Saint-Césaire : quelle valeur donner à l’agriculture ?

Les agriculteurs de Saint-Césaire doivent s’attendre à une augmentation de la valeur foncière de leur terre à partir de janvier prochain.
À quelle hauteur sera-t-elle fixée ? Il faut attendre la prochaine assemblée municipale de Saint-Césaire en décembre pour connaître les détails précis du nouveau rôle d’évaluation de la ville.
« On est en train de regarder le taux varié, s’est limité à dire en entrevue le maire Guy Benjamin. On est conscient (de l’importante) hausse, mais on ne sait pas à quelle hauteur on va y aller. »
Jean-François Ridel, vice-président de l’UPA de Rouville et agriculteur avec son père, prévoit faire face à une hausse en moyenne de 85 %. « Notre facture de taxes va grimper de 10 000 à 18 000 $, et la part du secteur agricole dans le budget de la ville va passer de 1 à 1,8 million de dollars », énumère le Césairois qui ajoute que la valeur d’un hectare qui était de 17 000 $ dans le dernier rôle sera de 35 000 $ dans le nouveau.

85% est la hausse moyenne attendue.

Certes, le ministère de l’Agriculture compense la hausse à une hauteur de 75 % environ. « En 2018, la Ville a reçu 1 M$ du monde agricole, dont 750 000 $ payés par le gouvernement. Ce système est mis en place, car à travers le monde les agriculteurs n’ont pas à payer autant de taxes municipales. C’était le mécanisme depuis plusieurs années pour que les Villes continuent de se financer et que ça n’affecte pas trop les agriculteurs non plus. »
Jean-François Ridel dit souhaiter que la hausse se situe autour de 0,4330 $ cents par tranche de 100 $ d’évaluation. Le budget de l’an dernier fixait le taux à 0,7510 $ pour les secteurs agricole et résidentiel.

Pression sur les terres, pression sur les prix

Depuis quelques années, les prix des terres agricoles ne cessent d’augmenter et il n’est pas exclu que leur valeur poursuive son ascension. En conséquence, les municipalités voient d’un bon œil cette hausse qui pourrait financer leurs projets, d’où la volonté d’ajuster les rôles d’évaluation foncière.
« Oui, admet Jean-François Ridel, malgré cela, les revenus des agriculteurs ne sont pas proportionnels à l’augmentation de la valeur des terres. La valeur des terres est en bonne partie spéculative pour différentes raisons. Étant donné qu’en moyenne on perd 2 % de terres agricoles au Québec par année (routes, zones industrielles, dézonage), il y a donc moins de terres disponibles. L’autre côté de la spéculation ce sont les fermes qui sont de plus en plus grosses. Elles s’intègrent verticalement et ont des liquidités. Au lieu de les mettre à la banque, elles achètent des terres. Ces terres deviennent des comptes en banque qui deviennent des off-shore si je puis dire. »
L’agriculteur a tenu à rappeler que l’UPA a déjà interpellé les partis politiques lors de la dernière campagne électorale provinciale pour revoir le dossier de la fiscalité foncière agricole. L’essentiel de cette revendication a trait à « l’obligation pour les municipalités d’avoir un taux distinct agricole inférieur au taux général lorsque la part des taxes attribuables aux terres augmente et que le fardeau fiscal se déplace vers le secteur agricole ». Jean-François Ridel demande aussi au gouvernement de « réfléchir à la question de la spéculation ».

L’importance de l’agriculture

Jacques Ladouceur, à l’instar du maire de Saint-Césaire, a rencontré aussi les responsables de l’UPA. « La problématique, c’est plus au niveau du gouvernement d’aider les agriculteurs à continuer à faire un travail qu’il n’y a pas grand monde veut faire », fait remarquer le maire de Richelieu, une municipalité dont la superficie du territoire agricole atteint 92 %.
Le maire évoque lui aussi le débat au sein de son administration à ce sujet. « Tant que les taxes foncières sont la principale source pour les municipalités, et qu’on ne trouve pas les moyens de faire payer les citoyens pour les services, on se retrouve avec les mêmes phénomènes. »
Pour celui qui est aussi préfet de la MRC de Rouville, « les gens achètent, car ça vaut des millions, mais il faut protéger nos terres agricoles. (…) Toute protection a un coût. Qui va l’assumer ? »