Chantal Pary : chanter en toute humilité

Chantal Pary, qui aura 73 ans en décembre, a offert un spectacle à l’église de Saint-Mathias-sur-Richelieu, le 5 novembre dernier. La salle comble s’est régalée des succès de la chanteuse, qui s’est entretenue avec le journal.

Chantal Pary voit le jour sous le nom de Lucie Bernier, le 17 décembre 1950 à Longueuil. Très jeune, elle assiste aux cours que donne sa mère, qui est chanteuse classique, et l’imite. Elle développe ses aptitudes en chant et remporte les concours, les uns après les autres.

Sa mère obtient entretemps des -engagements dans les cabarets et, très vite, les gens entendent parler de la jeune prodige. C’est ainsi qu’à 13 ou 14 ans, alors qu’elle n’a jamais même mis les pieds dans un tel endroit, elle agit comme maîtresse de cérémonie dans un cabaret du Vieux-Montréal. « Jeune, c’est comme si j’étais un peu plus vieille que mon âge. J’étais plus sérieuse, j’aimais suivre ma mère », rappelle la chanteuse. Elle convient toutefois qu’il s’agissait d’un milieu difficile. « Il y avait beaucoup de gens qui souffraient dans ces places-là. Je n’ai pas commencé dans les cabarets les plus huppés. Je voyais beaucoup de misère », soutient la femme, qui aimait passer du temps dans les loges avec les danseuses. « Je cousais leur linge », ajoute en riant l’artiste, dont les tantes et les oncles ont vécu à Chambly. 

Un concours prestigieux

En 1965, elle remporte le prestigieux concours d’amateurs de la radio CKVL, Vive la vie, grâce au vote du public. « Ma tante voulait que je participe. Ça ne me tentait pas ben, ben, mais j’y suis allée. C’était un applaudimètre qui déterminait qui gagnait. J’ai gagné pendant une dizaine de jours », relate Mme Pary, qui associe cet événement à son début officiel à titre de chanteuse professionnelle.

Jamais une cenne

Elle enregistre son premier disque l’année suivante, à l’âge de 16 ans. Chantal Pary connaît son premier succès sur 45 tours, L’amour est passé, puis elle représente le -Canada -francophone au Concours international de la chanson à Bruxelles. « On ne recevait jamais une cenne avec nos chansons dans l’temps. On ne se posait même pas la question. C’était comme ça pour beaucoup d’artistes qui se sont fait avoir », déclare Mme Pary. Elle ajoute toutefois qu’elle chantait « pour le monde. Si ça leur faisait plaisir, ça me rendait heureuse », relativise celle qui dit n’avoir jamais couru après le vedettariat. 

En 1969, elle est élue -Révélation de l’année au Gala des artistes. En 1970, elle épouse l’auteur et compositeur André Sylvain à l’émission Jeunesse d’aujourd’hui, diffusée à Télé-Métropole (TVA). « Il disait que ça n’avait pas de bon sens que je n’aie jamais d’argent. J’étais tout le temps numéro un et ça vendait beaucoup », mentionne celle qui atteignait les plus de 100 000 exemplaires vendus par 45 tours.

Quincy et Félix

Dans le cadre d’un autre concours international de la chanson, au Mexique cette fois, elle fait la rencontre de Quincy Jones. Considéré comme l’un des plus grands producteurs de musique, il est notamment connu pour le trio qu’il a formé avec Bruce Swedien (ingénieur du son) et Michael Jackson sur les albums Off the Wall, Thriller et Bad, de ce dernier. « Il voulait faire une vedette de moi aux États-Unis, mais j’ai dit non. Ça ne me tentait pas. Ce n’était pas mon mood de carrière », fait comprendre Mme Pary. 

En 1981, elle remporte le Félix de l’album le plus vendu de l’année, soit 250 000 exemplaires, à ce moment, de J’suis ton amie. Chantal Pary avance qu’en tout, plus tard, l’album a même atteint les 350 000 exemplaires vendus. 

De nombreux succès

Parmi ses succès, on compte L’amour vient, l’amour va (1966), C’est fini (1968), Seuls jusqu’à la fin des jours (1970), Pour vivre ensemble (1971), Ma vie, c’est toi (1971), Mon enfant (1972), -Emmanuella (1973), Mélanie (1975) et Les gens heureux n’ont pas d’histoire (1976). Elle nomme Pour vivre ensemble à titre de chanson chouchou, si elle ne devait en choisir qu’une seule. « Les gens l’aiment beaucoup. C’est une belle chanson », exprime-t-elle simplement.

Parmi les multiples faits saillants qui façonnent sa carrière, Chantal Pary pense au moment où elle a chanté pour Mère Teresa. « Ça a été un bonheur pour moi de la rencontrer. Il y en a qui ont des idoles : moi, c’était elle », établit Mme Pary, qui tisse plusieurs parallèles entre ses valeurs altruistes et celles de la religieuse catholique ayant remporté le prix Nobel de la paix en 1979. 

Univers musical différent

Entre ses tout premiers débuts et maintenant, ce sont deux univers musicaux qui ne se ressemblent plus, constate Mme Pary. « Il y a immensément de talent. Au Québec, on est gâtés. Les jeunes ont des possibilités que nous n’avions pas avec la technologie. Ils n’ont pas nécessairement le cheminement difficile que nous avons connu, avec des micros de mauvaise qualité. Maintenant, on apprend vite. Par contre, parfois, ça va trop vite », estime la Longueilloise.  

Chantal Pary publie, au cours de sa carrière, une cinquantaine d’albums de chansons originales et de compilations. « Je fais encore des spectacles quand je suis bien. Je n’ai pas toujours la santé, mais ça va bien, là », termine la chanteuse, dont la carrière regorge de nombreux chapitres.