Un projet qui transcende les frontières

AGRICULTURE . Deux ans après avoir ouvert la première maison de répit canadienne pour agriculteurs à Saint-Hyacinthe, la Marievilloise Maria Labrecque-Duchesneau semble avoir inspiré des groupes agricoles provenant des quatre coins de la planète.

Le projet de cette femme de 62 ans fait décidément l’envie de plusieurs, car des délégations agricoles de la France, de la Suisse et du Japon sont venues visiter l’organisme dirigé par Mme Labrecque-Duchesneau, «Au cœur des familles agricoles».

Les représentants des deux pays européens étaient de passage il y a quatre ou cinq alors que ceux du Japon ont rendu visite à Mme Labrecque-Duchesneau en janvier. Pour la France, c’est un médecin qui travaille en santé publique et qui est responsable de l’agriculture qui a fait le voyage tandis que les deux autres pays ont envoyé des chercheurs.

L’Australie est aussi intéressée par le projet et c’est donc un chercheur de l’Université Laval, Gilles Tremblay, qui est en contact avec le milieu agricole de ce pays, qui a approché la Marievilloise il y a quelques années.

«Même des Haïtiens nous ont contactés et aimeraient bien créer un modèle semblable dans leur pays», raconte-t-elle fièrement.

Des experts de Montréal, dont un médecin, qui ont fondé un organisme pour venir en aide à Haïti sont entrés en contact récemment avec la fondatrice de l’organisme  Au cœur des familles agricoles».

 Le projet est embryonnaire pour le moment, mais une première rencontre a déjà eu lieu il y a quelques semaines afin de trouver un moyen d’adapter le projet à ce pays. Une deuxième rencontre est prévue au début du mois de septembre pour visiter des fermes où est pratiqué l’élevage de chèvres et de moutons ainsi que la culture. Celles-ci ont été sélectionnées puisqu’elles correspondent à ce que l’on retrouve en Haïti.

Dans tous les cas, les délégations souhaitent recourir au service d’un travailleur de rang, c’est-à-dire un intermédiaire entre les différentes ressources relatives à l’agriculture et à la santé.

Ce concept a été élaboré par Mme Labrecque-Duschesneau et une personne remplit déjà cette fonction depuis plus d’un an dans le Bas-Saint-Laurent. Des travailleurs de rang devraient aussi être recrutés dans les Laurentides et en Abitibi. Une maison de répit sera aussi mise en place dans chaque pays.

Soulignons que c’est après avoir fondé l’organisme « Au cœur des familles agricoles » il y a 15 ans que Maria Labrecque-Duchesneau a finalement démarré en 2013 la première maison de répit pour agriculteurs au Canada, et peut-être même au monde jusqu’à présent!

Travailleurs au bout du rouleau

L’an dernier, 42 agriculteurs ont séjourné à la Maison de répit l’an dernier. Des travailleurs exténués par le travail, en dépression ou qui ont des problèmes de drogue ou de couple.

« J’ai vu plus de 1150 agriculteurs en difficulté l’an dernier. Des gens aux prises avec toutes sortes de problèmes sociaux », soutient-elle.

Pour continuer d’offrir ce service, le financement public lui est indispensable. La levée de fonds organisée au début des opérations lui assure toutefois un financement jusqu’en 2018.

Pour maintenir sa maison de répit, l’organisme a besoin de 300 000$ par année. Une bonne partie de cet argent provient des agriculteurs, mais aussi du MAPAQ et du ministère de la Santé. « Les entreprises agricoles du Québec nous aident beaucoup pour nourrir nos pensionnaires. Bonduelle de Saint-Césaire nous fournit les légumes, alors que Lassonde ( jus), Olymel (nourriture) et Agropur (fromage) contribuent également ».

Le ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec, Pierre Paradis est d’ailleurs tombé sous le charme de son projet l’an dernier et a réussi à lui amasser 20 000 $. « Il avait demandé à tous les députés québécois de contribuer pour un petit montant à même leur budget discrétionnaire », raconte l’intervenante sociale.