Retour au tarif unique dans les garderies subventionnées: une disparité dénoncée

Le prix pour faire garder son enfant dans une garderie subventionnée ne sera plus modulé selon le salaire des parents. Une décision dénoncée par des parents et des services de garde au privés.

 

Le gouvernement du Québec en a fait l’annonce à la fin de l’année 2019. L’abolition de la contribution additionnelle est rétroactive au 1 janvier. Les parents dont l’enfant fréquente une garderie subventionnée n’auront donc pas à débourser davantage lors de leur déclaration de revenus cette année. Une économie qui pourrait s’apparenter à 1000 $.

« C’est une injustice envers nos parents. Avant, ils pouvaient se consoler parce que les autres payaient via leurs impôts. Ce n’est pas toujours ceux qui ont le moins d’argent qui sont dans des places subventionnées. Certains pourraient assumer les 46 $ et sont en (garderies) subventionnées », déplore Brigitte Verrier, propriétaire de la garderie privée Les meilleurs amis, à Chambly.

« C’est une injustice envers nos parents. » – Brigitte Verrier

Une pétition est en cours sur le site de l’Assemblée nationale afin que le tarif soit le même pour tous les parents et celle-ci demande au gouvernement le remboursement intégral de tout montant excédentaire. En date du 19 janvier, elle avait été signée par 17 446 personnes.

Le montant que les garderies privées chargent aux parents est le seul financement qu’elles obtiennent. « Je ne peux pas demander 50 $ par jour, le parent étoufferait. Ça fait en sorte qu’on n’est pas riche comme un CPE », dit-elle.

Manque de garderies

Cependant, elle ne craint pas une baisse de fréquentation puisqu’il manque de places en garderie à Chambly. « On reçoit des appels tous les jours de parents qui cherchent », indiquent la propriétaire et sa coordonnatrice, Jacynte Babin. Les places libres sont comblées rapidement. Pour l’instant, le nombre de places serait en « équilibre », selon le ministère de la Famille. Mais on prévoit un déficit léger pour 2022.

Mme Verrier soutient que le processus pour ouvrir une garderie privée est périlleux et coûteux. Elle a eu la volonté de faire la démarche jusqu’au bout, il y a quelques années. Sa garderie a ouvert en juin 2016. « Je suis fière de l’avoir fait », souligne celle qui a aussi acheté récemment une seconde garderie, toujours à Chambly.

Subventionner les non subventionnées

Le ministère de la Famille a également annoncé qu’un projet-pilote serait mis en place au cours de l’année afin de subventionner des places non subventionnées en service de garde. « Les parents dont les enfants fréquentent ces garderies pourraient ainsi bénéficier du tarif unique », peut-on lire dans le communiqué.

Mme Verrier souhaite faire partie de ce projet. Elle obtiendrait ainsi une subvention du gouvernement, ce qui bonifierait son budget.

« On aurait moins de mouvement au niveau des enfants. Les parents nous disent qu’ils sont satisfaits, mais s’ils ont la chance d’avoir une place subventionnée, ils sautent dessus. J’ai eu des parents en pleurs parce qu’ils partaient », soutient Mme Verrier. De plus, cette majoration de son budget lui permettrait de mieux rémunérer ses employés et d’offrir plus de service. Elle précise que pour les enfants qui ont des besoins particuliers, à titre de garderie privée, elle n’obtient aucune aide financière.

Rien de décidé

Pour l’instant, la propriétaire n’a pas réussi à obtenir les étapes à suivre pour s’inscrire. « On n’a toujours pas les moyens de poser notre candidature. On ne sait pas comment se fera le processus », indique-t-elle.

Lors de l’annonce, le ministre de la Famille, Mathieu Lacombe, indiquait par voie de communiqué que « les modalités restaient à définir. Il est encore trop tôt pour émettre des hypothèses quant au nombre de places qui seront converties et aux coûts engendrés ». Le ministère est toujours en train d’établir les critères et les détails.