Une page qui se tourne au centre d’hébergement pour femmes de Chambly

L’entente de départ de l’ancienne directrice générale (DG), Hélène Langevin, de la Maison Simonne-Monet-Chartrand (MSMC) marque la fin d’une histoire houleuse pour plus d’une dizaine d’anciennes employées. 

C’est une nouvelle ère qui s’amorce sous France Racicot. Elle est officiellement DG, depuis décembre dernier, du centre d’hébergement pour femmes qui tentent de fuir la violence conjugale dont elles sont victimes.

Un passé à réparer

Le Journal de Chambly a recueilli une dizaine de témoignages d’anciennes employées qui en ont lourd sur le cœur à la suite de leur passage à la MSMC. C’est le cas notamment de Caroline Paprosky, qui fait partie de celles ayant dénoncé au Centre intégré de santé et de services sociaux de la Montérégie-Centre (CISSSMC) et/ou au conseil d’administration (CA) de la MSMC le « harcèlement psychologique » qu’elles disent avoir vécu de la part de l’ancienne DG.

Le Commissariat aux plaintes et à la qualité des services du CISSSMC avait relevé que la nature de son mandat ne lui permettait pas de traiter la plainte. « Soyez sûrs que le CA met tout en œuvre pour rectifier », avait répondu au journal en début d’année Marie Michèle Nahas, présidente du CA de la MSMC, qui s’est avouée ébranlée par ces dénonciations.

« Ce que l’on pouvait faire avec le CA, c’est de tenter d’améliorer les conditions. C’est ce que l’on a fait. C’est une nouvelle direction : ce sont de nouvelles valeurs », établit France Racicot, rencontrée dernièrement dans un café à Chambly. « L’idée, c’est de reprendre et d’aller en améliorant. Ce qui est passé est passé. On ne peut pas revenir en arrière, mais, oui, on répare des choses de bonne foi, avec bienveillance », ajoute à ses côtés Marie Michèle Nahas. 

Roulement de personnel

En 2016, après avoir vu l’organisme connaître « certaines difficultés » préoccupant le milieu communautaire et le CISSSMC, un consultant de Services Conseils PNC avait publié un rapport. Parmi les problèmes notés, le climat de travail difficile à l’interne et le départ de plusieurs employées sont ressortis. Ces symptômes d’un « profond malaise » avaient incité le CISSS à demander un diagnostic organisationnel.

» Ce qui est passé est passé. On ne peut pas revenir en arrière. »  – Marie Michèle Nahas

Malgré des recommandations tirées du rapport, le roulement de personnel s’est poursuivi au fil des années. « On ne peut pas le cacher. On s’est questionnés. Chaque histoire et chaque cas sont uniques », indique la présidente du CA. « La gestion des employés d’un organisme communautaire, incluant sa direction générale, relève de sa seule gouvernance », avance de son côté le CISSSMC au sujet du personnel de la MSMC.  

La mission avant tout

Mesdames Racicot et Nahas rappellent que le lieu est habité de « beaucoup de belles histoires ». Elles soutiennent à l’unisson leur volonté de focaliser et de mettre leur énergie sur la mission de l’organisme : accompagner les femmes et les mères victimes de violence conjugale. « Je ne pense pas que la clientèle ait nécessairement souffert de quoi que ce soit. Le personnel en place, présentement et dans le temps, est professionnel », affirme Mme Racicot. Marie Michèle Nahas assure vouloir avant tout « minimiser les impacts » sur les femmes qui transitent au centre d’hébergement afin d’y trouver leur salut.

Une réputation à refaire?

« Je pense que la réputation, les gens l’associent à une seule personne. La MSMC a gardé une certaine réputation et est dans le cœur des Chamblyens et des partenaires », avance la DG en poste. Cette nouvelle garde tend vers des perspectives de collaborations renouvelées. « On a recommencé à faire des partenariats avec d’autres organismes. On a une belle réception pour s’associer aux différentes tables et être partie prenante de solutions », déclare France Racicot.

La Ville de Chambly a contribué financièrement aux activités de la MSMC. Les dénonciations collectives d’anciennes employées contre l’ancienne DG ont été envoyées à plusieurs instances, dont à la mairie. Alexandra Labbé, mairesse de Chambly, n’a pas de commentaires à propos des allégations. « Nous n’avons aucune inquiétude par rapport à l’utilisation des sommes en lien avec les ententes prises avec la MSMC, toutes les redditions de comptes nécessaires sont prévues dans les ententes. Le partenariat avec cet organisme est harmonieux, professionnel et dûment documenté et il l’a toujours été », mentionne-t-elle.

Le CISSSMC déclare qu’il n’y a pas d’enjeu dans la relation partenariale avec la MSMC. « L’organisme collabore très bien à ses obligations en termes de redditions de comptes envers nous, mais également à titre de partenaire de la communauté », fait-il entendre. Rappelons qu’en juillet 2023, Hélène Langevin avait déposé une plainte de harcèlement psychologique à la Commission de la fonction publique, à l’encontre du CISSSMC. La Commission avait jugé ne pas avoir la compétence pour entendre ce recours.

Hélène Langevin n’a pas répondu aux demandes d’entrevue lancées par le journal.