Une école de Marieville lève le voile de l‘autisme

Dans le cadre du mois de l’autisme, l’école Monseigneur Euclide Thébèrge, à Marieville, organise une journée de sensibilisation pour l’ensemble des élèves de l’école.
Le 4 avril, six classes d’élèves qui ont reçu un diagnostic de trouble du spectre de l’autisme (TSA) à l’école Monseigneur Euclide-Thébèrge, à Marieville, seront à l’honneur.
« À l’heure du midi, une vidéo réalisée par l’une des classes TSA tournera en boucle dans la place centrale de l’école. Sous le nom Autisme, mais pas que ça! le petit documentaire aura pour but de faire découvrir ce qu’est l’autisme aux élèves réguliers », explique Willy Bihet, enseignant du groupe TSA.
Tout au long de la journée, plusieurs initiatives seront organisées, toujours dans le but d’intégrer les élèves des groupes TSA aux autres classes régulières.
« Lors de cette journée, un groupe d‘étudiants aura la tâche de récolter des papillons adhésifs (post-it) sur lesquels tous les élèves qui le souhaitent pourront marquer leur différence, indique le professeur. Ensuite, nous en ferons une mosaïque. Les classes TSA seront également ouvertes à tous afin de présenter des milieux de travail différents. Il sera possible de constater comment se déroule l’enseignement dans ces classes, de voir les outils pédagogiques spécifiques ou de découvrir les locaux. Toutes les questions pourront être posées à la classe afin d’ouvrir la conversation. »
Au sein de l’établissement, la célébration de cette journée passe par la sensibilisation des élèves réguliers. Une manière de créer des liens et un rapprochement avec les élèves TSA.
M. Bihet précise que « parmi les divers élèves scolarisés dans l’établissement, certains poursuivent une scolarité partielle ou totale en cours réguliers. Les élèves de l’établissement sont donc amenés à côtoyer chaque jour ces élèves à besoins éducatifs particuliers et pourtant, l’autisme reste pour la plupart d’entre eux quelque chose d’abstrait. Cette journée d’action vise à informer les différents protagonistes de l’établissement sur le public TSA, que ce soit vis-à-vis de leurs besoins, mais également concernant leurs forces. »
Déjà, l’établissement, qui compte 1100 élèves au total, favorise le mélange des classes TSA et des classes ordinaires en dehors des heures de cours. « Il y a des élèves qui vivent cette possibilité de se mêler aux autres comme un moment anxiogène; ces derniers peuvent rester au sein des classes TSA », de préciser M. Bihet.

Des besoins importants

Louise Archambault, qui a travaillé avec les élèves pour la réalisation de la vidéo, voit le nombre de classes TSA augmenter année après année, sans pour autant que l’on dispose de beaucoup plus de moyens pour répondre à la demande. « Cette année, nous avons eu une sixième classe qui a été ouverte et la progression ne semble pas s’arrêter. Il faut dire que beaucoup d’efforts sont déployés pour dépister plus tôt les enfants ayant reçu un diagnostic du TSA, surtout en Montérégie. D’ailleurs, dans la région, nous avons eu une hausse des diagnostics de 300 % en un an. »
Malgré ce constat, Mme Archambault estime qu’il est important de mieux encadrer ces élèves qui ont des besoins spécifiques. « Nous n’avons qu’une éducatrice pour deux classes. On reçoit quelques formations par année, mais il manque de moyens. »
« Au cours des cinq prochaines années, le gouvernement consacrera 20 millions de dollars par année à l’ajout de classes spécialisées offrant des ratios enseignants-élèves réduits, ainsi qu’un soutien particulier aux élèves ayant des besoins précis. Ces classes offriront un cheminement scolaire mieux adapté aux besoins de ces élèves », est-il possible de lire dans le dernier budget de Québec, dévoilé le 21 mars.

L’autisme en chiffres

Selon la Fédération québécoise de l’autisme et l’Agence de la santé publique du Canada, l’estimation de la prévalence de l’autisme au Québec est de 1,4 % de la population.
En 2015, au Québec, la prévalence globale du TSA chez la population des 5 à 17 ans était de 15,5 pour 1 000 (1 sur 64 ou 1,6 %).
En 2015-2016, il y avait 14 429 élèves autistes à la formation générale, soit une prévalence de 142 pour 10 000 ou 1 enfant sur 70.
À titre indicatif, en 2010-2011, on comptait 8 318 enfants autistes scolarisés dans le secteur public. En cinq ans, soit entre 2005 et 2011, le nombre d’élèves autistes scolarisés dans le secteur public au Québec a doublé.
C’est la catégorie d’élèves handicapés ou en difficulté d’adaptation ou d’apprentissage (EHDAA) la plus représentée au Québec : sa prévalence est trois fois plus élevée que celle de la déficience langagière et dix fois plus élevée que celle de la déficience intellectuelle.
Au Canada, chez les enfants et les adolescents âgés de 5 à 17 ans, la prévalence globale du TSA, selon le rapport 2018 du Système national de surveillance du trouble du spectre de l’autisme, est de 1 sur 66.