, encore la tête dans les nuages.
Elle convient que le métier n’est pas « pour tout le monde ». N’ayant pas besoin de beaucoup de sommeil, elle troque volontiers son repos contre, notamment, une visite du marché de Noël de Toulouse ou de Lyon. « Il y en a qui prennent de la mélatonine, d’autres, c’est un verre de vin rouge », compare-t-elle en riant, en guise d’accompagnement au sommeil.
L’agente de bord profite de sa variété de vols et savoure le fait de voyager outremer par l’entremise de son travail.
De toutes les couleurs
Au sein d’un vol pouvant contenir plusieurs centaines de passagers, Karine Boileau en a vu de toutes les couleurs. « C’est comme une microsociété réunie dans un même vol. Tu as un échantillon de l’humain. Il va arriver toutes sortes de choses », avance celle qui est native de Chambly. En vol, elle a déjà accompagné des gens en malaise. Formée pour gérer des situations de crise, elle n’est pas à l’abri de passagers mal intentionnés. Elle mentionne toutefois n’avoir jamais craint pour sa sécurité. « Si je suis pour faire de l’anxiété, ce sera plutôt lié à de l’anxiété de performance. Si je n’ai pas le contrôle, je n’ai pas le contrôle », dit-elle, résiliente, se considérant chanceuse.
Version française à venir
La version française du premier volume, I Am a Flight Attendant & That Is My Superpower, devrait sortir dans les semaines à venir. En ce sens, à titre de « superpouvoir » requis pour être agente de bord, Karine Boileau nomme « la patience, la résilience, beaucoup d’amour, de la passion et du courage ».