Éradication des plantes envahissantes : un exercice laborieux et coûteux

La Ville de Carignan a convié ses citoyens mercredi 18 avril dernier au Centre multifonctionnel à une conférence présentée par une spécialiste des plantes exotiques envahissantes.
Devant environ une trentaine de citoyens, Hélène Godmaire, du Conseil québécois des espèces exotiques envahissantes a tenu à préciser que l’introduction de celles-ci s’est faite par plusieurs voies, de façon accidentelle ou intentionnelle; à des fins médicinales, ornementales ou pour une lutte biologique.
« La première installation de la renouée du Japon à des fins ornementales, date de 1918, mais entre 2000 et 2018, elle a été vendue et elle s’est adaptée à l’hiver parce qu’elle est très robuste. »
« Ces plantes exotiques envahissantes, ajoute la conférencière, ne sont jamais malades, jamais attaquées par des insectes et n’ont pas de compétition. Les mammifères et les oiseaux ne les reconnaissent pas parce qu’elles ne font pas partie de leur garde-manger ».

Des plantes fort résistantes

La renouée du Japon est considérée, rapporte Hélène Godmaire, « parmi les 100 pires espèces envahissantes de la planète. Elle produit beaucoup de bourgeons, pénètre même dans les interstices des murs, peut atteindre 3 mètres de hauteur et s’enracine jusqu’à une profondeur de 2 mètres ».
La berce du Caucase, elle, peut atteindre 2 mètres et même s’élever jusqu’à 5 mètres. Cette plante a un diamètre de 5 à 10 cm et peut produire de 30 000 à 50 000 graines. Hélène Godmaire signale aussi qu’elle est toxique, avec une sève inodore, incolore et produit des réactions cutanées qui peuvent perdurer dans le sang.

« Ces plantes exotiques envahissantes ne sont jamais malades, jamais attaquées par des insectes et n’ont pas de compétition. Les mammifères et les oiseaux ne les reconnaissent pas parce qu’elles ne font pas partie de leur garde-manger. »- Hélène Godmaire

La conférencière souligne que la renouée du Japon existe à Carignan tout comme la phragmite (roseau commun) qui est très abondant au Québec. Elle croit que la berce ne semble pas être présente et se dit certaine que le nerprun qui a différents spécimens se trouve sur le territoire.
Elle cite le nerprun bourdaine qui « a des semences abondantes, une terminaison rapide, et constitue un poison repoussant pour les oiseaux qui disséminant alors ses graines dans le sol, là où elles peuvent survivre jusqu’à cinq ans ». L’autre spécimen est le cathartique, une plante « néfaste pour l’agriculture, car elle perturbe le sol en plus d’être l’hôte pour certains pathogènes. »

Méthodes d’éradication

Plus on intervient tôt, mieux sera effectué le processus d’élimination desdites plantes. Héléne Godmaire recommande aux municipalités touchées de prioriser les sites selon leur valeur et en tenant compte du coût à assumer.
Elle a énuméré ensuite les différentes interventions d’éradication selon l’ampleur de l’envahissement et selon la plante. L’arrachage manuel ou mécanique parfois à l’aide d’une excavatrice devra être fait pour la berce. Afin de se protéger, la personne devra porter un masque, des vêtements non absorbants et qui couvrent toutes les extrémités du corps. « Malgré plusieurs interventions, l’éradication est peu probable et il ne serait pas exclu d’utiliser un herbicide. »
Quant à la renouée du Japon, des coupes répétées, de l’arrachage manuel et mécanique, du bâchage ou un recouvrement sont indiqués. Une végétalisation est recommandée et si on procède aux coupes, l’ensachement des tiges va éviter la propagation de même qu’il faut éviter de composter la plante.
Hélène Godmaire juge difficile de faire un lien entre le réchauffement climatique et la présence de plus en plus de ces plantes exotiques envahissantes.