Maisons intergénérationnelles : une taxe qui ne passe pas

Plusieurs propriétaires de maisons intergénérationnelles à Chambly ne comprennent pas la double taxation concernant des services municipaux. Ils demandent à la Ville de changer le règlement.

Martin Boudreau ne digère pas le relevé de taxes reçu récemment, dont le premier paiement était effectif au 1er mars. « C’est un mélange de déception et de colère. Avec ma mère, on avait réfléchi avant d’emménager dans une maison intergénérationnelle en 2018. On avait pensé à Saint-Basile-le-Grand et à Saint-Bruno-de-Montarville. Finalement, nous avons jeté notre dévolu sur Chambly, car nous avons été séduits par la vision futuriste de la ville concernant la prise de soin des uns des autres. »

« On produit la même chose qu’une petite famille en termes de déchets. » – Martin Boudreau

Récemment, le Chamblyen a reçu un compte de taxe faisant état d’une double charge concernant l’eau, le ramassage d’ordures et le recyclage. « Je suis taxé deux fois 468 $! Déjà, une maison intergénérationnelle voit sa taxe foncière augmenter de 15 à 20 % de plus qu’une unifamiliale et c’est normal. Mais là, je vis avec ma mère, mon fils ainsi que mon autre fils une semaine sur deux. On produit la même chose qu’une petite famille en termes de déchets. De plus, si les services augmentent l’année prochaine, on subira une évolution double et cela créera certainement un précédent. Il faut rectifier cela. »

Solidarité

Même son de cloche pour Michelle Méthot, qui habite avec sa mère, son mari et son fils. « Ce n’est pas forcément le montant qui me dérange, mais le principe. Nous avons décidé de vivre dans une maison intergénérationnelle par sens de la famille. Les personnes âgées manquent de ressources et d’aide. On s’entend que nous ne faisons pas un surplus d’argent grâce à sa venue. D’ailleurs, il n’y a pas de bail! Elle vit avec nous et elle possède son lieu à elle. On trouve cela aussi intéressant que ma mère puisse partager son repas avec son petit-fils tous les soirs. »

Michelle Méthot pointe du doigt le règlement municipal 2023-1431-22A qui remplace 2012-1245. Ce dernier spécifiait que le propriétaire d’un logement intergénérationnel bénéficiait d’une exemption de tarification pour la collecte des matières résiduelles et l’approvisionnement en eau potable. La Ville de Chambly avait envoyé un courrier à cet effet en février en appelant les domiciles visés « des unités habitations accessoires ».

« On sait que nous devons être à l’affût des informations, mais on ne pensait pas que cela concernait les maisons intergénérationnelles. On est surtaxés pour le même service, se plaint la Chamblyenne. De plus, devons-nous installer un autre numéro civique pour ma mère, comme l’exige la loi? Nous utilisons les mêmes arrivées d’eau et les mêmes poubelles. Ce n’est pas une vision d’équité que je constate. Je ne comprends pas pourquoi la Ville de Chambly ne fait pas preuve de plus de souplesse à l’endroit des maisons intergénérationnelles. »

Des solutions

Ce nouvel état de fait passe mal aussi pour Marc Boudreau, qui réclame la particularité de la maison intergénérationnelle par rapport à l’unité habitation accessoire. « Juste la terminologie rend l’endroit plus froid et moins dans l’optique familiale d’entraide. J’ai désormais le droit sous-entendu de louer au noir, j’imagine, à un complet étranger, un espace d’habitation, à l’intérieur même de mon intimité, tel qu’il est aménagé en ce moment. »

Interrogée, la Ville de Chambly assure que les élus se réuniront prochainement pour en discuter. Une fenêtre ouverte à un retour en arrière? Marc Boudreau avance que des solutions existent. « À Carignan, on a droit à un crédit d’impôt si c’est un membre de la famille avec preuve d’adresse. Des solutions existent pour vrai, mais c’est probablement plus simple de tout ramasser à la pelle pour en avoir un maximum possible. »