Du rock au rap

Noé Talbot, musicien de Chambly, sort son premier album rap, lui qui a habitué son auditoire à de la musique teintée de mélodies rock.

Il en avait parlé préalablement, c’est maintenant chose faite : Noé Talbot a enregistré un album rap sous l’effigie de Hell for Breakfast, filiale de la maison Slam Disques. Le 6 février, l’album de 13 chansons tirées de son projet intitulé Salmine sortira officiellement et sera propulsé lors du lancement qui se déroulera le 25 février, à la librairie Olivieri.

Fidèle à lui-même, l’artiste de 28 ans visite des thématiques chargées.

« Les sujets sont variés. Ce sont des chansons engagées. Je traite de l’anticapitalisme, si je peux le dire ainsi, critiquant les gouvernements en général et les politiques néolibérales. Sinon, ça parle de la scène punk, de dépression, de relations amoureuses. Je visite plein de thèmes; ça va dans tous les sens », résume l’auteur-compositeur-interprète.

Mixé par Frank Joly, aussi connu pour son implication dans le domaine de la sonorisation avec des groupes tels que Simple Plan, Les Trois accords, etc., l’album rap est une initiative de DJ Horg de Seba & Horg.

« Ça a déconstruit ma façon de voir les textes. Ça m’a réappris à écrire différemment. » – Noé Talbot

« Horg m’a embarqué dans le projet. Il a fait presque tous les beats sur l’album. La façon dont ça fonctionnait, c’est qu’il m’envoyait les beats, qu’il faisait en entier, et moi, je trouvais des mélodies. Osciller entre les styles, ce n’est pas si différent que ça. Ce qui diffère, ça se situe dans la manière de décortiquer. Ça a déconstruit ma façon de voir les textes. Ça m’a réappris à écrire différemment et j’ai apprécié l’exercice. Ça transparaît dans mes autres projets, ce que j’ai appris dans le rap », explique le jeune homme qui aime le rap français, le rap conscient aux textes intelligents, le rap qui dit quelque chose.

Les puristes du rap
Tout comme pour la musique punk, il fut un temps où le rap était une sorte de chasse gardée n’appartenant qu’à une couche précise de la société. La musique s’étant démocratisée énormément au fil des deux dernières décennies, que pensent les puristes du rap de voir atterrir dans leur cour des artistes provenant de styles musicaux aux sonorités qui ne sont pas nécessairement, de façon naturelle, compatibles?

« Personne ne m’a encore dit “ C’est pas du vrai rap “, car le projet est jeune encore. Il est possible que ça arrive provenant des puristes. Je n’ai pas encore reçu de feedback des gens du milieu. Mes racines musicales proviennent du punk, mais jusqu’à maintenant, la réaction est bonne sur le produit. Les gens sont impressionnés que j’aie été en mesure de faire un album de rap. Le rap, c’est rendu tellement large de fusion de styles. Je ne suis pas à l’abri du bashing, des critiques ou de me faire dire que je n’ai pas le flow, mais ça vient avec », relate celui qui se dit influencé par Manu Militari et Orelsan, pour ne nommer que ceux-là.

Salmine a lancé le vidéoclip de son simple, qui s’intitule Solitude. Parallèlement, vers la fin de l’été, le Chamblyen sortira pour une deuxième fois un EP acoustique de reprises de classiques du punk. Les friands du style reconnaîtront les mélodies des No Use For a Name, Blink 182, Thrice, etc. Comme si ça ne suffisait pas, il vient aussi de terminer la préproduction du prochain album de Noé Talbot, qui devrait pointer le bout de son nez au début de 2021.