Vers une Charte sur le Droit au jeu

 MONTÉRÉGIE. Répondant à l’invitation du Regroupement des centres de la petite enfance de la Montérégie (RCPEM), pas moins de 48 centres de la petite enfance (CPE) dont 44 de la Montérégie ont adopté la Charte sur le Droit au jeu. Ce document vise à mieux faire reconnaître la valeur fondamentale du jeu dans leur vie et pour leur développement.
La Charte sur le droit au jeu, disponible dans une quinzaine de langues et adoptée par des organisations de nombreux pays, s’appuie sur l’article 31 de la Convention relative aux droits de l’enfant des Nations-Unies. C’est pourquoi la prestigieuse International Play Association qui est à l’origine de cette charte a appuyé le RCPEM dans sa démarche d’adaptation en français et encourage vivement les différentes organisations du milieu de la petite enfance à en adopter les principes.
« La Charte sur le Droit au jeu, c’est tout simplement le droit d’un enfant, explique Sylvie Melsbach, membre du RCPEM et de l’International play association (IPA) Canada. En laissant l’enfant jouer, accompagné par un adulte, il joue avec plus d’intensité. Il suffit juste de leur donner du temps et de l’espace pour qu’ils apprennent seul. L’enfant a juste besoin du regard de l’adulte. »
À l’heure où les concepts de réussite éducative, de maturité scolaire, de transition scolaire, de préparation à l’école et d’activités éducatives font partie des réflexions pédagogiques en petite enfance, le RCPEM mentionne qu’il est urgent de ramener l’importance accordée au jeu au cœur des questionnements actuels et des priorités sociétales.
En effet, rappelant que les résultats des recherches probantes doivent absolument être pris en considération dans ce dossier, la directrice du RCPEM, Claudette Pitre-Robin, souligne que « contrairement à ce que les psychologues pensaient par le passé, jouer librement est d’une importance fondamentale pour le développement cognitif et social. Jouer librement est non optionnel pour le jeune enfant, le jeu est son outil principal de développement, sa principale stratégie d’apprentissage naturel ».

« Où on s’est perdu, c’est qu’on s’est mis à faire jouer l’enfant pour apprendre alors que l’enfant apprend en jouant. » – Sylvie Melsbach

La liste des organisations ayant adopté la Charte sur le Droit au jeu est régulièrement mise à jour sur le site internet JouerPlaisirApprendreCPE.ca. Ainsi, cinq semaines après l’évènement de lancement de la Charte, y sont fièrement inscrits : 44 CPE de la Montérégie, 2 CPE des Laurentides, un CPE de Drummondville, un CPE de Montréal, auxquels se sont joints une garderie privée, une garderie privée en milieu familial et un fournisseur d’équipements de jeux.
« Nous organisons des interventions depuis 2009 et il y a eu très peu de résistance à la Charte de la part des parents. Beaucoup de parents nous disent que cette ligne directrice de laisser les enfants jouer devrait leur être rappelée lors des cours prénataux. Où on s’est perdu, c’est qu’on s’est mis à faire jouer l’enfant pour apprendre alors que l’enfant apprend en jouant », de préciser Mme Melsbach.
L’IPA qui cherche à faire reconnaître cette Charte au niveau législatif au Canada, sera présente à un symposium à Toronto du 24 au 28 octobre, pour pousser le gouvernement canadien à imiter l’Écosse. « L’Écosse a légiféré pour ce droit de jouer pour les enfants. C’est ce que nous aimerions ici aussi, espère Mme Melsbach. Avec l’élection de notre nouveau gouvernement, nous ne sommes pas certains que d’amener les enfants de 4 ans à l’école soit une bonne chose. Avant de le faire, il faudrait s’assurer de leur donner un service de qualité. Aujourd’hui, les bâtiments scolaires ne sont pas équipés pour répondre à leurs besoins. Dans beaucoup de pays, c’est le chemin inverse qui a été pris en établissant un encadrement parascolaire parfois de 0 à 8 ans. »