La vie reprendra dans les écoles

Le retour progressif à l’école annoncé par le gouvernement ne laisse pas les parents de glace, peu importe leur position sur le sujet. Le Journal de Chambly s’est entretenu avec Jean-François Roberge, ministre de l’Éducation et député de Chambly.

Où en êtes-vous dans votre processus de dialogues et de concertations afin de coordonner ce retour de la meilleure façon possible?

Ça avance, nous avions parlé en amont à tous les différents groupes avant l’annonce. Il y a treize comités ministériels sur différents thèmes qui se rencontrent afin d’élaborer des scénarios et des solutions. Nous parlons en continu avec différents partenaires comme des directions d’écoles ou des regroupements de parents. Même quand les classes rependront, nous poursuivrons les ajustements.

Est-ce que les parents vous témoignent leurs craintes quant à ce retour et comment vous les communiquent-ils?

Ce sont principalement des questions que de réelles oppositions. La peur, elle est générée par l’inconnu, chose normale, car nous n’avons jamais vécu cela auparavant. Bien souvent, les réponses ne sont pas dans le bureau du ministre. Elles se trouvent dans le travail d’équipe du personnel de chaque école. C’est pour cette raison que nous avons annoncé le retour à l’école deux à trois semaines d’avance pour que tous aient le temps de se poser les questions et que nous ayons le temps de trouver les réponses.

Comment on rassure les parents qui craignent de renvoyer leur enfant sur les bancs d’école?

La santé publique impose des conditions qui sont sévères et strictes. Cela nous emmène à prendre toutes les précautions pour protéger le personnel et les élèves.

Est-ce que le corps professoral et le personnel de soutien vous témoignent des craintes quant à ce retour?

Il y a des questions sur comment les classes seront aménagées ou sur comment faire pour consolider les apprentissages pour les enfants qui demeureront à la maison. Encore une fois, on est dans le questionnement, questionnement légitime. Souvent, ils vont trouver les réponses eux-mêmes dans les jours qui suivent. Nous, au ministère, nous sommes des facilitateurs. On souhaite donner de la latitude et alléger la situation. Nous devons tous être en mode solutions, autant sur le terrain que dans le bureau du ministre.

Comment pallier l’écart qui pourrait se creuser entre les élèves qui retourneront à l’école et ceux qui demeureront à la maison?

Les initiatives mises en place lors des dernières semaines vont aider. Les trousses pédagogiques, les émissions à Télé-Québec et les différentes plateformes de support contribueront. Également, les familles pourront venir chercher cahiers et manuels et suivre en temps réel de la maison. Le matériel informatique que nous prêterons jouera un rôle accompagnateur bénéfique.

Un enseignant ne voulant pas revenir en classe de peur d’être infecté par les élèves pourra-t-il refuser de se présenter?

Les enseignants n’ont jamais cessé d’être les employés des centres de services, de travailler et de recevoir la rémunération. Certains ont dû lever le pied car ils avaient leurs enfants avec eux à la maison. À partir du 4 mai, ils auront accès aux CPE et services de garde en milieu scolaire donc il n’y a aucune raison pour que les enseignants n’offrent pas leur pleine prestation de travail. Ceux qui ont plus de 60 ans ou qui ont des conditions médicales particulières seront sommés de ne pas se présenter. Pour les autres, il n’y a pas vraiment de raisons de ne pas venir travailler.

Pour les élèves de niveau secondaire qui ne retourneront pas à l’école avant septembre, comment allez-vous récupérer les apprentissages délaissés?

Je ne vous cache pas que ce n’est pas l’idéal d’un point de vue pédagogique. En permettant la pleine prestation de travail des enseignants, la qualité de l’encadrement sera améliorée car les enseignants pourront travailler comme ils le font habituellement. Aussi, l’accès aux manuels et cahiers et outils technologiques sera une des conditions comblant le manque dans le contexte. Mais je le répète, ce n’est pas l’idéal. L’idéal serait que tous accèdent à l’école mais ce ne serait pas raisonnable présentement.

Comment le ministre de l’Éducation attaque-t-il cette situation de crise exceptionnelle?

On se dit quel défi! C’est difficile, bien entendu, car l’éducation est d’une grande importance. C’est une opportunité de pouvoir cocréer, avec les acteurs qui sont dans nos écoles, une nouvelle façon de faire l‘école. On ne vit pas le plan A mais ça demeure une chance d’être celui qui collabore à cette nouvelle façon de faire. Un jour, la pandémie sera derrière et ce que nous avons appris pendant celle-ci, nous ne l’oublierons jamais.