Une enquête sur l’éclosion au CHSLD Sainte-Croix

Le CISSS de la Montérégie-Centre effectue une enquête interne afin de mieux comprendre pourquoi le CHSLD Sainte-Croix, à Marieville, a été aussi durement touché par la propagation de la COVID-19.

En date du 29 octobre, 79 usagers, sur un total de 105 lits, avaient été infectés depuis la fin septembre. Plus de 37 cas étaient toujours actifs, 26 résidants en sont décédés et 17 étaient guéris. Du côté des employés, 73 ont été infectés depuis le début, et 31 employés sont positifs ou retirés du milieu. Aucun employé n’est décédé. Le nombre de nouveaux cas est en diminution. Le centre n’avait eu aucun cas lors de la première vague.

« Devant l’ampleur de la situation, j’ai demandé, le 13 octobre, la tenue d’une enquête interne afin de faire la lumière sur la situation de cette éclosion, que je juge fort préoccupante », a affirmé Richard Deschamps, président directeur général du CISSS de la Montérégie-Centre, lors d’une conférence de presse. Il a ajouté que « pour le public et pour notre organisation, c’est important de comprendre ce qui s’est passé ».

Dans le cadre de cette enquête,  le PDG a également suspendu de ses fonctions la personne gestionnaire. Le ministre de la Santé, Christian Dubé, a confirmé l’information  lors du point de presse du 29 octobre. Il a indiqué que « cette décision a été prise dans un contexte de responsabilité et d’imputabilité » et qu’il respectait la décision du PDG. Il s’agit de la première personne à être relevé de ce poste.

Le ministre de la Santé y a également envoyé une équipe SWAT. Le 23 octobre, une équipe de l’Université McGill a procédé à une évaluation externe et émis un rapport. Selon M.Deschamps, il « démontre que de bonnes pratiques sont respectées. Quelques recommandations ont été émises, auxquelles nous donnerons suite en les appliquant immédiatement ».

« Pour le public et pour notre organisation, c’est important de comprendre ce qui s’est passé. » – Richard Deschamps

Quelques causes

Difficile pour lui, pour l’instant, d’expliquer exactement les causes de cette éclosion majeure. M. Deschamps a évoqué différentes possibilités, dont les cas asymptomatiques. C’est le cas de la première personne infectée, qui a travaillé sans savoir qu’elle était atteinte de la COVID. Plusieurs dépistages massifs ont suivi et ont permis de détecter plusieurs personnes positives sans symptômes.

« Fort à parier qu’il y a eu des manquements quant à l’application du port des équipements individuels et des mesures de prévention, peut-être par fatigue ou par mégarde. On demande la collaboration des employés pour observer les mesures », a-t-il dit.

Le bris d’équipement dans un laboratoire a également retardé les analyses. Les personnes ont attendu de cinq à sept jours avant de connaître leurs résultats. « Si des résidants sont positifs sans le savoir et sans avoir développé de symptômes, cela peut entraîner la transmission dans le milieu », souligne le PDG.

La présence de deux unités prothétiques avec une clientèle aux troubles cognitifs qui fait de l’errance apportent aussi un défi pour l’isolement.

De plus, M.Deschamps a mentionné que la municipalité de Marieville fait l’objet d’une attention particulière de la santé publique en raison de propagation importante dans sa population. Il a spécifié que le taux de propagation était importante à Marieville, à Saint-Jean-sur-Richlieu et à Saint-Césaire.

Actions

Différentes actions ont été prises dès le début de l’éclosion, assure M. Deschamps. L’équipe médicale a été renforcée; les uniformes des employés sont fournis et portés uniquement sur place; des trajectoires ont été aménagées pour isoler les travailleurs; le centre a été transformé en différentes zones; chaque jour, des gestionnaires sont sur place de jour et de soir; la nuit, un coordonnateur d’activités assure la garde.

Résidence privée à Marieville

La résidence pour personnes âgées Les Jardins du Couvent, à Marieville, compte également des cas de résidants infectés à la COVID-19.

Brigitte Pouliot, directrice des communications du groupe COGIR, indique que la résidence a été épargnée pendant près de sept mois. Aujourd’hui, elle compte onze cas au sein des résidants mais aucun  chez les employés. Deux résidants sont considérés comme rétablis.

Elle souligne avoir le soutien du CLSC et que la résidence peut compter sur « d’excellents employés ».

« Le moral des troupes est bon, tant du côté des résidants que des employés », conclut-elle.

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