Chien à louer
Les marches permises pour promener un chien entre les heures du couvre-feu auraient eu un impact sur la demande d’adoption canine.
Depuis samedi, le 9 janvier, les marches de santé ont été proscrites entre 20 h et 5 h, à l’exception des propriétaires de chiens, qui pourront sortir leur fidèle compagnon afin que celui-ci puisse accomplir leur « besogne naturelle », le tout, dans un rayon de 1 km de leur résidence. Il n’en fallait pas moins pour que certains utilisent cette porte de sortie pour ne pas répondre à l’appel du couvre-feu. « La demande d’adoption a augmenté. Avant le couvre-feu en soi, il y avait déjà une forte croissance. La hausse s’est poursuivie à l’annonce du couvre-feu », indique Stéphanie Boulay, gérante au Tropicazoo Richelieu.
Depuis le début de la pandémie, l’animalerie ne dénombre pas davantage d’animaux qu’à sa norme habituelle. Elle note toutefois une hausse allant de 20 à 25 % en ce qui a trait au nombre de propriétaires de chiens parmi sa clientèle.
Adopter pour les mauvaises raisons
Un animal, ce n’est pas comme se procurer une plante ou un meuble. Ça demande une attention quotidienne, un engagement assumé. Que pourrait-il advenir d’un animal acheté sur un coup de tête lorsque la pandémie sera derrière? « Les gens ont du temps libre. Ils vont donc se chercher une activité plus qu’autre chose. C’est pour cette raison qu’on ne tient que très peu de chiens en magasin : pour éviter que les gens achètent un projet plutôt qu’un animal […] si quelqu’un voulait acheter un chien juste parce qu’il veut pouvoir sortir après le couvre-feu je lui répondrais d’aller voir ailleurs qu’ici. J’ai trop à cœur la santé et le bien-être des animaux pour tolérer ce type de comportement », assure la gérante de l’établissement abritant une quinzaine d’animaux, principalement des chats errants, des lapins et des cochons d’Inde.
Matière vivante, l’animal ne se retourne pas à la suite d’un essai de 30 jours et il n’y a pas de politique de remboursement. Un contrat est signé avec l’acheteur. C’est donc un pensez-y-bien avant d’en intégrer un à sa routine.
De son côté, la SPCA Montérégie, située à Sainte-Angèle-de-Monnoir, procède à une étude d’adoption comparable à une forme d’enquête. Cette formule, elle l’a peaufinée pendant le confinement. Désormais, avant même de pouvoir mettre les pieds au refuge, un adoptant potentiel doit répondre à toute une série de questions. À la toute fin du processus, si l’adoptant est toujours motivé, c’est la SPCA qui a le dernier mot et elle se garde un ultime droit de réserve.
Moins d’abandons
Pour adopter ledit animal, il faut avant toute chose qu’il soit disponible. « J’ai parlé avec plusieurs autres SPCA et refuges et nous recevons très peu de chiens. Ici, dans le dernier mois, nous avons reçu un ou deux chiens. En 30 ans d’existence, nous n’avons jamais eu si peu de chiens déposés au refuge. Les gens sont plus présents à leur domicile et ils ont le temps de s’occuper de leur animal », explique Linda Robertson, fondatrice et directrice de la SPCA Montérégie.
« Personne ne sait ce qui se passera après la pandémie. On est loin d’en avoir fini. On verra si les gens ont adopté leur chien pour la bonne raison. Le télétravail est aussi à considérer. La présence quotidienne du chien fait du bien. Si du jour au lendemain, un maître retourne travailler subitement à l’extérieur, il se peut que le chien souffre d’anxiété de séparation. Ce ne serait pas surprenant qu’en revenant, le maître trouve des rideaux mangés chez lui », termine Mme Robertson.