Violence envers les femmes: une réalité toujours présente

La violence faite à l’endroit des femmes ne date pas d’hier et elle est toujours présente dans la société en 2019. Même très présente, se désole la directrice de la maison d’hébergement Simonne-Monet-Chartrand (MSMC).

À l’aube du triste anniversaire de la tragédie de la Polytechnique, le 6 décembre, une campagne de sensibilisation a été lancée, les 12 jours d’action contre les violences envers les femmes. « Comment ça se fait qu’on en parle encore et qu’on commémore les 30 ans de la Polytechnique? On ne veut pas que les gens oublient. Une femme victime de violence ou assassinée, c’est une tragédie, c’est une femme de trop », soutient Hélène Langevin, directrice de la MSMC.

Au cours de la dernière année, son centre d’hébergement a dû refuser l’accueil à près de 200 femmes. Son taux d’occupation dépasse régulièrement les 100 %. « Lorsqu’on les refuse, elles se retrouvent en danger », affirme la directrice. La MSMC œuvre depuis 35 ans auprès de femmes ayant besoin d’hébergement, et ce, 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Elle note qu’il existe au Canada 550 maisons d’hébergement dont une centaine sont au Québec. Mme Langevin revient d’un rassemblement de maisons d’hébergement en Asie. « Je me suis rendu compte qu’une femme, peu importe où elle vit sur la planète, peut être victime d’agression », dit-elle.

« Une femme victime de violence ou assassinée, c’est une tragédie, c’est une femme de trop. » – Hélène Langevin

Les femmes sont encore plus nombreuses que les hommes à vivre de la violence. « Historiquement, on est une société de patriarcat. Il n’est pas loin le temps où les femmes n’avaient pas le droit de vote. Ça se répercutait dans les ménages au quotidien, dans la façon de soumettre la femme. Pourquoi faut-il encore en parler? Parce que ça se fait encore. Il y a encore des hommes qui se permettent d’avoir du pouvoir sur les femmes », déplore-t-elle.

La campagne des 12 jours d’action permet d’interpeller le gouvernement sur cette réalité et au sujet du sous-financement des maisons d’hébergement de femmes. « L’enjeu est de plus en plus complexe et l’argent n’est pas adapté à notre réalité », soulève la directrice.

Solitude

« La violence n’a pas d’âge, de revenu, de couleur ni de territoire. Une femme qui demande de l’aide est démunie à tous les points de vue. Peu importe ses conditions, elle vit une grande solitude. On essaie de briser cet isolement et d’apprendre aux femmes à s’affirmer », indique Mme Langevin.

Pour certaines, ce pattern se passe de génération en génération. « On en voit encore », dit-elle.

Selon elle, pour que ce fléau cesse, le premier geste à poser est que chaque personne s’occupe de sa propre violence et ne la déverse pas sur les autres. Il faut consulter et obtenir du soutien. « Quand on n’a plus de violence, on offre autre chose. On offre de l’humanité et de l’empathie », croit-elle.

Ensuite, il faut s’inspirer l’un l’autre et dénoncer quand on constate des comportements violents.

12 jours d’action contre les violences envers les femmes

Les actions commencent le 25 novembre, soit la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, décrétée par l’ONU en 1999. Elles se terminent le 6 décembre, jour où 14 femmes ont perdu la vie à l’école Polytechnique.

Cette année, la Ville de Chambly ainsi que 12 entreprises ont emboîté le pas à la Maison Simonne-Monet-Chartrand et au Centre Ainsi-soit-elle.