Café-Théâtre de Chambly : Bienveillance, une œuvre de Fanny Britt

Le Café-Théâtre de Chambly présente Bienveillance, une pièce où la bonté à outrance crée un humour de malaise qui, lui, fait écho pourtant à une situation tragique.
Bienveillance est une œuvre créée par Fanny Britt, une auteure qui « prend de plus en plus de place dans le milieu du théâtre professionnel », observe Vincent Michaux-St-Louis, metteur en scène qui a adapté la pièce.
De l’avis de celui qui est enseignant en art dramatique, « c’est un choix audacieux dans le sens que ce n’est pas forcément de la même nature que les pièces qu’on monte en général. On n’est pas proche des pièces à la Michel Tremblay ou Marcel Dubé. […] C’est un monde théâtral un peu différent, moins terre à terre, plus imagé, plus de jeu dans la notion du temps, des flash-back. Du théâtre un peu plus contemporain que ce qu’on fait d’habitude ».
La pièce : Gilles, un avocat, est de retour à Bienveillance, sa ville natale qui l’a quittée pour Montréal. Un retour obligé puisqu’il doit plaider en faveur d’une compagnie d’assurance accusée par Bruno, son ami d’enfance, dont le fils est dans le coma après une chute d’une cabane à bois…
Rire jaune
La description faite de la pièce loue le travail de Fanny Britt : « par sa plume aussi vive qu’habile, l’auteure sait nous surprendre par son originalité, ses pistes de réflexion et par une finale des plus inattendue ».
Vincent Michaux-St-Louis note pour sa part que « la bienveillance est une valeur étrange. (…) Des fois, on est bienveillant envers les autres et non envers nous même ». Afin d’illustrer encore son propos, il cite le poète Blaise Cendrars qui dit : quand tu aimes il faut partir.

« Je suis avocat. Ce que j’ai, c’est pas un nom, c’est un son. » – Le personnage de Gilles

Une histoire tragique où l’humour serait subtil, peut-on lire dans description faite de l’œuvre de Fanny Britt. « Plutôt un humour de malaise, dira le metteur en scène. C’est dramatique comme contexte, mais en même temps là où il y a des malaises humains, il y a du rire ».
Et de l’ambivalence, souligne Vincent Michaux-St-Louis, à en juger par cet extrait confié par le personnage Gilles: « entre la bonté et moi, il y a une autoroute de campagne devant un verger. Vouloir être bon, c’est vouloir atteindre un pommier pour cueillir une pomme alors que je suis de l’autre côté de l’autoroute. Vouloir être bon, c’est vite suivi de trois constatations inéluctables : y a ben trop de trafic; j’ai pas le temps d’attendre; des pommes, je suis aussi ben d’aller m’en acheter. Je m’appelle Gilles Jean. Je suis avocat. Ce que j’ai, c’est pas un nom, c’est un son. J’ai le nom d’un idiot, ou d’une vedette de cinéma. J’ai le nom d’un exercice de diction. Gilles Jean ou Jean Gilles, Jean Gilles ou Gilles Jean ».
Quatre comédiens, six personnages
Le choix de Fanny Britt s’inscrit dans l’initiative du Théâtre de Chambly de réserver l’année 2018 aux auteures féminines.
Chantal Pinard et Stéphanie Panneton et leurs collègues Daniel Lachance et Benoît Lacombe répètent depuis six mois, à raison d’une fois par semaine, mais plus on est proche de la présentation plus les répétitions sont nombreuses. « Les comédiens ont l’habitude de jouer en semble, ils ont une belle chimie », souligne le metteur en scène pour qui ce n’est pas difficile d’avoir quatre comédiens pour six rôles.
Vincent Michaux-St-Louis évoque le défi de faire la mise en scène pour un petit groupe « dans le sens où il faut le plus possible avoir les quatre personnages sur la scène. Avec une petite équipe, on a le temps pour travailler, mais il y a un autre gros défi : dans la pièce il n’y a pas de ponctuation; pas de point ni virgule, ça vient chambranler les méthodes habituelles. Le comédien a le choix et l’auteur laisse de la place à l’interprétation. Je trouve que c’est un travail génial. J’aime ça, ça permet des rythmiques plus naturelles que grammaticales ».
La pièce Bienveillance est présentée les vendredis et samedis, du 7 au 29 septembre. Réservation : cafe-theatredechambly.com, ou au 450 447-2953