Une vaste clientèle et peu de ressources

La communauté lesbienne, gaie, bisexuelle, transgenre, queer, intersexe et asexuelle (LGBT+) assume de plus en plus sa place dans une société qui ne lui est pas toujours ouverte, mais l’offre ne suffit pas la demande en Montérégie.

L’organisme Jeunes adultes gai-e-s (JAG) a élargi son mandat géographiquement et dessert désormais la Montérégie d’est en ouest.

« En effet, en ce qui a trait aux ressources et aux organismes proprement dits s’adressant à la communauté LGBT+, nous sommes les seuls. C’est pour ça que notre mandat est plus grand; c’est qu’il n’y a que nous en Montérégie », met de l’avant Jessica Grenon, coordonnatrice des interventions du JAG.

Un territoire aussi vaste que la Montérégie pour un organisme unique du genre basé à Saint-Hyacinthe peut relever du défi, voire de l’irréalisme.

« Justement, on essaie de voir ce qu’il est possible de faire. Nous sommes en planification stratégique pour voir comment y répondre et porter notre mission avec ce nouveau mandat. Peut-on offrir le même genre de services? Devrons-nous ouvrir un nouveau point de services? Aurons-nous d’autres intervenants? On se déplace un peu partout, mais ce sont des discussions et des réflexions que nous avons », expose la coordonnatrice de l’organisation dont les ressources se limitent à cinq individus, incluant une stagiaire.

« Des gens homophobes, fermés d’esprit, il y en a, et, malheureusement, je crois qu’il y en aura toujours. C’est ce qui légitimise notre travail. » – Jessica Grenon

Demande croissante

Alors que le terme ‘’homosexualité’’ englobait toute une grande diversité auparavant, la nuance s’est installée et le portrait s’est raffiné avec l’utilisation du LGBT+, définissant plus précisément les besoins et services.

« La demande peut être croissante. Tout dépend de ce dont nous parlons, car nous avons différentes branches. Autres que nos rencontres de groupes, il y a de l’intervention individuelle qui se fait, et avec la pandémie, les gens ont eu le temps de se questionner sur eux-mêmes. Nous avons eu une augmentation notable sur le plan des appels ou des contacts sur le Web. Les gens ont eu besoin de parler de leur réalité, de ventiler, d’échanger avec quelqu’un qui écoute respectueusement », analyse Mme Grenon. En raison de la COVID-19, les rencontres écoles en présentiel ont chuté massivement pour faire place à de la formation via Zoom.

LGBT+ en 2020

L’incitation à l’ouverture et à la tolérance est un message qui résonne de toutes instances. Quel regard porte une société qui se veut moderne et diversifiée sur les LGBT+ en 2020?

« Je constate une plus grande ouverture, surtout quand on se promène dans les écoles pour offrir des ateliers. On voit des jeunes qui s’affirment, qui en parlent et qui font partie de la communauté LGBT+, qui sont acceptés de leurs amis et de la famille. Ça se passe bien de façon générale. Est-ce vrai de dire qu’il n’y a plus de problème? Non. Des gens homophobes, fermés d’esprit, il y en a, et, malheureusement, je crois qu’il y en aura toujours. C’est ce qui légitimise notre travail. On doit être dans l’accueil, le respect, l’ouverture. C’est important de véhiculer le message de ‘’en quoi ça te dérange que ton ami soit gai?’’ », dépeint Jessica Grenon en martelant sur l’importance de conscientiser sur l’incidence que peuvent avoir les mots et les gestes, et que le respect est une notion à peu de frais.

Conséquences d’absence de services

« Si la personne ne s’accepte pas comme elle et qu’elle n’a pas d’aide ni de soutien, ça peut tendre vers des épisodes dépressifs, du stress et de l’anxiété, exacerbés du fait de ne pouvoir vivre son identité auprès des gens qu’elle aime et côtoie. Ça a un gros effet sur la santé mentale. Il est donc important de pouvoir demander de l’aide et d’avoir des ressources à qui parler. L’aide peut venir d’un intervenant, d’un prof, d’un parent qui connaît nos services et qui dirige vers nous », précise celle qui s’exprime pour l’organisme en siégeant aux différentes tables de concertation, principalement jeunesse.

POSA/Sources des Monts

POSA/Sources des Monts a eu l’habitude d’accueillir les ateliers pour LGBT+ du JAD au Pos@café. » C’est vrai qu’il n’y a pas de ressources spécialisées dans la région à part JAD. Normalement, c’est l’organisme qui nous faisait la demande de venir présenter des ateliers chez nous et on n’a pas de nouvelles en ce sens cette année. Mais nous avons tout de même des intervenants sur place, des travailleurs de rue disponibles pour les jeunes en détresse. Nos travailleurs de rue ont tous reçu une formation générale et pourront être réactifs pour des jeunes qui vivent des problèmes liés à leur identité ou à leur orientation sexuelle. Ils ont reçu la formation trans.diversité sur édulib.org de l’Université de Montréal. Nos intervenants sont des ‘’généralistes’’. Il faut savoir que nous travaillons sur notre nouveau site Internet et qu’il y aura une section pour les partenaires et les organismes offrant des ressources spécialisées », rapporte Sandra Bolduc, directrice générale de l’organisme.

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