La liste de tâches de préposée aux bénéficiaires s’est allongée

Préposée aux bénéficiaires, une résidante de Chambly, qui travaille dans un CHSLD de la région, a commencé à souffler un peu avec l’arrivée massive d’aide, demandée par le gouvernement du Québec.

« Avant que les demandes d’aide soient envoyées en force, c’était plus stressant. Déjà que nous avons énormément de tâches à accomplir, nous avions beaucoup de misère à prendre même notre pause-dîner », affirme Marie-Ève, qui préfère taire son nom de famille afin de ne pas avoir de représailles de ses employeurs. Le nom de l’établissement où elle travaille sera également tu.

La désinfection et le divertissement se sont ajoutés à sa liste de tâches, qui sont habituellement les soins d’hygiène des résidants, les nourrir et hydrater, veiller à leur sécurité et répondre à leurs besoins. Elle doit aussi porter un masque et des lunettes en tout temps dans la résidence, ce qui n’était pas le cas avant. « Nous avons la chance de n’avoir aucun cas positif à la COVID-19 », dit-elle.

« On commence à sentir la détresse depuis un bout » – Marie-Ève

Détresse

N’empêche que les résidants sont confinés à leur appartement. Ce qui entraîne selon elle une augmentation de la détresse. « On commence à sentir la détresse depuis un bout. Rester confiné dans une minuscule chambre, ça rend fou », s’exclame-t-elle.

Marie-Ève souligne que certains n’ont pas de radio ou de télévision. Il est difficile pour l’établissement d’en fournir pour tous ou de les déplacer d’une chambre à une autre. Les résidants ne peuvent plus sortir de leur chambre ni voir leurs proches.

« Ce n’est pas juste une journée, c’est depuis des semaines, affirme la préposée. C’est infiniment triste. Ils sont comme… des animaux en cage. D’une tristesse sans nom. »

Elle ajoute que certains regardent les murs toute la journée, ce qui peut les rendre agressifs. « Je les comprends. C’est une tâche de plus pour nous ça aussi. Gérer ce genre de crise n’était pas dans notre cours de préposées. Alors on essaie du mieux qu’on peut de les aider », dit-elle.

Pour les personnes qui ont une perte cognitive, il est plus difficile de les contraindre dans leur chambre. « Rapidement, ils ne s’en souviennent plus. On peut donc les ramener dix à vingt fois par jour, parfois plus », raconte la préposée.

Choix de carrière

Marie-Ève a fait le choix de ce métier parce que sa mère était infirmière. Elle connaissait donc le milieu des CHSLD. « J’ai décidé de rester dans ce travail, car il est très valorisant même si on en croit parfois le contraire. Savoir que mes patients sont bien et en sécurité est ma plus grande importance », souligne l’employée d’un CHSLD.

De plus, elle estime que la population ne doit pas généraliser la situation à l’ensemble des établissements de soins de longue durée. « Ce qu’on voit à la télé, ce n’est pas comme ça partout. Nos résidents, ils s’alimentent et on les hydrate bien », conclut-elle.