Qu’adviendra-t-il des 40 000 poulets

Les citoyens du chemin Bellerive et de la rue Bachand craignaient de devoir accueillir dans leur voisinage deux poulaillers.

En septembre 2019, les citoyens avaient sursauté en apprenant qu’allaient s’implanter, au 2607 chemin Bellerive, deux poulaillers contenant chacun 20 000 poulets. Ces gens appréhendaient hautement ce débarquement inattendu, craignant pour leur quiétude. Engorgement de la circulation dans un secteur vivant déjà ses complexités à certaines heures, assèchement de la nappe phréatique et émanations pouvant mener entre autres à une dépréciation immobilière étaient les principales inquiétudes mentionnées par les résidants.

Or, c’est un dénouement heureux que vivraient ceux-ci alors qu’ils auraient appris la semaine dernière que le projet de construction n’aurait pas lieu. Ce serait l’entrepreneur lui-même, Danyel Phénix, président des Aliments Phénix, qui aurait décidé de tirer la prise, ne « désirant pas faire de chicane dans le voisinage », expliquent les résidants soulagés du secteur. Une injonction aurait été émise, empêchant la construction des poulaillers jusqu’en juin, aux dires d’un des citoyen.

40 000 – C’est le nombre de volailles que devaient contenir les deux poulaillers au total.

De son côté, le service de l’urbanisme de Carignan mentionne que « son permis (à M. Phénix) a été délivré en juillet 2019. Le permis était valide pour une période d’un an, mais si les travaux n’ont pas été amorcés après six mois de la date d’émission, le permis est considéré ‘’nul et sans effet’’». À la connaissance de la Ville, les travaux n’ont pas débuté à ce jour.

De son côté, Danyel Phénix, l’entrepreneur, nuance à sa façon. « Le projet est actuellement sur la glace. Il serait déjà fini si j’avais reçu les quotas de production (droit de produire). Si t’as pas les quotas, ne commence pas à construire. Je n’irai pas construire des bâtiments dernier cri à 2 millions de $ chacun tant que je n’ai pas le permis d’élever. Le dernier moratoire à ce sujet a duré 8 ans », explique-t-il en ajoutant qu’il se garde une certaine fenêtre de temps pour évaluer le projet bien qu’il émette des doutes quant à la réalisation de celui-ci . Les quotas dont il est question sont régis par la Fédération des Éleveurs de volailles du Québec.

Les poulaillers devaient être d’une largeur de 23 mètres, d’une profondeur de 120 mètres et d’une hauteur de 6 mètres. Les deux bâtiments devaient offrir un seul niveau de palier. Ils auraient permis à la volaille de croître de 35 à 42 jours, soit le cycle de vie de l’animal, avant qu’elle ne soit abattue pour être consommée.

Aqueduc

Selon la Ville, les besoins en eau des poulaillers auraient correspondu à ceux exigés par vingt-cinq résidences. L’entreprise n’aurait pas été reliée au système d’aqueduc saturé de la Ville, mais aurait plutôt dû creuser un puits artésien s’abreuvant à même la nappe phréatique. La crainte de certains résidants des environs était de voir leur sol se drainer démesurément.

Ce à quoi Valérie Beauchamp, directrice du service de l’urbanisme de la Ville, avait répondu que « c’est le ministère de l’Environnement qui donne l’autorisation. Un agronome prend les données et les transmet au Ministère, qui donne ensuite son approbation ou non ».

Une association d’élevage ne désirant pas être nommée avait renchéri que « si le ministère de l’Environnement analyse que ce n’est pas dangereux de façon durable, il faut leur faire confiance à un moment donné. De surcroît, ils sont hyper-restrictifs dans le secteur agricole, ce qui force les producteurs à se responsabiliser ».