Un étang d’une valeur de 30 000 $ à Saint-Mathias
ENVIRONNEMENT. L’Union des producteurs agricoles (UPA) a réaménagé en 2012-2013 un étang d’une valeur de 30 000 $ sur le terrain d’un producteur agricole de Saint-Mathias-sur-Richelieu, qui comprend deux sites de ponte pour les tortues serpentines qui dem
Bien que ceux-ci demeurent inutilisés à ce jour, cela ne préoccupe pas l’UPA qui juge tout de même l’investissement justifié et croit que les tortues vont finir par s’approprier les sites.
Selon Chantale Soumahoro, agente en agroenvironnement à l’UPA, le projet ne visait pas à la base à améliorer l’habitat des tortues, mais plutôt à réduire la présence de sédiments dans l’étang, qui se déversent ensuite dans la rivière des Hurons. Celle-ci était due à l’érosion des champs en amont du cours d’eau. Pour régler le problème, un fossé-avaloir ainsi qu’un bassin de sédimentation ont été aménagés.
«Le producteur nous a contactés pour cette problématique et nous lui avons dit que ce serait une bonne idée d’améliorer l’habitat dans l’étang en même temps. Il nous a donc demandé si l’aménagement pouvait inclure quelque chose pour la tortue qu’il avait observée dans l’étang avant notre passage», raconte Mme Soumahoro.
Les deux sites de ponte ne représentent qu’un montant de 1500 $ sur le montant global investi dans le projet.
«Nous étions conscients que la présence humaine allait perturber le milieu. Nous ne nous attendions pas que les tortues viennent pondre tout de suite, mais nous croyons qu’elles iront dans les sites à un moment donné», affirme l’agente en agroenvironnement.
«Il y a déjà plus d’animaux et nous espérons que l’habitat créé va attirer plusieurs espèces», ajoute-t-elle.
Un espoir partagé
Pierre Bilodeau, le biologiste qui dirige la gestion de la faune de la Montérégie au ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs, est conscient que le réaménagement d’un habitat coûte relativement cher, mais juge qu’il n’est pas surprenant que les animaux prennent du temps pour se l’approprier.
«C’est normal que les tortues n’utilisent pas les sites de ponte dans les premières années. Ils ont été faits selon les normes alors elles devraient venir éventuellement. Ça prend du temps quand le territoire est bouleversé. Les tortues serpentines sont très farouches», soutient-il.
En ce qui concerne le fait que la tortue de l’étang n’ait été aperçue qu’une seule fois, il juge qu’il n’y a pas d’inquiétude à avoir. «Ce n’est pas parce que nous ne les voyons pas qu’elles ne sont pas là. Les tortues peuvent se déplacer la nuit et sur une distance de 10 à 15 kilomètres», indique M. Bilodeau.
«J’espère que les tortues vont venir, mais aussi que l’aménagement va attirer d’autres espèces. Par contre, ça peut prendre quelques années avant qu’elles soient bien établies», affirme pour sa part Marcel Comiré, directeur général du Covabar.
M. Comiré rappelle aussi l’importance d’entretenir les végétaux pendant deux à trois ans. Cette condition est remplie, car l’UPA s’assure que les sites de ponte pour les tortues serpentines soient désherbés.