Un modèle à implanter uniformément dans les centres jeunesse

Le Centre jeunesse de Chambly (CJC) en est à sa deuxième année d’implantation de l’approche Attachement, Régulation et Compétences (ARC). Le modèle vise à soutenir la réadaptation des enfants et des adolescents ayant vécu de multiples traumatismes complexes.

Les intervenants en campus de réadaptation jeunesse sur l’ensemble du territoire de la Montérégie sont formés afin d’intervenir en cas de traumas complexes. Le modèle ARC fait partie des outils dont disposent leurs équipes. Il s’agit d’un guide, d’un cadre d’intervention qui propose un large éventail d’activités cliniques qui viennent compléter les programmes déjà existants.

Le Centre intégré de santé et de services sociaux de la Montérégie-Est (CISSSME) explique que le modèle offre des outils concrets d’intervention pour traiter les traumas complexes chez les jeunes en développant leur résilience dans « trois domaines de fonctionnement essentiels pour l’adaptation ». Il s’agit de l’attachement, de la régulation affective et des compétences. « Cette approche permet, entre autres, de mieux identifier les difficultés que les jeunes présentent qui peuvent être mal diagnostiquées et être étiquetées de façon erronée et stigmatisante », soutient le CISSSME.

« Nous dressons un portait positif des retombées de celui-ci. » – CISSSME

Plusieurs initiatives au Campus de réadaptation de Chambly s’inscrivent dans ce modèle. Par exemple, Le Spot, un lieu de rencontre pour les jeunes de type Maison des jeunes, ou encore Les Glorieux, qui favorisent un sentiment d’appartenance et offrent des activités adaptées.

Depuis 10 ans

L’Institut universitaire Jeunes en difficulté rapporte que ARC a d’abord été développé comme un projet pilote en 2014. L’implantation du modèle s’est poursuivie depuis dans différents services de réadaptation québécois (auprès des enfants, des adolescents et de jeunes contrevenants) et sous forme de programme en groupe auprès des familles d’accueil. 

Le programme s’est installé dans les quatre campus de réadaptation jeunesse du CISSSME. « Nous dressons une portait positif des retombées de celui-ci », indique le CISSSME. Le tout est encadré par la chercheuse Delphine Collin-Vézina. La femme est directrice du Centre de recherche sur l’enfance et la famille à l’Université McGill. Elle est également psychologue clinicienne de formation et professeure titulaire à l’École de travail social de l’Université McGill et membre associée du Département de pédiatrie. Mme Collin-Vézina évalue la pertinence du modèle ARC comme soutien à la formation et à la pratique des intervenants, mesure les changements dans les croyances des intervenants, leurs interventions et leur sentiment d’efficacité. Elle documente l’utilisation des mesures particulières dans les unités. Elle précise qu’avant ARC, « ce n’était pas le vide » en termes de services dans les centres jeunesse. « ARC est venu nous épauler pour comprendre comment nos services peuvent mieux répondre aux besoins des enfants qui présentent des traumas complexes », nuance-t-elle. 

Une implantation ministérielle

Le programme a été implanté de façon ministérielle en Ontario et au Nouveau-Brunswick. La chercheuse souhaite voir Québec emboîter le pas à son tour. « Pour le moment, il a été implanté un peu par la volonté de chaque individu de le faire vivre. Ça repose sur des individus, donc, c’est un peu fragile. On veut uniformiser », pointe-t-elle. Une douzaine de CISSS et CIUSSS au Québec collaborent avec ARC à degrés variables. C’est à la discrétion de chaque établissement de choisir comment il déploie ARC. Lionel Carmant, ministre responsable des Services sociaux, affirme vouloir travailler afin de permettre l’intégration d’ARC de façon uniformisée. « Au-delà de l’approbation, il faudra des ressources », complète Delphine Collin-Vézina.