Un retour souhaité, mais avec des précautions

Le possible retour en classe le 4 mai ou même avant, selon ce qu’avait avancé le premier ministre François Legault, a apporté son lot d’inquiétudes au sein des enseignants.

Éric Gingras, président du Syndicat de Champlain, mentionne que les enseignants et le personnel de soutien, qu’il représente, ont hâte de revoir les élèves et que la vie reprenne une certaine normalité. Cependant, des craintes subsistent quant à la réouverture des écoles.

« C’est évident que nous avons certaines préoccupations quant au retour, en fonction du moment où cela s’effectuera. Il devra y avoir des balises claires et des mesures envisagées pour les membres du personnel qui ont des conditions particulières qu’on ne peut pas ignorer dans le contexte, que ce soit en matière de santé, de condition médicale personnelle, de celle d’un enfant ou d’un proche », dit-il.

Il ajoute que la déclaration de M. Legault, sur la possibilité d’ouvrir les écoles avant le 4 mai, a fait sursauter le personnel de l’éducation. Pour l’instant, rien n’est confirmé en ce sens. Le premier ministre a par ailleurs affirmé quelques jours plus tard que les commerces feraient des ouvertures progressives avant les écoles. En point de presse le 20 avril, il a mentionné que deux semaines seraient nécessaire avant l’ouverture des écoles et que, pour le moment, il ne l’annonçait pas. Ce qui laisse prétendre que le retour en classe ne se fera pas le 4 mai.

« Le moment venu, nous serons là pour nous assurer que le retour se passe le mieux possible dans les circonstances », affirme M. Gingras. Selon lui, il est important qu’il y ait une conclusion à cette année scolaire, peu importe sa durée. Cela permettra aux élèves et aux professeurs de se revoir « pour mettre un point final à cette année et pour se dire au revoir. Pour certains, ça marquera le passage au secondaire ou au niveau collégial. Cela nous apparaît essentiel pour la suite des choses ».

Procédures claires réclamées

Cependant, il précise que des procédures claires doivent être mises en place et divulguées à l’ensemble du réseau scolaire. Plusieurs questions demeurent sans réponse. « Quelles seront les mesures de protection et de limitation de la contagion? Comment s’organisera-t-on en classe avec 27, 28, 29 élèves? Quelles seront les consignes d’hygiène? Y aura-t-il le matériel nécessaire? Y aura-t-il un protocole de retrait lorsqu’un élève sera contaminé? Parce que cela arrivera assurément… Les questions sont nombreuses et, évidemment, nous n’avons pas les réponses à ce moment-ci, il est encore trop tôt », mentionne-t-il.

« Le moment venu, nous serons là pour nous assurer que le retour se passe le mieux possible dans les circonstances. » – Éric Gingras

Selon lui, il faudra que « les autorités et le gouvernement s’y penchent avant de faire des annonces pour s’assurer que le retour ne se fasse pas dans le chaos et à géométrie variable selon les commissions scolaires et les milieux. Il est important aussi de se rappeler collectivement que les écoles ne sont pas des garderies, qu’il faut rouvrir rapidement pour que la reprise économique puisse avoir lieu ».

De plus, le syndicat craint une accentuation de la pénurie de main-d’œuvre déjà présente dans le milieu scolaire, puisque certaines personnes pourraient ne pas pouvoir reprendre le travail pour des raisons de santé. « Il faudra faire preuve de compréhension, de flexibilité et d’ingéniosité, parce que la pénurie de main-d’œuvre dans le réseau n’a pas disparu pendant le confinement! »

Renfort en santé

Dans cette urgence sanitaire, le gouvernement du Québec adopte régulièrement des arrêtés ministériels. Récemment, il en a adopté un permettant de faire appel au personnel des commissions scolaires pour venir en aide au réseau de la santé.

M. Gingras rassure qu’actuellement, bien que la situation change rapidement, les personnes appelées sont celles qui détiennent des compétences dans le domaine de la santé, notamment les infirmières qui enseignent en formation professionnelle. Il précise également que, pour le moment, c’est sur une base volontaire.

« Cet arrêté ministériel fait couler beaucoup d’encre parce qu’il ratisse très large pour donner au gouvernement toutes les options possibles. Et puisqu’on y fait pour la première fois mention du fait que le personnel enseignant au sens large pourrait être requis dans le réseau de la santé, il n’en fallait pas plus pour inquiéter les gens », affirme le président.

Il ajoute que « le flou artistique sur certains aspects, les imprécisions sur d’autres et le manque de directives claires nous laissent perplexes parce qu’il s’agit d’une recette parfaite pour alimenter les questionnements et l’inquiétude chez le personnel de l’éducation ».

Le personnel du Syndicat est toujours actif en télétravail depuis le début de la crise afin de répondre aux questions et inquiétudes de ses membres.