Salaire majoré pour contrer la pénurie

Comme plusieurs entreprises manufacturières, l’usine Ballin, à Saint-Césaire, cherche à contrer la pénurie de main-d’œuvre. Pour y arriver, dans la plus récente entente collective, l’entreprise a majoré les salaires.

« On n’a pas nécessairement un gros taux de roulement. Par contre, quand les personnes partent à la retraite, c’est plus difficile de les remplacer. Tous les employeurs le vivent, on ne fait pas exception », affirme Daniel Langlois, directeur de l’usine de fabrication de pantalons haut de gamme qui sont exportés aux États-Unis.

Dans l’entente, conclue au début octobre mais dont les négociations ont commencé en juin, le taux de base a été fixé à 14 $ l’heure. Après un an de service, l’employé touchera 15 $, selon son rendement. Actuellement, le salaire minimum est de 12,50 $ de l’heure. Ce nouveau salaire, rétroactif, s’applique dès juin.

La représentante syndicale de l’UES 800, Suzy Beaudry, explique que pour le moment, les travailleurs obtiennent 12,80 $ lorsqu’ils créent 100 pantalons. « Pour le même nombre d’unités, ils gagneront plus », dit-elle.

L’entente prévoit aussi une bonification des assurances collectives. De plus, les fonds de pension, payés par l’employeur, seront aussi majorés avec cette hausse.

Le comité de négociation est satisfait de l’entente conclue. Il souhaitait que le salaire augmente après un certain nombre d’heures travaillées. « Avec l’échelle salariale et l’augmentation, c’est une grosse amélioration », indique Mme Beaudry. La représentante syndicale déplore cependant que toutes les demandes concernant des congés payés ou sans solde aient été refusées.

« Quand les personnes partent à la retraite, c’est plus difficile de les remplacer. » – Daniel Langlois

Recrutement

Avec cette hausse, M. Langlois souhaite attirer de nouveaux employés et conserver les anciens. « On a aussi de la compétition avec les autres employeurs », précise-t-il.

Avec la bonification du salaire minimum au cours des dernières années, il y avait des frustrations au sein des employés puisque les nouveaux gagnaient le même salaire que certains anciens. La dernière entente datait de plus de cinq ans. « Personne n’aurait pu prévoir la fluctuation des salaires », avance-t-il.

Pour mieux répondre à la demande, il pourrait facilement embaucher dix employés de plus et les ajouter aux 110 déjà à l’œuvre.

Mme Beaudry estime également que ces nouvelles conditions pourront aider l’entreprise à recruter. « C’est quoi l’avantage de travailler dans une manufacture si tu gagnes le même salaire qu’au McDonald’s? », illustre-t-elle.

Il n’y a que les plus anciens, selon elle, qui étaient en désaccord avec l’entente, qui a été adoptée par 61 % des membres. Ces derniers, qui se surnomment les vieilles mains, estiment ne pas obtenir de hausse suffisante de leur salaire comparativement aux nouveaux.

Aide gouvernementale

Cette hausse de salaire a pour conséquence que l’entreprise doit aussi majorer le coût de son produit. Selon M. Langlois, aucune aide financière ne provient du gouvernement pour contrer la pénurie de main-d’œuvre et payer les salaires. « C’est évident que oui, ça aiderait que le gouvernement nous appuie. Un changement majeur doit s’opérer. On a la pression d’augmenter le salaire minimum », dit-il. Mme Beaudry croit aussi que si le gouvernement aidait, ça permettrait aux employeurs de hausser davantage les salaires.