Une saison marquée par les écarts de température

Durant une même journée, cet hiver, les employés des travaux publics de Chambly ont soufflé la neige, déglacé des puisards et rempli des nids-de-poule. De l’aveu du directeur, cette année en est « une bonne » en raison des changements radicaux de la température.
« Je ne me souviens pas d’avoir eu des écarts de vingt degrés plusieurs fois dans une même semaine. Normalement, ça arrive deux ou trois fois dans un hiver », soutient Michel Potvin, qui travaille pour la Ville de Chambly depuis 2002 et qui agit à titre de directeur des Travaux publics depuis 2012.
Il ajoute que cela implique que ses gars doivent ramasser de la slush, sortir pour déglacer et ensuite revenir dans cette même gadoue dans un laps de temps de 24 à 48 heures.
M. Potvin affirme préférer une bonne chute de neige au verglas. « Le verglas, c’est ce qui nous fait le plus peur, dit-il. Une bordée de neige a un début, une fin et une progression. On pousse la neige et on s’assure que les pneus des voitures ont une traction au sol. Le verglas, c’est instantané. Toutes les rues deviennent une patinoire. » Il ajoute que cette année, le « défi revient souvent ».
L’autre particularité de l’hiver actuel, c’est que la neige est tombée par épisodes rapprochés. « Il est arrivé qu’on n’ait pas fini de ramasser une bordée que l’autre tombait », indique-t-il. Les cols bleus ont aussi eu à dégager plus souvent les puisards que lors des années passées.
De plus, avec les redoux, les employés doivent aussi réparer des nids-de-poule de plus en plus tôt. « Il faut les traiter, sinon ça se détériore rapidement », souligne M. Potvin. Deux employés y sont consacrés. Cependant, ils ne peuvent pas tous les faire, particulièrement cette année, puisque de la glace se trouve parfois au fond du trou. Il est donc impossible de mettre du bitume à l’intérieur.

« Le verglas, c’est ce qui nous fait le plus peur. C’est instantané. Toutes les rues deviennent une patinoire. » – Michel Potvin

Nouvelle machinerie pour déglacer

En 2018, la Ville a notamment investi pour l’achat d’un croque-glace. Il s’agit d’un rouleau composé de plusieurs piques. Cette machinerie permet de casser la glace sur les trottoirs et ainsi d’utiliser moins d’abrasif et de sel. M. Potvin affirme ne pas regretter cet achat.
« Je préfère enlever la glace plutôt que de la faire fondre avec du sel. Ça coûte un peu plus cher en machinerie et en main-d’œuvre, mais sur le long terme, c’est gagnant », soutient le directeur.
Il précise que c’est mieux, surtout sur le plan environnemental, puisque le sel épandu dans les rues finit par se retrouver dans le bassin. « On essaie d’en minimiser l’utilisation », dit-il. Cette année, la Ville a déjà acheté 750 tonnes de sel et d’abrasif. Elle en utilise en moyenne 1500 tonnes dans une année.
De plus, des conditions particulières sont nécessaires pour que le sel soit efficace en petite quantité. « Pour être efficace, le sel a besoin d’humidité, de chaleur et d’être déplacé », explique M. Potvin. Un grain de sel qui n’est pas déplacé, par exemple par le passage de voitures, crée seulement un petit trou dans la glace.
Depuis novembre, les cols bleus utilisent également une niveleuse pour enlever la glace des rues résidentielles. Le secteur des travaux publics utilise certaines machineries qui lui appartiennent et en loue d’autres.

Un casse-tête

Afin de bien coordonner les opérations de déneigement, le directeur des travaux publics suit la météo de près. Il doit décider à quel moment faire sortir ses hommes pour qu’ils procèdent au déneigement ou aux autres tâches.
Chaque tempête est gérée individuellement. « S’il tombe cinq centimètres de neige mais qu’on annonce chaud, on ne sortira pas. Mais s’il en tombe quatre et qu’il fait froid, là, on sort pour que ça ne gèle pas », mentionne M. Potvin. Par exemple, un dimanche, il neigeait alors qu’on annonçait du verglas pour le lendemain. Le directeur n’a donc pas fait déneiger les rues.
M. Potvin doit aussi s’assurer de respecter les normes du travail émises par la loi du camionnage, qui limite le nombre d’heures de chacun. Les chauffeurs ont une limite établie par jour, tous les trois jours et par semaine. « J’ai déjà dû arrêter des chauffeurs parce qu’ils avaient atteint le maximum d’heures », indique-t-il.
Par exemple, lors d’une tempête, deux employés peuvent sortir en premier pour déneiger les grandes artères. Les autres commenceront plus tard pour faire leurs heures en continu. De plus, une fois la tempête terminée, ça prend un certain temps pour tout nettoyer. Les employés travaillent en équipe pour nettoyer l’ensemble des rues.
Le directeur des travaux publics peut voir en temps réel où sont rendus ses employés grâce à une application sur son ordinateur. Elle lui permet aussi de voir où ils se sont affairés dans les dernières heures, ainsi que la vitesse à laquelle ils circulaient.

Être un bon citoyen

M. Potvin a donné quelques conseils que les citoyens pourraient adopter pour aider au travail de ses employés.
Il suggère notamment de ne pas laisser la neige de chaque côté de l’entrée lorsqu’ils déneigent. Autrement, ça crée un barrage de chaque côté qui favorise l’accumulation d’eau devant l’entrée.
Il propose aussi d’enlever la neige du puisard, s’il se trouve près de leur entrée.
De plus, bien qu’il y ait une tolérance à l’endroit du stationnement dans les rues la nuit, lors d’opération de déneigement, il est primordial d’enlever les voitures des rues. « Si des voitures sont stationnées de chaque côté, la charrue ne peut pas passer », affirme M. Potvin. Il termine en disant que « les jours de tempête, laissez les bacs dans votre cour. »

Le déneigement à Chambly en chiffres :

125 km de rues, multipliés par deux voies
60 km de trottoirs et de pistes cyclables
19 employés, davantage des temporaires
5 tracteurs de déneigement des trottoirs
9 déneigeuses pour les rues
2 excavatrices pour les endroits plus restreints
1000 tonnes de sel pour une année et 500 tonnes d’abrasif
Le déneigement est entièrement fait par des employés de la Ville.