Serge Savoie : s’impliquer malgré les difficultés

C’est à l’âge de 38 ans que Serge Savoie a perdu la vue. Résidant de Chambly depuis toujours et bien impliqué dans le milieu communautaire, il n’a jamais laissé son handicap le définir. Il participera d’ailleurs à une série documentaire sur les ondes d’AMI-télé.
Un texte de Félix Lacerte-Gauthier
« J’avais entendu, au début de l’automne dernier, qu’une nouvelle série se préparait à AMI-télé, explique-t-il. J’ai donc proposé ma candidature, qui a ensuite été retenue. » Intitulée Ça ne se demande pas, la série aborde certains tabous et questionnements liés à la vie avec un handicap. Des questions, posées de manière anonyme, sont soumises aux participants qui donnent ensuite leur point de vue.
Tourné le 2 novembre dernier, le segment auquel Serge Savoie a pris part sera diffusé le 11 février prochain. Il y est jumelé à Guy Cardinal, un pianiste de la région de Québec qui est aveugle de naissance, ce qui amène deux perspectives bien différentes face à leur handicap.
« Je me suis toujours intéressé au monde du cinéma et de la télévision, et j’avais envie de vivre l’expérience d’un tournage », confie-t-il. D’autre part, il espère également pouvoir servir d’exemple à ceux qui éprouvent des difficultés. « L’entraide et le partage ont toujours fait partie de mes valeurs. C’est plus intangible, mais j’aimerais que mon témoignage puisse aider d’autres personnes aux prises avec un handicap. »
C’est grâce à un concours de circonstances qu’il s’est retrouvé à faire de la télé. En 2014, il a participé au Défi Vision MIRA à Granby, dans lequel un conducteur non-voyant est jumelé à une personnalité publique qui tient le rôle de copilote. « J’avais eu la chance d’être en équipe avec le comédien Pierre-François Legendre. Ça avait bien cliqué et nous sommes restés en contact. » En 2016, ce dernier avait recommandé Serge à une recherchiste d’AMI-télé qui cherchait des participants pour la série documentaire La famille pour tous, à laquelle il a fini par prendre part. Il était donc déjà connu des réalisateurs de la station lorsqu’il a à nouveau proposé son nom pour Ça ne se demande pas.

Un homme bien présent à Chambly

Après avoir terminé un baccalauréat en psychoéducation à l’Université de Montréal, Serge s’est trouvé un emploi comme travailleur de rue à la Maison des Jeunes de Chambly. Il gardait cependant en tête l’idée de mettre en place une nouvelle ressource communautaire. C’est dans cette optique qu’il a cofondé, au début des années 2000, POSA (Porte-ouverte sur l’avenir), qui a, quelques années plus tard, fusionné avec l’organisme Source des Monts.
Fort de son expérience dans le milieu communautaire, il s’est également lancé en politique à titre d’indépendant lors des dernières élections municipales. « La politique m’a toujours intéressé, révèle-t-il. Plus jeune, je m’étais souvent dit qu’un jour, j’en ferais l’expérience. D’une certaine façon, c’est également un prolongement naturel de mon implication auprès de la communauté. »
Même s’il n’a pas été élu, le processus lui a néanmoins beaucoup appris. « Je savais de manière théorique comment fonctionne une campagne et l’organisation de terrain, mais le vivre concrètement m’a permis de voir la politique d’une autre manière. » Il n’est d’ailleurs pas encore certain s’il renouvellera l’expérience et compte poursuivre sa réflexion à ce propos avec sa famille.
Entre-temps, il a une autre nouvelle à partager, alors qu’il se mariera prochainement. « J’ai perdu la vue le 3 août 2009. Cette année, cela fera dix ans. Pour donner une nouvelle perspective plus joyeuse à cette date, ma conjointe et moi l’avons sélectionnée pour célébrer notre mariage, révèle-t-il. Il y a beaucoup de couples qui, lorsqu’ils vivent une épreuve, se défont. Dans notre cas, au contraire, ça nous a encore plus soudés.
Débordant d’idées, il prépare également un mystérieux projet dont il ne veut pas encore dévoiler la teneur. Il compte cependant en faire l’annonce au printemps.