Une vague d’inquiétude dans le domaine de la santé

Le personnel de la santé voit arriver la seconde vague de la COVID-19 avec beaucoup de craintes. Les membres des syndicats des infirmières, des inhalothérapeutes et des préposés aux bénéficiaires n’ont pas encore repris leurs forces à la suite de la première vague.

« Le personnel est fatigué », affirme d’emblée Denis Grondin, président de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec-Syndicat des professionnelles en soins de Montérégie-Centre (FIQ-SPSMC), qui représente les infirmières, les infirmières auxiliaires et les inhalothérapeutes. « Le gouvernement a eu beau les appeler les anges gardiens, là, ils n’ont plus d’ailes, ils n’ont plus rien. Ça ne vole pas haut », s’exclame-t-il.

Jean Mercier, président du syndicat CSN du CISSS Montérégie-Centre, qui représente entre autres les préposés aux bénéficiaires, abonde dans le même sens. « Les membres sont un peu découragés. Ils ont vécu le printemps. Ils savent ce qui les attend », dit-il.

Les employés en santé n’ont pu avoir plus de deux semaines de vacances cet été. De plus, c’est seulement depuis peu que le rythme semblait reprendre son cours normal. Ils n’ont pas eu le loisir de souffler longtemps avant que le nombre de cas ne recommence à augmenter.

« On souhaite que le nombre de personnes hospitalisées reste bas pour donner une chance aux infirmiers de souffler. Ils n’ont pas eu beaucoup de temps pour se remettre sur pied », indique le président de la FIQ-SPSMC.

« Le gouvernement a eu beau les appeler les anges gardiens, là, ils n’ont plus d’ailes, ils n’ont plus rien. Ça ne vole pas haut. » – Denis Grondin

Pénurie accrue

À travers cet essoufflement, la pénurie de main-d’œuvre s’est accrue, particulièrement du côté du Haut-Richelieu, qui comprend les villes du territoire, selon
M. Grondin. « On a le double de démissions comparativement à l’an dernier. On a aussi le double de personnes parties en maladie, en raison de fatigue ou de dépression. Il y a trop de temps supplémentaire qui se fait », souligne-t-il.

Le président de la FIQ-SPSMC ajoute que ses membres sont professionnels et qu’ils mettent leur santé à risque pour le bien-être des patients et pour éviter de surcharger leurs collègues. « Il arrive qu’une personne travaille quatre fois seize heures dans une semaine », illustre-t-il.

Également, lors de la première vague, du personnel venant d’autres services avait été sollicité pour prêter main-forte. Ce qui n’est pas le cas, du moins pour le moment.

Du côté des préposés aux bénéficiaires, le constat est le même pour les départs. « On a un peu de tout. Ce qui me surprend le plus, c’est de voir du personnel qui a 15, 20 et parfois 30 ans d’ancienneté quitter le métier », soutient M. Mercier.

La pénurie est encore présente malgré l’arrivée de nouveaux préposés, formés en trois mois cet été. « On a eu 370 personnes au CISSS de la Montérégie-Centre. La majorité travaille dans les CHSLD du secteur Saint-Jean, qui inclut Chambly et Marieville. On a plus de soldats, mais ils n’ont pas eu beaucoup de formation », constate le président de la CSN du CISSS Montérégie-Centre. De plus, le gouvernement a mis en place la plateforme Jecontribue pour les personnes qui seraient intéressées à donner de leur temps.

Infection

Dans les deux sphères de service, du personnel a commencé à être infecté par le coronavirus lors de cette seconde vague. « On semblait mieux préparés. Il y a des mesures de protection, mais ça a l’air que ça entre pareil », affirme M. Mercier. Du côté de la FIQ-SPSMC, une trentaine de cas ont été répertoriés en une semaine.

Cela ajoute au vide laissé par le personnel manquant. Sans compter ceux qui, comme parents, doivent s’absenter pour que leur enfant passe un test ou parce qu’il y a un cas dans une école ou une garderie.

Négociation

À travers cette deuxième vague qui s’amorce, la FIQ est également en négociation afin de signer une nouvelle entente collective, échue depuis six mois.

Selon les dires du président de la section Montérégie-Centre, l’offre du gouvernement est « lamentable ». « J’ai de la difficulté à croire qu’il nous a déposé une offre comme ça. Il n’y a rien d’attrayant à travailler dans le système de la santé. En situation de crise, ce n’est pas le temps de jouer au jeu de la négociation. Il faut pouvoir s’asseoir et se rejoindre. Je crois qu’il ne réalise pas que le système de santé est à deux pouces du mur », soutient M. Grondin.

La CSN est également en négociation. Le président laisse entendre que « ça n’avance pas vite ».