Un Libanais en colère pour les siens

Elias Jreije, mieux connu sous le nom d’Elie et propriétaire du restaurant Chez Elie, à Chambly, est en colère à la suite de l’explosion survenue dans son pays natal, le Liban.

« C’est désolant. Je suis vraiment fâché. Je suis en colère », répète-t-il à quelques reprises durant la conversation.

L’explosion survenue le 4 août à Beyrouth, la capitale du Liban, a fait plusieurs morts et des milliers de blessés. Elle a également détruit plusieurs rues, mobiliers et immeubles. « J’en ai la chair de poule à y penser », affirme-t-il.

Lorsque Elie Jreije a appris la nouvelle, il s’est empressé de communiquer avec les membres de sa famille qui résident encore de l’autre côté de l’océan. « Je voulais savoir si quelqu’un de ma famille était touché. Je pleurais. Ça n’a pas d’allure. C’est une des plus grosses explosions jamais vues dans le monde », affirme l’homme, qui réside au Québec depuis une trentaine d’années. Il affirme être ici, mais sa pensée est avec eux.

Il a quitté son pays natal avec sa famille lors de la guerre en 1989. Lui a décidé de s’établir au Québec, sa famille est finalement retournée au Liban.

« Ce n’est pas un petit accident ni un petit incident. » – Elias Jreije

Ses proches n’ont pas été touchés, c’est-à-dire que personne n’a été blessé physiquement. Mais cet événement les affecte, puisque ça concerne tout le pays.
« Beyrouth, c’est le centre du Liban, soutient-il. Le pays est arrêté, c’est la terreur. Déjà qu’il était dans la misère. »

M. Jreije s’est rendu, avec d’autres Libanais, devant le Consulat général du Liban, à Montréal, afin d’interpeller le gouvernement pour aider les siens qui sont toujours là-bas.

L’explosion

« Ce n’est pas un petit accident ni un petit incident, avance-t-il, en parlant de l’explosion. Je ne pense pas que c’est arrivé naturellement. »

Plusieurs rumeurs circulent sur ce qui est réellement arrivé. Au moment d’écrire ces lignes, la cause exacte de l’explosion n’était pas connue. Cependant, selon les informations recueillies, la présence de 2750 tonnes de nitrate d’ammonium dans un entrepôt du port de Beyrouth en est en partie responsable. Elles y seraient entreposées depuis quelques années et sans protection. L’explosion s’est étendue sur une dizaine de kilomètres.

M. Jreije affirme « on n’a pas le droit d’être un terrain d’essayage » en faisant référence à la possibilité que quelqu’un ait pu tirer sur cet entrepôt. « En plus, on est bourrés d’armes (au Liban). Il y a toutes sortes de terroristes qui se promènent dans le pays. Il y a des milices, des gangs de rue et le crime organisé qui sont là sur le terrain », dit-il.

Pas de gouvernement

Le Québécois d’adoption soutient que le Liban est un pays opprimé et que les dirigeants ne sont pas maîtres à bord de leur navire.

« Tout le monde au Liban demande au gouvernement de partir », affirme
M. Jreije. Le président français, Emmanuel Macron, s’est rendu sur les lieux de la tragédie. Les Libanais l’implorent de prendre le contrôle de leur pays.

M. Jreije soutient que le gouvernement a volé des milliards, mais que le peuple n’a pas plus de services. « On nous a enlevé notre sécurité sociale. On nous a enlevé l’accès aux soins médicaux;
si on est malade, ça coûte un bras et une jambe. On nous a enlevé notre droit à l’éducation. Ça coûte les yeux de la tête. Les gens paient parce qu’ils veulent que les enfants soient éduqués. On a de la difficulté à avoir de l’électricité », énumère-t-il.

Il se réjouit de pouvoir retrouver ces éléments de ce côté de l’océan. « Quand je suis arrivé au Québec, c’est ça que j’ai remarqué. On a un gouvernement qui règne sur le pays. On a des lois et on applique la loi. »

Il ajoute « au Québec, on peut s’exprimer de la façon qu’on le pense parce qu’on est libres. On est protégés par un système de santé et d’éducation ».

L’homme précise que plusieurs Libanais quittent le pays. « Il y a trois millions de Libanais qui résident au Liban. Il y en a dix millions à l’extérieur », relate-t-il.

Présence de pétrole

Le propriétaire du restaurant libanais à Chambly explique cette situation en raison de la présence de pétrole au Liban.
« On est visés par rapport à l’énergie qu’il y a sous nos pieds », dit-il. L’homme ajoute « on est condamnés à naître dans un endroit que tout le monde veut
contrôler ».

Pour lui, le pétrole est une richesse qui appartient à la planète entière. Tous les pays en ont besoin pour fonctionner puisqu’il est utilisé dans la fabrication de plusieurs produits.