Voyage au cœur de l’Amazonie

Marie-Josée Béliveau, ethnogéographe, et Santiago Bertolino, cinéaste, vont entreprendre du 17 mars au 17 juin un voyage à travers l’Amazonie afin d’accueillir des témoignages de la réalité des peuples autochtones.
Originaire de Chambly, Marie-Josée Béliveau a travaillé en coopération internationale au Pérou et en Bolivie. « II y a vingt ans, j’ai survolé la région de la forêt amazonienne; c’était le coup de foudre », témoigne en entrevue celle qui se définit aussi comme écologiste.
Santiago Bertolino est le fils de Daniel Bertolino, le célèbre réalisateur et caméraman qui a près de 1 000 films dans ses pellicules. Le jeune cinéaste qui se dit engagé veut ainsi suivre les traces de son père.
À la rencontre des gardiens de la forêt
Les deux comparses auront à traverser près de 4 000 km, soit du Brésil au Pérou pour terminer au nord, jusqu’à l’Équateur. Leur projet « remonter à la source : à la rencontre des gardiens de la forêt » se fera largement le long du fleuve Amazone.
Marie-Josée Béliveau était la gagnante de l’édition 2017 de la Bourse Osez l’aventure ! de Frédéric Dion, un aventurier connu pour ne pas avoir froid aux yeux. La bourse de 5 000 $ à laquelle s’est ajoutée une commandite de 2 500 $ en matériel, a constitué pour le duo un bon départ pour organiser un « sociofinancement », dont l’objectif est d’atteindre 12 000 $.
Les deux entendent voir de près ce qui se fait en matière de conservation de l’environnement. « Chacun fait quelque chose pour l’environnement, note l’ethnogéographe. Souvent, on met beaucoup l’accent sur les problèmes, mais il faut aussi voir qu’il y a des gens à travers le monde qui ont des solutions et ils les mettent en place. Ça nous aide nous aussi à dire : je suis capable. »
Marie-Josée Béliveau cite deux exemples qui ont suscité beaucoup de réactions aussi bien en Amérique latine qu’au sein des mouvements environnementalistes. Au Brésil, la construction d’un immense barrage aux abords de la rivière Tapajos risque de mettre en péril la biodiversité et par le fait même bouleverser la vie des habitants. « On aimerait rencontrer des gens dans ces communautés qui se sont mobilisées contre un barrage hydroélectrique, relate la jeune femme. Ils ont gagné leur combat et c’est vraiment inspirant d’aller se nourrir de ces luttes. »
L’autre cas concerne l’Équateur, où en 2016, le pays a autorisé l’exploitation pétrolière dans une zone au cœur de la forêt amazonienne. « Le parc national Yasuni qu’on va traverser est une réserve de la biosphère qui abrite des autochtones. Et il y a une énorme réserve de pétrole. À l’heure actuelle, les communautés essaient de protéger le parc en proposant des projets écotouristiques. »

« Chacun fait quelque chose pour l’environnement. Souvent, on met beaucoup l’accent sur les problèmes, mais il faut aussi voir qu’il y a des gens à travers le monde qui ont des solutions et ils les mettent en place. Ça nous aide nous aussi à dire : je suis capable. » – Marie-Josée Béliveau

Écrire et témoigner
De retour au pays, Marie-Josée Béliveau entend alimenter son site internet avec des récits et des témoignages. « Santiago va tourner des films qui vont nous aider lorsque nous ferons des conférences dans des cégeps et des institutions universitaires. »
Grâce à sa formation d’ethnogéographe, elle prévoit rencontrer le peuple Awa au Brésil, « un des plus menacés de disparition à travers le monde », et découvrir des initiatives respectueuses de l’environnement comme la coopérative d’écotourisme initiée par des femmes.
Marie-Josée se dit consciente que ce périple a son côté « aventurier ». « On est juste deux et c’est vrai que dans des endroits où il y a des coupes forestières contestées et des violences, nous allons faire attention de ne pas montrer la caméra. »
Elle dit avoir déjà établi des contacts avec des gens qu’elle connaît en Équateur. Lui reste à elle et à Santiago de trouver des personnes fiables lorsqu’ils vont traverser des régions sensibles en raison du commerce de la drogue, soit les frontières entre le Brésil, la Colombie et le Pérou.
Mais pour le moment, les deux lancent une campagne de sociofinancement pour boucler leur budget. « Une façon de nous soutenir et de faire partie de notre projet », dira Santiago Bertolino.
Pour soutenir ce projet :
www.indiegogo.com/projects/a-la-rencontre-des-gardiens-de-la-foret-film#/
www.mariejobeliveau.com