Des capsules éducatives sur les vaches
Rendre l’utile à l’agréable, c’est ce que fait Eva Daignault, 9 ans, fille de propriétaires de la Ferme P. et M. Daignault, à Saint-Mathias-sur-Richelieu, avec ses capsules éducatives sur les vaches.
La jeune fille, très à l’aise devant la caméra, présente différentes notions sur ces bovins. Elle a travaillé le contenu avec sa mère, Christine Aubin. Les personnes qui les écoutent peuvent en apprendre plus sur ces ruminants et démystifier certains mythes.
Au départ, le duo mère-fille présentait des vidéos un peu humoristiques. Le but était de divertir les gens avec une touche d’agriculture. « Eva et moi nous nous étions donné comme défi de faire une publication par jour pendant les deux semaines de fermeture des écoles. À ce moment-là, on était loin de se douter que cinq semaines plus tard presque tout serait fermé et que nous serions en confinement », explique Mme Aubin.
Une vidéo qui fait la différence
Le tournant vers les capsules éducatives s’est effectué après que les producteurs laitiers du Québec aient réduit leur quantité de lait produit. « Plusieurs personnes se sont mises à partager des vidéos de lait jeté. Nous ne voulions pas embarquer dans ce genre de publication négative », relate la mère. Celle dont la famille a surmonté un incendie en 2016, qui avait presque tout ravagé, préfère y aller vers le positif.
Dans sa vidéo diffusée sur les réseaux sociaux, Eva présente la situation et demande aux consommateurs de surveiller le logo de vache bleu sur les produits laitiers qu’ils achètent.
Mme Aubin souligne que cette capsule a été vue plus de 112 900 fois et partagée plus de 4 900 fois. Parmi les personnes qui l’ont vue, la directrice de l’école Pointe-Olivier que les enfants Daignault fréquentent. Cette dernière a téléphoné à Eva pour la féliciter, souligne Mme Aubin. « Elle lui a proposé de faire des capsules sur la ferme afin d’instruire les gens. Elle était convaincue que ça pouvait en intéresser plusieurs », poursuit-elle.
Apprentissage
La famille a alors créé une page Facebook pour la ferme, soit Ferme P. et M. Daignault. Mme Aubin,. étant ambassadrice des Producteurs de lait du Québec, présentait la route du lait dans les écoles, avant que celles-ci ne ferment.
« Je prends des sujets de ma conférence et je prends aussi les questions les plus souvent posées par les enfants. Ma belle-sœur est vétérinaire pour les grands animaux. Elle nous aide à trouver des sujets et nous fournit du matériel. On reçoit aussi des questions et des suggestions des personnes qui regardent nos capsules », explique la fermière.
C’est une façon pour elle et son mari, qui sont occupés sept jours sur sept à la ferme, de faire l’école à la maison. « Eva apprend au travers de ces capsules. Ça demande beaucoup de préparation. On doit trouver les sujets, faire des recherches pour dire des faits véridiques et intéressants. On doit ensuite préparer tout ce dont nous avons besoin pour faire la capsule. Nous apprenons et pratiquons notre texte puis nous filmons les capsules. On fait plusieurs prises avant d’avoir la bonne. Finalement, au besoin, on fait du montage. Eva apprend beaucoup d’informations qu’elle ne connaissait pas avant et m’aide dans toutes les étapes. Elle apprend donc différemment que sur les bancs d’école », affirme la maman.
Baisse de production
Puisque les hôtels et les institutions sont fermés, cela a eu des répercussions sur la consommation de certains produits laitiers. « On se retrouve avec un surplus de lait faute de marché », indique Geneviève Rainville, directrice recherche économique pour les Producteurs de lait du Québec.
Il a donc été demandé aux producteurs laitiers de réduire leur production notamment en tarissant des vaches plus rapidement.
Pour la ferme Daignault, ça représente une diminution de revenu de 5 à 10% en conservant les mêmes coûts de production. « Sachant que nous n’avons pas vraiment de marge de manœuvre, nous devrons faire attention à nos dépenses et essayer de les diminuer le plus possible pour les prochains mois. Nous sommes quand même privilégiés d’être dans un secteur où tout continue comparativement à bien d’autres secteurs de notre économie québécoise », indique Mme Aubin.
Elle ajoute qu’ils ont « fait des efforts en tarissant quelques vaches d’avance et en modifiant leur alimentation afin qu’elles produisent un peu moins. Malheureusement, les vaches n’ont pas de valves, on ne peut pas baisser leurs productions en claquant des doigts ».