Entrevue COVID avec la directrice de la santé publique de la Montérégie
Le nombre de nouveaux cas de personnes infectées à la COVID-19 tend à diminuer au Québec comme en Montérégie. Il ne faut pas pour autant baisser la garde puisqu’une deuxième vague serait à prévoir.
Le Journal de Chambly a interrogé la directrice de la santé publique de la Montérégie, Dre Julie Loslier, afin de dresser le portrait de cette première vague et de la préparation en vue de la possible deuxième. (NDLR: L’entrevue s’est déroulée avant les événements de célébrations générant plusieurs nouveaux cas en Montérégie.)
Quel bilan tracez-vous de cette première vague?
La Montérégie est une région qui a été assez touchée, en nombre de cas au total, avec plus de 8000 personnes infectées et près de 600 décès. Quand on regarde les cas par 100 000 habitants, on est dans les cinq régions les plus touchées au Québec.
C’est beaucoup l’agglomération de Longueuil qui a été touchée, une zone où c’est plus populeux. Avec le déconfinement, d’autres municipalités ont été touchées plus que Longueuil. Mais ça diminue globalement.
Comment expliquez-vous qu’il y ait eu plus de cas dans certaines villes?
Quand on étudie les cas, il est rare qu’un de ceux-ci n’en donne pas un autre. C’est très contagieux. Il y a certains milieux plus vulnérables, où il y a plus de maisons d’hébergement pour aînés, plus d’hôpitaux ou plus de travailleurs de la santé. Il y a plus de chances d’avoir des cas positifs. On a aussi vu des éclosions dans des milieux de travail qui semblent plus à risque. On a eu Cargill, qui transforme des aliments, où il y a eu une éclosion.
J’observe aussi sur le terrain que les règles d’hygiène ne sont pas toujours respectées. Les lieux où les deux mètres ne sont pas possibles, on doit porter un couvre-visage. Il y a encore des gains à faire pour que ce soit respecté.
Justement, il est possible qu’il y ait une seconde vague d’infection. Comment pouvons-nous réduire les risques qu’elle soit importante?
Il y a plusieurs facteurs. D’abord, le respect des mesures en place par la population, soit le port du couvre-visage, la distanciation et les mesures d’hygiène. En milieu de travail, il faut le port des protections individuelles. C’est crucial pour ne pas avoir d’éclosion.
L’autre élément est de tester. On est capables de réduire la propagation si c’est identifié rapidement. On fait du dépistage partout; c’est facile d’y avoir accès. Si la personne a des symptômes ou est identifiée, elle doit s’isoler pendant 14 jours.
Le virus, il est malheureusement impossible de prévoir son comportement. S’il a une mutation, il peut être plus virulent ou moins. On ne le sait pas.
Comment la santé publique se prépare-t-elle à cette deuxième vague?
De plusieurs façons. La première vague nous a apporté beaucoup, entre autres sur le plan du télétravail. On a développé des outils pour être plus efficaces. Notre équipe a été touchée par une éclosion. On a rapidement mis en place des formations sur le Web. On est de mieux en mieux outillés pour mobiliser les personnes. On a renforcé les communications.
On a des équipes mobiles de dépistage (elles sont venues à Richelieu et à Chambly récemment) pour faire du dépistage massif. On suit aussi les données quotidiennement. Ça nous permettra d’intervenir rapidement en cas d’éclosion à un endroit.
Il y a le déconfinement et aussi les gens qui voyagent à travers le Québec. Quel impact cela peut-il avoir sur l’augmentation des cas?
Il faut que les gens suivent les recommandations émises par le gouvernement. Il faut limiter ses déplacements et ses courses. Surtout si l’on vient d’une région chaude, il est préférable de faire ses courses à l’avance. Il faut aussi respecter l’ensemble des mesures d’hygiène. Le risque zéro n’existe pas, mais comme la période de circulation du virus semble moindre, c’est moins inquiétant pour le tourisme. Si quelqu’un d’ici est dépisté en Gaspésie, par exemple, il sera répertorié ici puisque son lieu de résidence est la Montérégie.
Outre la COVID, y a-t-il d’autres maladies ou problématiques auxquelles nous devons faire attention durant l’été?
On a déjà connu deux canicules, ce qui est exceptionnel à ce temps-ci de l’année. Ça peut avoir certains impacts sur les personnes plus vulnérables. Il faut donc faire attention aux coups de chaleur et à la déshydratation.
La maladie de Lyme a continué sa progression constante. L’an passé, il y a plus de cent cas. Pour éviter les risques, il faut bien se protéger avec des vêtements longs ou un produit avec du Deet, s’inspecter et être à l’affût d’une légion rouge qui grossit rapidement. Si l’on a une tique, il faut la retirer de façon adéquate.
Le virus du Nil occidental, transmis par les moustiques, est toujours présent. Il faut éviter de se faire piquer.
Finalement, on a remarqué, avec le déconfinement, une augmentation des infections transmissibles sexuellement et par le sang (ITSS). On déconfine, on est heureux de reprendre sa vie, mais la maladie circule. Il faut utiliser la protection qui est de mise.