Une habitude à prendre

Depuis le 31 juillet, les bus de la Vallée-du-Richelieu sillonnent un nouveau parcours pour rejoindre Montréal en passant par le terminus de Brossard et son REM. Un système gagnant pour tous? Nous avons demandé aux usagers.

Le stationnement incitatif de Chambly offre quelques places libres pour les véhicules en cette période de vacances de la construction. Néanmoins, les bus d’exo se présentent régulièrement pour conduire les quelques passagers vers la destination la plus fréquentée en ce moment, la station de Brossard, pour y prendre le REM. C’est justement là que Malika, touriste algérienne de passage à Chambly avec ses enfants, souhaite se rendre afin de rejoindre Montréal. « Je viens à Chambly tous les deux ans. Ce système semble moins pratique que le bus qui traversait directement le pont Champlain. Là, nous avons un transfert à réaliser. »

Même son de cloche pour Thierry, étudiant chamblyen qui traverse le Saint-Laurent régulièrement. « Ce transport direct Chambly – Montréal était vraiment parfait. Maintenant, on nous oblige à passer par Brossard alors que ce n’est pas un point d’intérêt pour beaucoup de personnes. Mais je vais attendre deux mois avant de donner mon avis. » Bien qu’il se rende souvent à Montréal, le jeune homme n’a pas encore pris le REM. « Je passe par Longueuil pour rejoindre Berri-UQAM. Pour le moment, je perds trente minutes de trajet par rapport à l’ancien système. »

Des bus davantage présents

Denis, de son coté, part de Chambly pour rejoindre l’île de Montréal tous les jours pour travailler. Mobile, il n’a pas de point de travail fixe. Les multiples pannes du REM depuis sa mise en service ne l’inquiètent pas particulièrement. « Je ne l’ai pas encore vécu, mais il est certain qu’en cas de problème de longue durée sur la ligne, ma journée de travail est perdue. Pour l’instant, cela se passe bien. » Pour cet habitué des transports en commun, le nouveau système n’est pas forcément gagnant, ni perdant d’ailleurs. « C’est encore un peu tôt pour juger, car cela a vient de commencer. Il est vrai que je perds du temps car il y a un transfert, mais j’en gagne aussi car le service de bus est plus régulier hors des heures de pointe. Auparavant, je devais attendre jusqu’à 50 minutes à la gare centrale pour rentrer chez moi, alors que maintenant le délai est nettement raccourci à quelques minutes. » Le professionnel attend impatiemment le déploiement du reste de la ligne sur l’ensemble de l’île de Montréal. « Je dois prendre la ligne bleue ou orange du métro montréalais pour me rendre dans certains quartiers. Avec le REM, le gain de temps sera considérable. Pour ces raisons, je ne regrette pas le bus direct en ajoutant le fait que le REM est bien plus confortable avec notamment l’air climatisé. »

» Il est vrai que je perds du temps car il y a un transfert, mais j’en gagne aussi car le service de bus est plus régulier hors des heures de pointe. » – Denis

De hautes attentes

Enfin, Laura est plutôt partagée. La jeune femme se rend régulièrement à Montréal. « Pour moi, le REM ne change pas grand-chose dans mon quotidien, mais certains de mes amis ont perdu du temps. Néanmoins, je trouve que le service s’est amélioré. Il faudra certainement un temps d’adaptation, mais nous avons de grandes attentes vis-à-vis du REM. »

Le REM s’est attiré de virulentes critiques en raison de plusieurs pannes après seulement quelques minutes de service. Le moment critique est survenu le lundi 31 juillet, trois heures à peine après sa mise en route officielle. Une panne a bloqué la circulation entièrement pendant 1 h 15, provoquant la gronde des usagers, qui réclamaient un plan B rapidement. « Durant les trente premières minutes, le service était encore assuré entre le terminus de Brossard et la Station Panama, précisait un porte-parole du REM. Ensuite, les bus de nos réseaux partenaires ont pris le relais comme il est convenu dans ce genre de situation. »

Premier bilan en septembre

L’achalandage est particulièrement faible actuellement en attendant la rentrée scolaire. Le bon moment, pour les premiers usagers, de se familiariser avec de nouvelles habitudes à prendre. C’est le cas de Josée, qui découvre la station. « Je regrette le bus, car je payais 105 $ par mois et aujourd’hui, c’est rendu 119 $. Je me rendais à l’arrêt Chevrier de Saint-Hubert en voiture et un bus m’amenait en 15 minutes au centre-ville de Montréal. C’était vraiment pratique. »

Interrogé à la descente du bus face à la Station Brossard, un Chamblyen pointe le nouveau système en ce premier jour de mise en service. « Mon voyage s’est très bien déroulé jusqu’à présent sauf qu’apparemment, le bus que j’attendais ne s’est pas présenté. J’ai dû attendre le suivant. »

Reste à savoir désormais quelles seront les conséquences sur le trafic de ce nouveau système de transport public. Les rues aux alentours du Quartier Dix-30, notamment à Carignan, sauront-elles digérer les centaines de voitures qui désireront se rendre au stationnement incitatif de Brossard?

Les gens garderont-ils confiance à l’endroit du REM malgré les multiples pannes depuis sa mise en service? Premier élément de réponse en septembre.