Une experte met en doute l’urgence de démolir la maison Boileau

Danielle Pilette, professeure à l’Université du Québec à Montréal dont le domaine d’expertise est la gestion municipale, met en doute l’urgence de démolir la Maison Boileau ainsi que les procédures employées dans ce dossier.
« Il y a quelque chose qui ne va pas quelque part. L’urgence pour la sécurité n’arrive pas d’un jour à l’autre », soutient-elle.
Elle cite le règlement sur la démolition d’immeubles de la Ville daté d’avril 2017. On y indique notamment que la maison de la rue Martel a une intégrité architecturale et un intérêt patrimonial qualifiés de supérieurs. « Soit, en 2017, on a surclassé la maison, soit, en 2018, on a surqualifié l’urgence. Il n’y a pas eu de sinistre pour justifier l’urgence, il s’agit d’une détérioration progressive », affirme Mme Pilette.
Elle ajoute que l’urgence ne signifie pas toujours de démolir, mais aussi d’effectuer des travaux. Elle estime qu’une contrexpertise aurait dû être réalisée dans ce dossier, notamment par un ingénieur en structure. Les rapports déposés sur le site de la Ville ont été faits par des architectes.
Dans ce même document, la Ville établit les dispositions pour effectuer la démolition d’un bâtiment dans la municipalité. Selon le règlement, un avis doit être publié dans un journal circulant dans la municipalité et un autre sur l’immeuble qui soit facilement visible pour les passants.
De plus, un article stipule « qu’avant de se prononcer sur une demande de certificat d’autorisation pour la démolition, le comité demande un avis au comité consultatif d’urbanisme de la Ville. »
« C’est embêtant d’avoir un règlement pour les propriétaires privés et que la municipalité s’en dispense », souligne l’experte en gestion municipale. Elle croit que puisque la maison Boileau est payée par les contribuables, la Ville aurait dû appliquer son règlement.
Elle affirme qu’il y a eu « un manque de suivi assez grave dans ce dossier ». La Commission municipale demandée par la ministre des Affaires municipales pourra se pencher sur ce dossier. Mme Pilette ajoute que le ministère de la Culture pourrait aussi poser des questions sur le processus qui a mené à la démolition du bâtiment.

Résolution d’acquisition

En juillet 2016, lors de l’achat du terrain par la Ville, la résolution indiquait que « la Ville de Chambly souhaite préserver ce bâtiment et le mettre en valeur pour des fins publiques ». Dans cette même résolution, on ne réfère à aucun document ou ne mentionne pas que le bâtiment pourrait être remplacé. Selon Mme Pilette, il aurait fallu que ce soit indiqué dans un attendu.
À lire aussi:

La Ville allègue une question de sécurité pour la démolition de la maison Boileau