Une saison catastrophique pour les producteurs de grains

L’année 2019 des producteurs de grains de soya et de maïs a été marquée par plusieurs catastrophes météorologiques compliquant leur travail. Ils ont dû semer plus tard et la neige, hâtive, les empêche de faire les récoltes.

« Le printemps a été tardif; on a dû semer plus tard. En juillet et août, il a manqué d’eau. Sans eau, les maïs n’ont pas pu profiter. Ensuite, il est tombé une quantité record de pluie, puis des vents records qui ont cassé certains plants, et là, la neige qui est tombée plus tôt », énumère Sylvain Pion, président des Producteurs de grains de Montérégie Sud-Est. Pour couronner le tout, des opérateurs de train du CN font la grève, ce qui les prive de carburant pour faire fonctionner leur machinerie.

M. Pion ajoute qu’habituellement, les agriculteurs vivent une ou deux de ces situations et réussissent à s’adapter. Chez les producteurs de grains du Québec, on estime qu’environ 74 % des superficies de maïs sont encore dans les champs et attendent d’être récoltées. Certains producteurs de soya n’ont pas complété leur récolte. Selon M. Pion, la Montérégie est l’un des endroits les plus touchés.

De son côté, André Viens, un agriculteur de Marieville, mentionne « être chanceux » puisqu’il a réussi à récolter toutes ses terres de soya. La neige a commencé à tomber le lendemain de la fin de sa récolte. « Il y en a beaucoup pour qui le soya est encore dans les champs. Le rendement n’est pas là », dit-il.

Perte financière

Du côté du maïs, il évalue ne pas avoir récolté plus de 40 % de ses champs. « Je souhaite pouvoir les récolter. Sinon, ce sera une grosse perte financière », relate-t-il. L’agriculteur ajoute toutefois que « même s’il récolte ce qui lui reste, il aura une perte financière cette saison ».

Il précise que le coût de leur produit est établi en fonction de la bourse. Même si le produire cette année coûte plus cher, les producteurs de grains ne peuvent obtenir plus que ce qu’offre le marché. Il ajoute qu’une assurance financière existe, mais qu’« elle a de la misère à suivre ».

« Pour une jeune entreprise, je crois qu’elle aura beaucoup de difficulté à passer au travers », souligne-t-il.

M. Viens, qui compte plusieurs années d’expérience comme agriculteur, soutient avoir vécu de moins belles saisons, mais ne se souvient pas d’avoir eu une bordée de neige hâtive qui ne partait pas.

« Pour une jeune entreprise, je crois qu’elle aura beaucoup de difficulté à passer au travers. » – André Viens

Le président des PG de la Montérégie abonde dans le même sens. Il estime qu’il y aura assurément une baisse de rendement mais ne peut la chiffrer pour le moment. « C’est sûr que ça aura un impact, mais à quel niveau? Théoriquement, il devrait y avoir un impact sur le prix des œufs, du lait et du jambon, puisque la majorité des grains récoltés servent à alimenter les animaux », indique-t-il.

M. Pion ajoute : « j’espère, comme président, qu’il n‘arrivera pas d’accident. Les producteurs prennent ça à cœur. Ça représente tout le revenu de leur année. Il faut qu’ils soient vigilants, qu’ils prennent des heures de repos pour ne pas avoir d’accident », affirme-t-il.

Selon lui, il n’est pas idéal pour les agriculteurs de récolter avec la neige puisqu’elle se transforme en gadoue dans la machinerie. « Il faut attendre que la neige fonde et que ce soit sec ou que le sol gèle », mentionne le président.

Grève

De son côté, M. Viens espère que lorsqu’il sera possible d’entrer sur les champs pour récolter, la grève des employés du CN sera finie pour qu’ils puissent être approvisionnés en propane. Cette matière est nécessaire pour faire fonctionner les machines de séchage. Particulièrement cette année, les agriculteurs doivent faire sécher leurs grains puisqu’ils sont plus humides qu’à l’habitude.

« Quand la neige sera finie et qu’on pourra recommencer à battre mais qu’on ne pourra pas parce qu’on n’aura pas le carburant, c’est là que sera le problème », soutient-il.

Qualité

De plus, la qualité n’est pas au rendez-vous cette année. Une autre incertitude pour les producteurs de grains.

« Est-ce que les acheteurs seront intéressés ou non à acheter notre produit dont la qualité est moindre? », se questionne M. Viens.

M. Pion, de son côté, croit que le Québec manquera de matière cette année et qu’il devra en importer.