Un terrain de soccer synthétique à Chambly, une bonne idée ?

Inventés en 1964, les revêtements en gazon artificiel ont révolutionné le monde du sport avec une promesse : il serait enfin possible de s’adonner au soccer, au football américain et au rugby sur une surface moins dépendante des conditions climatiques. Mais, depuis quelques années, les gardiens du but au soccer sont victimes de plus en plus de cancers liés, sembleraient-ils, aux terrains synthétiques.
Un texte de Patrick Berger
Les toxicologues ne s’entendent pas tous sur les problèmes de santé liés aux granules de caoutchouc. Ce qui est certain c’est que plusieurs jeunes gardiens de but qui jouent sur des terrains synthétiques sont passés par de multiples traitements de chimiothérapie avant l’âge adulte. Comme le relate un mini documentaire de la chaîne ESPN, aux États-Unis, un gardien de but de Tacoma (État de Washington) a été diagnostiqué avec un lymphome hodgkinien à la toute fin de son secondaire. Après 9 traitements de chimiothérapie, il est décédé à l’âge de 24 ans.
Il n’y a aucun terrain de soccer synthétique à Chambly. Des parents de certaines équipes de soccer souhaiteraient que les surplus de 5,6 millions récemment annoncés et versés aux citoyens soient utilisés pour la création d’un terrain de soccer synthétique et pour l’amélioration des terrains naturels.
Le soccer est un sport dont la pratique est en constante croissante. Le nombre d’inscriptions à Soccer Chambly a connu une augmentation pour une 8 année consécutive avec 2 187 joueurs. Les équipes compétitives entament leur saison au mois d’avril. Avec les changements brusques des conditions climatiques à cette période de l’année, certains terrains sont en piètre état ou tout simplement impraticables parce que leur état est jugé dangereux, comme celui du parc Breaux. L’entretien est coûteux et demande beaucoup de temps, le désavantage majeur comparativement aux gazons synthétiques.

Le recyclage des pneus

À une certaine époque au Canada, les entreprises de gestion des déchets ramassaient les pneus moyennant une légère redevance. Les pneus étaient triés, les bons allant au rechapage et les autres étant mis au rebut et empilés dans des lieux d’entreposage en surface. Les piles de pneus font courir un risque d’incendie si elles sont mal gérées. Depuis l’incendie de pneus de Hagersville, survenu en 1990, un certain nombre de provinces canadiennes ont réexaminé leur approche en ce qui a trait à la gestion des vieux pneus et ils ont mis sur pied des programmes destinés à promouvoir le recyclage des pneus et le développement de marchés.
Les applications pour le caoutchouc recyclé peuvent être utilisées sur les surfaces pour la pratique des sports. Par exemple, pour les aires scolaires, les pistes d’athlétisme, les terrains de tennis et de basketball, les aires de départ pour le golf ou encore pour les ceintures de piscine et allées de jardins. Aucun problème de santé lié à ce recyclage n’a été entendu à ce jour, fort probablement parce qu’il s’agit de matière étanche.

La source des problèmes de santé

Les granulats de morceaux de pneus recyclés seraient, selon certains toxicologues, la source des cancers reliés aux terrains synthétiques. Ces particules de pneus sont en contact avec de nombreux enfants et s’infiltrent dans les vêtements, les chaussures, les yeux, la bouche, les cheveux et bien évidemment la peau. Ce sont près de 20 000 pneus usagés qui sont utilisés pour couvrir un terrain.
« Je n’étais pas au courant que les terrains synthétiques pouvaient causer des cancers chez nos jeunes, mais nous éprouvons de la honte lorsqu’on se demande ce que nos visiteurs pensent de nos installations de soccer », souligne M. Arès.
Aux États-Unis, certaines villes ont choisi d’abandonner le gazon de caoutchouc depuis déjà 10 ans. C’est le cas de New York qui ne l’utilise plus dans ses parcs depuis 2008, et de Los Angeles depuis 2009. Au Québec, certaines villes, notamment Boucherville et Repentigny ont interdit totalement ou en partie la pose de gazon artificiel dans les secteurs résidentiels.
La majorité des études publiées sur les conséquences des composantes des fibres artificielles ainsi que des revêtements à base de pneus utilisés comme matière n’ont cependant pu établir de liens significatifs entre ces composés et de quelconques problèmes de santé. Les doses potentiellement absorbées par l’être humain sont dans la plupart des cas en deçà des seuils de toxicité tolérés.
Vous pourrez tirer vos propres conclusions en tapant quatre mots sur votre clavier : E60 The Turf War.