Une tolérance qui en irrite plusieurs

Des randonneurs se sont vus refuser l’accès au mont Rougemont devant le maire, Michel Arseneault, leur expliquant les nouvelles directives quant à l’utilisation du mont en cette période de pandémie.

Ils étaient nombreux à se stationner sur le terrain de l’Érablière Mont-Rouge afin d’accéder à cette belle nature qu’offre le mont. Le 25 mars, la municipalité a mis un frein à cette habitude.

« Avec les orientations du gouvernement, nous avons imposé la fermeture du stationnement ainsi que l’interdiction d’accéder au mont », indique Michel Arseneault.

La COVID-19 devient un bon prétexte pour imposer cette mesure, comme l’a fait la Sépaq, interdisant l’accès à ses espaces jusqu’à nouvel ordre. Or, en questionnant, on comprend que l’accès au mont Rougemont est une problématique qui date de bien avant le coronavirus.

« C’est un mont privé sur lequel il y a une certaine forme d’usage, dont les propriétaires s’accommodent assez difficilement, usage qu’on ne souhaite pas voir augmenter. Les propriétaires demandent l’aide de la municipalité pour trouver une solution en lien avec les gens qui circulent sur leur propriété privée. Il y a un débat entourant la situation dans lequel la municipalité joue davantage un rôle d’arbitre entre les usagers et les propriétaires », dépeint le maire de Rougemont.

Ce sont près de 350 propriétaires qui se partagent le mont. Pierre Pontbriand est coordonnateur de l’Association du mont Rougemont (AMR), un organisme qui regroupe principalement des propriétaires, mais aussi de simples résidents des environs et des collaborateurs. Les membres de l’association possèdent environ  70 % du mont Rougemont. L’autre 30 % est détenu par d’autres propriétaires qui n’ont jamais fait le geste de devenir membre.

« C’est la municipalité qui détient le premier terrain en bas, par où les gens entrent. Elle ne peut donc pas jouer à l’autruche et s’en laver les mains, déclare d’office Pierre Pontbriand. La Ville ne veut pas s’en mêler, c’est le discours qu’elle a toujours tenu », ajoute-t-il.

Selon lui, la municipalité avait organisé une rencontre en 2018 « suite à des pressions des propriétaires pour étudier la situation. En tant qu’association, nous n’avions pas été invitée. Lors de la rencontre, des membres de l’association ont manifesté la nécessité de notre présence. La municipalité a promis de tenir une autre rencontre à laquelle l’association serait invitée cette fois. On attend toujours cette convocation. »

COVID-19

La situation actuelle est que les monts Saint-Hilaire, Saint-Grégoire et Saint-Bruno ainsi que les sentiers de la Cidrerie Michel Jodoin sont fermés au public. Ces sites accueillent plus de 1,5 million de visiteurs par année. Ces gens recherchent une alternative.
« Avec la fermeture des autres monts, le message qui circule est de se rabattre vers le mont Rougemont, c’est gratuit. Cela a créé un achalandage monstre. Cette fois, la municipalité n’a pas eu le choix d’agir en fermant le stationnement de l’érablière et en donnant des constats d’infraction », déclare le coordonnateur de l’AMR.

Citoyenne mécontente

Une randonneuse habituée des lieux a écrit au journal que la fermeture du mont « est une décision qui manque de jugement, il faut soupeser les enjeux ici… il en va de notre équilibre mental à tous qui, selon moi, est précaire présentement. C’est une décision exagérée qui poussera les gens à aller simplement ailleurs ».

« Je suis le premier à être déchiré par cette décision. Je comprends très bien qu’une partie de la population trouve que ça n’a pas d’allure de fermer les espaces pour aller marcher, mais de l’autre côté, on parle aussi de possibilité de rassemblements. Dans ces conditions, nous n’avons d’autres choix que de nous rallier avec les orientations du gouvernement », répond le maire mitigé.

Pierre Pontbriand s’inquiète pour le mont, qu’il définit comme étant un milieu fragile et fragmenté, au monde animal et végétal plus rare. « Des gens se promènent en gros Jeep jacké, font du camping illicite, des feux de camp. Un moment donné, on aura droit à un feu de forêt. Les risques d’accident sont énormes présentement. Un propriétaire s’est même fait agresser par le chien d’un promeneur. Ou encore, un propriétaire travaillait sur son tracteur, il a reculé et passé proche d’écraser quelqu’un se promenant et s’est fait invectiver par le randonneur qui lui a dit qu’il n’avait pas d’affaire là avec son tracteur », s’exclame le coordonnateur de l’association.

L’AMR affirme « qu’il y a un paquet de solutions possibles pour l’accès au mont, dont une pourrait être d’ouvrir un sentier public de telle sorte que puisse s’établir un service et une surveillance pour que les visiteurs demeurent sur le sentier et non pas partout ailleurs. »