Refonte du plan d’urbanisme de Carignan: bras de fer entre élus et promoteurs

ENVIRONNEMENT. La refonte du plan et des règlements d’urbanisme de la Ville de Carignan met la table pour une bataille juridique entre la municipalité et le propriétaire du centre de l’île Goyer, Ashok Soni. Ce dernier compte poursuivre la Ville pour 45M$

Lors de la consultation publique du 1˂+˃er˂+˃ juin, M. Soni a déploré qu’une telle modification lui aura fait payé en vain des taxes pour les bénéfices futurs sur les 3,3M pieds carrés lui appartenant.

«Si nous regardons ça, tout le système d’égout de l’île Goyer est payé par moi», a-t-il déclaré en anglais.

Toutefois, pour Lorraine Moquin, la conseillère du district numéro 1, qui comprend les îles Goyer et Demers, les paiements exigés jusqu’à ce jour par la Ville sont justifiés.

«C’est triste que M. Soni doive payer des taxes, mais il doit le faire tant qu’il a l’espoir de construire», a-t-elle répondu.

Ashok Soni a aussi mentionné que s’il ne paie plus de taxes, ce sont les citoyens qui devront en payer davantage. Selon le trésorier de la Ville, Danik Salvail, Ashok Soni a payé 64 700$ de taxes en 2015, soit 0,5% des 12M $ de revenus de taxes de la municipalité.

Des îles constructibles ?

Alors que la MRC de La Vallée-du-Richelieu, exige une densité de 21 logements à l’hectare sur la majorité du territoire de Carignan, ce qui déplaît aux citoyens, les propriétaires des îles déplorent de ne pas pouvoir construire. Selon eux, si la densification était concentrée sur leurs terrains, il y aurait beaucoup moins de mécontentement chez les résidents des autres secteurs.

Le propriétaire de l’île au Foin, Mario Venafro, partage cette position et déplore que la densité soit limitée à trois logements à l’hectare sur sa propriété.

«La densification, ça nous en prend parce que nous sommes une Ville, mais mettez-la où il n’y a pas de résidences pour ne pas déranger les citoyens que ça fait 50 ans qui sont là déjà. Sinon, ils vont se ramasser avec un duplex ou un triplex à côté de chez eux», a-t-il affirmé lors de la consultation publique.

Pour sa part, M. Soni a soutenu que 50% du centre de l’île Goyer est constructible et que les études réalisées par des spécialistes démontrent que ce territoire n’est pas constitué de milieux humides. Toutefois, Mme Moquin a démenti cette information en mentionnant que, selon une étude effectuée par la firme WSP, mandatée par la Ville, 68% de la superficie du terrain du promoteur se retrouve dans des milieux humides.

«On peut difficilement concevoir de détruire ou perdre des milieux humides qui jouent un rôle vraiment important pour atténuer les inondations», a-t-elle convenu.

La conseillère a aussi souligné que la superficie des zones inondables ainsi que les bandes riveraines doivent être ajoutées au premier pourcentage.

«Je suis désolée, mais il ne reste à peu près rien et ce sont des petites parcelles disséminées. C’est trop petit pour que ça soit intéressant financièrement d’amener des rues et des services. C’est vraiment minuscule», a-t-elle conclu.

Les élus de Carignan doivent revoir les règlements d’urbanisme adoptés en décembre dernier, car le conseil de la MRC a convenu que des dispositions de certains d’entre eux n’étaient pas conformes à son schéma d’aménagement, notamment celles concernant la densité. Les nouveaux règlements devaient être adoptés lors de la séance publique du conseil municipal cette semaine.