Travailler dans la métropole mais vivre à l’extérieur

Le grand Montréal déborde sur ses villes avoisinantes. C’est ce qu’a constaté l’Observatoire Grand Montréal, qui a publié le 6 janvier une note montrant le phénomène grandissant de l’étalement urbain au pourtour du grand Montréal.

Le grand Montréal, c’est 82 municipalités qui interagissent plus ou moins directement avec Montréal, la Ville qui caractérise le poumon démographique, économique, culturel de la métropole. En 2018, la métropole connaît la plus forte croissance économique comparativement aux grands centres du Canada.

C’est l’une des raisons pour lesquelles la métropole attire bien au-delà des limites de son territoire. Les données de l’Observatoire, publiées lundi, confirment que le navettage en provenance des pourtours de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) est en hausse. L’organisme dénombre 100 000 navetteurs, en 2016, issus des municipalités limitrophes du grand Montréal qui viennent travailler sur le territoire métropolitain chaque jour, dont 94 % utilisent presque exclusivement la voiture comme mode de transport. Ceci est sans compter les navetteurs n’ayant pas un lieu de travail fixe à la CMM, comme les travailleurs de la construction.

« Près de 30 de ces municipalités ont maintenant un taux de navettage vers la CMM de plus de 40 %, dont 10 municipalités ayant un taux de navettage de plus de 50 % », peut-on lire. « On constate une progression constante et de plus en plus importante de personnes qui vivent dans le pourtour de la CMM et qui s’y rendent pour y travailler. C’est devenu une tendance », précise Philippe Rivet, conseiller à la recherche à la CMM et responsable de l’Observatoire Grand Montréal.

Parmi les 100 000 navetteurs, 34 % vont travailler à Montréal, 21,3 % sur la Rive-Sud ou encore 13,2 % au sein de l’agglomération de Longueuil. « Forcément, les congestions sont de plus en plus importantes », précise M. Rivet.

Développement résidentiel

Ce phénomène de l’urbanisation, bien au-delà de la CMM, voit des zones agricoles et des milieux naturels métropolitains exposés à un étalement urbain en tache d’huile. Même si la volonté de la CMM est de densifier son territoire, notamment en limitant la construction de maisons individuelles et en favorisant les produits résidentiels plus denses, il n’en est rien pour les municipalités limitrophes, où le développement résidentiel repose toujours sur la maison individuelle.

« On constate une progression constante et de plus en plus importante de personnes qui vivent dans le pourtour de la CMM et qui s’y rendent pour y travailler. C’est devenu une tendance. » – Philippe Rivet

Alors que dans l’agglomération de Longueuil (au sein de la CMM) seulement 10,8 % des chantiers résidentiels, entre 2013 et 2018, étaient consacrés aux maisons individuelles, ce chiffre augmente à 33,4 % pour Saint-Jean-sur-Richelieu ou encore à 89,8 % à Saint-Colomban. « Dans la couronne sud, en 2000,

70 % des chantiers étaient consacrés aux maisons unifamiliales. Aujourd’hui, nous sommes rendus à environ 20 %. Cette densification a permis au transport en commun de se développer et a minimisé la pression sur les terres agricoles ou les milieux naturels. » Cependant, M. Rivet explique qu’il est très difficile de développer un transport en commun efficace là où il y a une faible densité d’habitations.

Il faut cependant noter que le prix des habitations des villes de la CMM est plus élevé que dans les MRC entourant le grand Montréal.

Sur la Rive-Sud, dans le secteur de Chambly (CMM), l’étude de l’organisme indique que le prix de vente médian se chiffrait à 330 000 $, contre 280 000 $ dans la municipalité voisine de Saint-Jean-sur-Richelieu.

Exode de la CMM

Les municipalités du pourtour de la CMM croissent en termes de population. Cette situation repose essentiellement sur la migration de population de la CMM vers les villes périphériques. En moyenne, l’étude montre que depuis 2015, la CMM perd environ 7000 personnes par année dans ses échanges migratoires avec ses pourtours. En moyenne, chaque année, Montréal perd 1470 personnes. L’agglomération de Longueuil perd quant à elle 710 résidants chaque année, toujours au profit des villes voisines de la CMM. Au sud de la CMM, c’est la MRC du Haut-Richelieu qui enregistre les gains migratoires les plus importants avec la CMM (+ 830 personnes par année). Dans cette MRC, la grande majorité des nouveaux résidants en provenance de la CMM s’installent plus particulièrement dans la municipalité de Saint-Jean-sur-Richelieu.

Le taux de croissance que relève l’étude démontre que les MRC périmétropolitaines nord et sud ont un taux de croissance de 2,1 % prises ensemble. C’est plus que le taux de croissance au sein de la CMM, qui est seulement de 1,2 %.

Le PMAD

Le Plan métropolitain d’aménagement et de développement (PMAD) délimite l’espace pouvant être urbanisé d’ici 2031. Ce périmètre prend notamment en compte la zone agricole protégée délimitée par la Commission de protection du territoire agricole du Québec (CPTAQ) et tient compte également des prévisions de croissance démographique et économique à l’échelle de la CMM, mais pas aux municipalités situées au-delà de ses limites. D’ailleurs, depuis 2011, au sein de la CMM, aucun dézonage de terre agricole n’a été effectué; ceci n‘est pas le cas pour les MRC entourant la CMM.

À propos de la CMM

Créée en 2001, la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) est un organisme de planification, de coordination et de financement qui regroupe 82 municipalités, soit 4 millions de personnes réparties sur plus de 4 360 km carrés. La CMM exerce des compétences dans les domaines de l’aménagement du territoire, du développement économique, du logement social, du transport en commun et de l’environnement.