De Silvi à Carole

Silvi Tourigny fait écarquiller les yeux sur le Web et son attachant personnage de Carole s’attire de plus en plus la sympathie du public qui la découvre.

Depuis près de huit ans maintenant, elle fait partie de cette cuvée d’humoristes ayant élu Chambly comme terre d’accueil. Son parcours d’humoriste, elle l’a tracé sur le tard. Bien qu’elle a su vers 12 ans qu’elle voulait être humoriste, son côté rationnel l’a tout d’abord dirigée vers une technique animale, domaine dans lequel elle a œuvré quelque temps. Se sont ajoutés un DEC en sciences de la santé et une majeure en kinésiologie. C’est à la suite de cette collection de diplômes qu’elle a passé ses auditions pour l’École nationale de l’humour (ENH), de laquelle elle graduera en 2009.

« Ça a été long avant que je démarre les shows sur le Web. J’osais espérer que ce soit rapide, ce confinement. » – Silvi Tourigny

« Depuis ce temps-là, je m’amuse. J’ai créé Carole aide son prochain à l’ENH. Au début, c’était un personnage sur scène, puis, pour clore nos deux années à l’ENH, on devait faire un projet Web. Il y avait quelque chose de fun à faire avec ça », relate l’humoriste. Carole est ce personnage « bête qui est totalement l’inverse de ce que je suis dans la vie. Je suis quelqu’un qui gesticule beaucoup, énergique et positive ». Conséquemment, drabe, blasée, s’exprimant sur le même ton et déployant une gestuelle très limitée sont les caractéristiques de base qui définissent le personnage. Arborant le col roulé, elle répand sa condescendance.

COVID-19

La Chamblyenne a, entre autres, réchauffé les salles à titre de première partie de Cathy Gauthier et devait reprendre ce rôle en février. Avant que ne s’installe la pandémie, la femme de 38 ans était en processus « de rouler, roder et écrire mon premier onewomanshow. C’est l’ultime étape à atteindre dans ma carrière ». Comme tous les artistiques qui performent devant un public, le volet scène de l’artiste est sur pause. « Ça a été long avant que je démarre les shows sur le Web. J’osais espérer que ce soit rapide, ce confinement, mais je m’y suis mise vers novembre, un peu avant les Fêtes. J’ai fait des corpos virtuels, et c’est moins pire que je pensais. Étant donné que l’on risque d’en avoir encore pour un petit bout, je risque de me tourner vers cette option », se résigne celle qui se dit inspirée par Dominic Paquet.

#metoo

La classique annuelle du populaire Bye Bye 2020 n’a pas manqué de souligner la vague de dénonciation ayant déferlé dans la colonie artistique cet été. « Je n’ai jamais été victime de quoi que ce soit de déplacé personnellement, mais oui, j’ai des collègues qui ont reçu soit des calls ou des gestes déplacés. Oui, c’est réel et c’est là, mais depuis les dernières années, il y a un mouvement rassurant de solidarité, autant de la part des gars que des filles, qui s’est installé. Il y aura toujours du chemin à faire, mais pas seulement en humour. Je parle de tous les milieux. En humour, ça parait pire, car c’est public, mais il doit y en avoir autant dans les autres milieux », fait part la femme dont le conjoint est Sébastien Ouellet, également humoriste.

Souhaits pour 2021

Dans l’espoir qu’elle sera meilleure que 2020, la nouvelle année entamée est construite d’attentes. « En ce qui me concerne, je souhaite continuer à créer malgré tout. L’an passé n’a pas été mon année la plus productive. Essayer d’écrire avec un enfant de six ans à qui tu essaies d’apprendre l’alphabet, c’est un défi. Je souhaite aussi exploiter le plus possible les plateformes accessibles. Quant à Carole, en 2020, elle a commencé à se laisser aller un peu plus. Avant, elle ne bougeait pratiquement pas, et là, on l’a vue danser un peu. Je lui souhaite de continuer à nous surprendre », ajoute Silvi Tourigny. Serait-il même possible de voir Carole sourire en 2021? « Non, pour ça, elle se garde une petite gêne pour la joie de vivre », assure-t-elle.