Une pénurie de sapins qui pourrait empirer

Robert Perron, propriétaire du Centre du Jardin L’Orchidée à Chambly, vend des sapins depuis 15 ans. Sa capacité à se fournir en sapins est à risque et pourrait même devenir critique selon une tendance qui plane.

Le 12 décembre 2018, Robert Perron fermait son kiosque à arbres de Noël après avoir écoulé sa flotte de 305 sapins. Pratiquement à pareille date cette année, le 14 décembre, il est en rupture de produits malgré les 80 arbres supplémentaires qu’il a commandés, soit 385 sapins en tout de types Fraser et baumier. Il n’est plus en mesure de se renflouer auprès de fournisseurs.

« Les gens viennent ou m’appellent et je dois leur dire que je n’ai plus de sapins. Je commence à recevoir mes sapins à la mi-novembre. Auparavant, je pouvais me rendre jusqu’aux 23-24 décembre, là, je suis à sec bien avant Noël », dépeint M. Perron.

Une tendance lourde

Robert Perron se fournit chez Les Plantations Benoît Labbé Inc. dans les Cantons-de-l’Est. Considéré comme étant un moyen fournisseur, Benoît Labbé se fait approcher par de plus grosses entreprises.

« Avec cette façon de faire, nous manquerons de plus en plus de sapins pour les gens ici. » – Robert Perron

« De grosses compagnies comparables à BL Christmas Trees, Arbres Joyeux Inc., Plantations Nicholas, etc. nous proposent de venir couper et d’acheter l’entièreté de nos sapins. Comme moi, par exemple, ça pourrait être environ de 300 000 à 400 000 sapins sur 7 ou 8 ans, à environ 15 $ l’arbre. Ceux-ci exportent ensuite aux États-Unis ou à Dubaï ou ailleurs dans le monde. Aux États-Unis, à 30 ou 35 % de taux de change tout en chargeant du transport, ça devient un marché très lucratif », explique Benoît Labbé.

Moins d’arbres pour le Québec

Robert Perron est inquiet quant à l’avenir de son marché.

« Avec cette façon de faire, nous manquerons de plus en plus de sapins pour les gens ici. Si les gros monopoles qui exportent mettent la main sur les arbres, ils peuvent en faire ce qu’il veulent. Je n’aurai pas le choix de payer plus cher et, par la force des choses, revendre plus cher. »

« À titre d’exemple, si je vendais toute ma production à une grosse compagnie, ce serait une vingtaine de vendeurs dans les environs de Montréal que je ne pourrais plus fournir, tel que le Centre du Jardin L’Orchidée à Chambly. Actuellement, plusieurs de mes clients ont fermé leur stand alors qu’à New York, les stands seront garnis jusqu’à Noël », confie M. Labbé.