La dangereuse route du Purell

Un camionneur transportant du Purell s’est fait demander de mettre des bouteilles de côté pour le marché noir.

Il a une route attitrée et traîne fréquemment sa remorque de 53 pieds de Montréal à Toronto. Ce sont des produits de toutes sortes que le camionneur, dont le Journal taira l’identité, transporte. Des produits parfois pris pour acquis qui facilitent le quotidien de tous. Cette fois, c’était deux remorques pleines de bouteilles de Purell qu’il devait livrer à la Safecross First Aid.

« J’étais fier d’annoncer mes cargaisons et de dire aux gens de ne pas s’inquiéter, que le stock s’en venait », énonce le camionneur qui s’affichait positivement sur les réseaux sociaux.

Il n’en fallut pas moins pour qu’il se fasse demander en message privé de mettre de côté des bouteilles à des fins d’usage mal intentionné.

« Il y a une forme de crainte. Avec les histoires de détournement, particulièrement avec les masques, et la demande que j’ai reçue pour le marché noir, j’ai arrêté de parler ouvertement de ce que je transporte », en vient à dire le camionneur qui a répondu négativement à la demande qu’il n’attendait pas.

Certaines compagnies qui font du transport peuvent bénéficier d’une escorte assurant la sécurité de la cargaison. Ce n’est pas le cas de la compagnie du camionneur.

« J’étais fier d’annoncer mes cargaisons et de dire aux gens de ne pas s’inquiéter, que le stock s’en venait. » – Camionneur

« Nous n’avons pas ce genre d’accompagnement. Pour ma compagnie, le transport du Purell, ce n’est pas dans nos habitudes. Étant donné que l’ouvrage a diminué en raison de la fermeture de nombreux commerces, nous avons pris la run, mais ça a été la seule fois », explique-t-il.

Dans l’univers des camionneurs, chez certaines compagnies que le camionneur qualifie de « broche à foin », il arrive que du matériel disparaisse entre le départ du camion et l’arrivée de celui-ci.

Courtoisie sur la route

Le partage courtois de la route entre voitures et camions n’est pas naturel pour tous.

«Présentement, les gens deviennent plus conscients de notre utilité. C’est un phénomène québécois. En Ontario et aux États-Unis, les gens reconnaissent que sans la présence des camions sur les routes, il n’aurait pas accès au matériel dont ils ont besoin. J’espère que les gens retiendront de cette crise que nous sommes là pour embellir et faciliter leur réalité », conclut le camionneur dont les journées de travail peuvent atteindre 16 heures.