Un an à rouler vert chez Autobus Chambly
Depuis un peu plus d’un an, un autobus scolaire électrique circule dans les rues de Chambly. Il est reconnaissable à ses pare-chocs bleus. Le propriétaire, la compagnie Autobus Chambly, y voit beaucoup d’avantages, mais l’investissement freine son essor.
L’entreprise utilise son autobus depuis mai 2018. Il s’agit du premier véhicule du genre en Montérégie. « C’est une belle aventure et on apprend beaucoup. Quand il roule, c’est un charme. C’est silencieux et l’atmosphère est plus calme, plus relaxe », indique Philippe Langlois, directeur de l’exploitation d’Autobus Chambly.
Cependant, il précise en toute honnêteté que l’acquisition d’un autobus électrique est plus une position écologique d’entreprise qu’un investissement. Il souhaite en avoir d’autres, mais il juge que ce ne serait pas viable à court terme d’avoir une flotte complète de véhicules électriques.
« Un autobus électrique est trois fois plus cher qu’un autre au diesel, qui coûte 100 000 $. Un électrique peut monter jusqu’à 400 000 $. La subvention provinciale est de 125 000 $. La différence reste aux frais du transporteur. Il peut être rentable après cinq à dix ans », précise-t-il.
M. Langlois aimerait que les gouvernements soutiennent davantage ce choix en aidant financièrement. Il souhaiterait aussi que les commissions scolaires optent pour des contrats de huit ans plutôt que de cinq ans, ce qui aiderait à amortir l’investissement.
« Quand il roule, c’est un charme. C’est silencieux et l’atmosphère est plus calme, plus relaxe. » – Philippe Langlois
Patrick Gervais, vice-président de la compagnie Électrique Lion, abonde dans le même sens. « Le plus gros frein est le coût d’acquisition. Il est plus dispendieux en raison du prix de la batterie », dit-il. L’homme estime toutefois qu’il devient économique si on le prend sur sa durée de vie. De plus, il aimerait que les commissions scolaires n’aient plus à privilégier le plus bas soumissionnaire pour favoriser ceux qui ont des véhicules électriques.
L’entreprise a commercialisé ses premiers autobus électriques en 2016. Il y en aura, à la fin 2019, 300 en circulation à travers l’Amérique du Nord.
Charge électrique
M. Langlois estime qu’il ne pourrait convertir rapidement tous ses autobus en véhicules électriques parce que le réseau électrique ne suffirait pas à la demande. Le réseau actuel ne lui permet pas d’en avoir plus de trois.
Au cours de la dernière année scolaire, l’autobus a effectué des trajets de 90 kilomètres le matin, se rechargeait pendant trois ou quatre heures et effectuait le même trajet en fin de journée. Il a aussi été utilisé cet été pour les sorties de camps de jour. Cependant, M. Langlois souligne que le réseau n’est pas encore adapté aux bornes de recharge pour lui permettre une sortie qui mènerait des gens de Chambly jusqu’au Zoo de Granby, par exemple.
Le directeur des opérations précise également que la batterie n’est pas encore suffisamment puissante pour supporter le chauffage. Il doit utiliser du diesel pour chauffer l’habitacle en période plus froide. « Ça va venir avec la technologie. Les batteries seront plus performantes et pourront se permettre de perdre 20 % pour le chauffage », croit-il.