Une aide aux médias de 50 millions par année sur 5 ans
L’aide aux médias promise par le gouvernement Legault est désormais connue. Le programme fiscal qui profitera aux entreprises de presse sera étendu sur cinq ans.
L’annonce tant attendue par les médias est tombée mercredi à 14 h 30, à Québec. Ce sera finalement une série de mesures s’élevant à 50 millions de dollars par année jusqu’en 2023-2024 qui permettront à la presse écrite québécoise de se relever. L’annonce a été faite conjointement par le ministre des Finances, Éric Girard, et la ministre de la Culture et des Communications, la députée de Montarville Nathalie Roy, après le Conseil des ministres. « C’est le résultat d’un travail concerté entre le ministre des Finances, le ministre de l’Économie et moi-même, précise aux Versants la ministre de la Culture et des Communications, la députée de Montarville Nathalie Roy. Nous sommes le premier gouvernement a être allé aussi loin pour ce plan d’aide très important », indique Mme Roy au Journal.
Les mesures
Le gouvernement Legault a accordé un crédit d’impôt remboursable de 35 % sur le salaire des employés de la salle de rédaction, et cela, jusqu’à concurrence de 75 000 $ par personne. Les employés des rédactions comprennent les journalistes, les photographes, les infographistes et le personnel lié à l’exploitation des technologies de l’information des médias écrits.
Le crédit d’impôt remboursable est rétroactif au 1er janvier 2019.
« Nous souhaitons que la presse écrite demeure forte, qu’elle continue à proposer de l’information de qualité et une diversité d’opinions pour le maintien de la démocratie. »
– Nathalie Roy
Une autre mesure destinée à aider l’industrie sera d’annuler la compensation exigée à la presse écrite auprès de Recyc-Québec. M. Girard a indiqué que le gouvernement renforcerait son appui à l’organisme en contrepartie.
En parallèle, Québec prolonge d’un an, soit jusqu’au 31 décembre 2023, le crédit d’impôt offert pour la transformation numérique des médias écrits.
Tous les programmes de soutien budgétaire existants, parrainés par le ministère de la Culture et des Communications, seront eux aussi prolongés de deux ans, jusqu’en 2023-2024.
Cette aide est indispensable pour Mme Roy non seulement pour pérenniser les 1200 emplois dans le secteur mais aussi pour défendre un pilier de la démocratie. « Je suis une ancienne journaliste et je sais que les médias sont un pilier de la démocratie. Ce pilier est aujourd’hui ébranlé par les géants du Web et nous sommes dans le devoir de le solidifier en lui donnant l’aide dont il a besoin. Une bonne presse aide tout le monde à prendre une décision éclairée. »
Politique publicitaire
Le gouvernement attendra ce rapport afin d’ajuster sa politique publicitaire au sein des publications de presse « pour mieux soutenir les médias en région. Nous avons compris qu’il y avait une urgence d’agir. Nous souhaitons que la presse écrite demeure forte, qu’elle continue à proposer de l’information de qualité et une diversité d’opinions pour le maintien de la démocratie ».
À peine un mois après la commission parlementaire mise en place sur l’avenir des médias, le gouvernement caquiste a préféré agir dans l’urgence pour répondre à un besoin immédiat, même si la commission parlementaire n’a pas terminé ses consultations et déposé son rapport.
« Dans le meilleur scénario, nous aurions eu le rapport de la commission en décembre. Malheureusement, nous n’avions pas le temps d’attendre. Entre l’annonce de la mise en place de la commission et aujourd’hui, il y a eu la faillite technique du Groupe Capitales Médias. Il était important pour les repreneurs de ces journaux intéressés de savoir ce qui les attend. » Les 36 groupes qui ont été entendus par la commission ont déposé des rapports qui ont été lus par le comité des ministres qui rend aujourd’hui sa décision.
D’autre part, la ministre indique que le travail de la commission ne se limitait pas qu’à la presse écrite. « Elle avait un mandat plus large. Nous attendons aussi ses conclusions afin de voir comment mieux organiser le placement publicitaire des sociétés d’État. Elles ont un devoir d’exemplarité. Les journaux vivent de revenus publicitaires, l’État doit faire sa part », de garantir Mme Roy.
Rappelons que le Groupe Capitales Médias a annoncé récemment la vente forcée de ses six journaux, en situation financière extrêmement précaire.
M. Girard a apporté des précisions, lors de l’annonce : « Nous nous sommes assurés que toutes les formes d’aide annoncées aujourd’hui respectent la capacité de payer des contribuables et qu’elles sont mises en place de façon à préserver l’indépendance de la presse écrite. »
Souvent dénoncées par les médias, ces mesures viennent compenser en partie le déclin des revenus publicitaires qui ont eu tendance à migrer vers les géants du Web ces dernières années.
Enfin, les médias en difficulté pourront faire appel à Investissement Québec pour obtenir un soutien financier temporaire.