Journée nationale des patriotes chez Desjardins

Un drapeau qui fait réagir les députés locaux

Jean-François Roberge et Yves-François Blanchet, tous deux députés de Chambly à divers paliers gouvernementaux, ont réagi fortement lorsque des succursales de Desjardins ont utilisé le drapeau du Canada pour souligner la Journée nationale des patriotes.

« J’ai cru à un canular. J’ai trouvé ça moins drôle quand j’ai réalisé que ce n’était pas une mauvaise blague », a réagi en premier lieu Jean-François Roberge, ministre de la Langue française. Il y voit une erreur qui témoigne d’une « grave méconnaissance » de l’histoire du Québec. 

Utilisation non uniforme

Le Journal de Chambly a tenté de parler aux directions générales des caisses Desjardins de Rouville et du Bassin-de-Chambly. Ce sont plutôt les communications du Mouvement Desjardins qui ont répondu. « Cette affiche n’aurait jamais dû être apposée. Il s’agit d’une initiative prise par un nombre limité de caisses sans l’aval du Mouvement Desjardins. Elle n’a pas été conçue ni approuvée par le Mouvement Desjardins et ne correspond pas à celle distribuée aux caisses pour le jour férié », explique Jean-Benoît Turcotti, porte-parole du Mouvement Desjardins.

« Je peine à croire que personne parmi les gens en autorité au sein d’une organisation aussi structurée n’a vu l’erreur. Je crois plutôt que ça a été autorisé, si tel était le souhait de certaines administrations locales. C’est un grave manque de considération pour les Québécois, leurs combats et leur histoire », affirme de son côté Yves-François Blanchet, député fédéral de Chambly.

Lors de la Journée nationale des patriotes, Desjardins a publié ses excuses sur ses réseaux sociaux.

« Nous tenons à présenter nos excuses les plus sincères à toutes les personnes qui ont été offensées par l’affiche que certaines caisses ont installée en prévision de la Journée nationale des patriotes. En plus des mesures qui ont été prises pendant la fin de semaine, nous vous confirmons que d’autres rencontres s’ensuivront pour que cette situation inacceptable ne se reproduise plus », a émis l’entreprise.

Jean-Benoît Turcotti soutient que, quant à elles, les caisses Desjardins de Rouville et du Bassin-de-Chambly ont utilisé l’affiche officielle du Mouvement Desjardins. 

Recadrer la mise en marché

Les deux députés locaux se sont prêtés à un exercice hypothétique quant à ce qu’ils diraient à l’équipe derrière la mise en marché de l’affichage utilisant l’Unifolié s’ils pouvaient lui parler.

« Je leur suggérerais de se souvenir d’où ils viennent. Alphonse Desjardins a créé une première caisse populaire pour donner à ceux et celles qui étaient alors des Canadiens-français un tout petit peu de pouvoir économique et collectif face à la haute finance qui était alors essentiellement à Montréal, avant, plus récemment, de migrer vers Toronto », lance M. Blanchet. « Je leur dirais de faire leurs devoirs correctement avant de diffuser un texte ou une image relative à des faits historiques. En tant qu’institution implantée chez nous, Desjardins a des responsabilités », affirme Jean-François Roberge, député provincial de Chambly.

Une compagnie québécoise

« L’histoire du Mouvement Desjardins est indissociable de celle du Québec moderne. Depuis plus d’un siècle, le développement de son réseau et la diversification de ses activités ont accompagné l’essor social et économique du Québec », décrit Desjardins sur son site Internet à titre d’histoire. La pancarte fusionnant le drapeau canadien au logo de l’entreprise québécoise a heurté la sensibilité d’une population nationaliste. « Aucune institution implantée au Québec ne devrait commettre pareil impair. L’identité et l’histoire sont des sujets sensibles au Québec et nous devons tous en être conscients », estime Jean-François Roberge.  

« Je m’inquiète depuis longtemps du Mouvement Desjardins, dont l’âme s’étiole. Ça a empiré mes inquiétudes », déclare M. Blanchet. Le chef du Bloc québécois ne se dit pas tellement surpris. « On décèle, depuis plusieurs années, un désir de tourner le dos à l’histoire de coopération et d’identité nationale du Mouvement Desjardins, comme si les derniers dirigeants voulaient davantage gérer une banque, pour être admis dans le cercle des banquiers, plutôt que le pouvoir économique collectif des Québécois. J’espère me tromper, mais c’est à eux de nous rassurer », termine-t-il.