Redonner la confiance aux citoyens

Le Mouvement citoyen de Chambly (MCC) estime que la mise sous tutelle permettra de redonner aux citoyens confiance en l’administration municipale.
Les membres du mouvement se sont sentis écoutés par la ministre des Affaires municipales et de l’Habitation (MAMH) Andrée Laforest. En décembre, ils avaient envoyé à la ministre une lettre, signée par plus de 6100 personnes, demandant qu’une enquête ait lieu et que la Ville soit mise sous tutelle.
« On est contents que la ministre ait entendu le message des lanceurs d’alerte, ceux qui ont eu le courage de dénoncer. Les résultats arrivent. On est contents de la rapidité avec laquelle elle a pris action », soutient Julie Daigneault, porte-parole du MCC.
Le mouvement avait déjà signalé son inquiétude à l’ancien ministre. Il sentait le besoin de le faire rapidement avec la nouvelle ministre en poste. « Ce n’est pas juste le MCC qui est inquiet, mais les citoyens aussi », affirme Mme Daigneault.
Elle croit que la mise sous tutelle sera bénéfique. « D’être accompagné, c’est toujours profitable. Ça permettra de redonner confiance, de se remettre sur le droit chemin, de rectifier ce qu’il y a à corriger et de repartir du bon pied », soutient-elle.
Alexandra Labbé, conseillère de l’opposition, s’est réjouie de l’annonce de la mise sous tutelle. Elle estime que ça permettra aux citoyens d’obtenir des réponses et, à elle, de pouvoir remplir pleinement son rôle de conseillère. « À partir de maintenant, je serai traitée comme une conseillère à part entière», soutient-elle. Comme tous les conseillers, elle participera aux rencontres avec les tuteurs.
Son collègue aussi de l’opposition, Mario Lambert s’est dit à la fois soulager, « de ne pas être fou » d’avoir penser qu’il n’y avait pas de fumée sans feu, inquiet de tout ce que l’enquête permettra de découvrir et des personnes impliquées, et finalement, il est profondément déçu. « Quel image ça donne, questionne-t-il. Tous les élus du Québec doivent se sentir concerné. S’il y a eu malversation, on est tous sali par la bande, même ceux avec de bonne volonté. »

« D’être accompagné, c’est toujours profitable. Ça permettra de redonner confiance, de se remettre sur le droit chemin, de rectifier ce qu’il y a à corriger et de repartir du bon pied. » – Julie Daigneault

Visite de l’UPAC

Dans la même journée, des agents de l’Unité permanente anticorruption (UPAC) ont perquisitionné l’hôtel de ville.
Mme Daigneault s’est dit à la fois surprise de la rapidité de leur intervention et non de leur visite. « Ce n’est pas normal qu’il y ait des choses obscures qui se passent. C’est important de les dénoncer. Ça reste l’argent des contribuables », dit-elle.
Les conseillers de l’opposition sont du même avis. « On est un peu surpris, souligne Mme Labbé. On a eu beaucoup de demandes d’intervention. De ce qu’on témoignait, c’était en éthique et en déontologie qu’il y avait un problème. Avec l’UPAC, on parle de corruption. Je ne peux pas dire que j’ai été témoin ou que j’ai eu des témoignages en ce sens. »
De son côté, Mario Lambert, affirme ne pas être surpris parce qu’il trouve que « le maire n’est pas transparent et qu’il limite l’accès à l’information des citoyens ».
Le conseiller mentionne ne pas avoir été témoin de malversation de la part du maire. Par contre, il ajoute que lui et sa compagne sont tenus à l’écart des discussions des élus. « On est dans le noir total, mentionne-t-il. On ne fait partie d’aucun comité et on n’a aucune communication avec le maire. Il répond en moyenne à un courriel sur trois qu’on lui envoie. »
Les membres de l’opposition sont contents que la « situation de Chambly soit prise au sérieux ». « Il faut que la lumière soit faite sur ce qui se passe et que des mesures soient prises s’il y a des coupables. Le jeu en vaut la chandelle, qu’il y ait des accusations ou pas », soutient Mme Labbé.
Mme Daigneault abonde dans le même sens. « On va laisser l’UPAC et la commission municipale faire leur travail, dit-elle. Elles auront notre entière collaboration. »
Les deux conseillers de l’’opposition ont été rencontrés par l’UPAC le 28 février au matin.
Mme Labbé estime que l’opposition a peut-être contribué à ce dénouement. « On a toujours encouragé les gens à parler et à briser la charte du silence qui régnait à Chambly. Est-ce cette initiative qui a eu l’effet de dénonciation? J’aime croire qu’on a travaillé fort et que ça ait pu influencer. »

Une ville aimée

Si le MCC a été créé il y a un an, c’est pour pouvoir obtenir des réponses à des interrogations.
« La Ville, on l’aime et on est soucieux de ce qui s’y passe, affirme Mme Daigneault. On veut avoir des réponses. On veut rassurer les citoyens pour qu’ils sachent ce qui se passe dans leur municipalité. Pour nous, c’est important d’informer les citoyens, on travaille dans ce sens-là. »
Pour elle, il est important de se soucier de la politique municipale. « Ce sont nos services et nos taxes. »