Projet de loi sur la gouvernance scolaire: la CSDHR inquiète et déçue

La Commission scolaire des Hautes-Rivières (CSDHR) dénonce une opération de contrôle du ministre de l’éducation François Blais, alors que ce dernier vient tout juste de déposer son projet de loi visant notamment l’abolition des élections scolaires.

Déposé au cours du dernier jour de la session parlementaire par le ministre de l’Éducation, le projet de loi 86 vise à modifier la Loi sur l’instruction publique afin de remplacer le conseil des commissaires par un conseil scolaire formé de parents, de membres du personnel de la commission scolaire et de personnes de la communauté. Cela aurait pour effet d’augmenter le pouvoir de contrôle du ministre.

La présidente de la CSDHR, Andrée Bouchard, s’est dite à la fois déçue de l’abolition des élections scolaires et inquiète de l’avenir d’une école publique où le ministre, selon elle, se réserverait le dernier mot : « Sous prétexte du faible taux de participation aux élections scolaires, le ministre abolit avec mépris une valeur importante, la démocratie au suffrage universel et, qui plus est, la seule démocratie paritaire hommes-femmes, pour la remplacer, au besoin, par une démocratie facultative et illusoire. Du jamais vu », regrette-t-elle.

Alors que la Fédération des comités de parents du Québec s’est déclarée satisfaite de la participation accrue des parents sur la gouvernance scolaire, la commission scolaire y voit au contraire une baisse déguisée. « À la CSDHR, 9 commissaires sur 15 sont parents d’élèves qui fréquentent nos écoles (…). Au conseil scolaire à mettre en place, les parents seront 6, coupés de leur propre structure de participation, soit le comité de parents et les conseils d’établissement », croit Andrée Bouchard.

Les réactions sont beaucoup plus dures du côté de la Confédération des syndicats nationaux (CSN), qui voit dans le projet de loi 86 un affront à la démocratie et de mépris envers le personnel de soutien : « Même si le taux de participation est faible, la CSN croit toujours que les commissaires doivent être élus au suffrage universel puisque les commissions scolaires elles-mêmes sont des lieux de débat. Encore une fois, le gouvernement libéral s’en prend à un forum de débats démocratiques », déplore la vice-présidente de la CSN, Véronique De Sève.

Même son de cloche du côté du Syndicat de l’enseignement du Haut-Richelieu (SEHR), où la présidente Jacinthe Côté ne se dit pas contre le fait de donner plus de responsabilités pour les parents, « mais sans moyens on va se retrouver à une situation semblable à laquelle on fait face actuellement », regrette-t-elle. Il ne s’agit pour la présidente du SEHR que d’un brassage de structures, « qui ne donnera malheureusement pas plus de moyens ni de ressources financières pour pouvoir répondre à l’ensemble des problèmes qu’on a dans nos écoles », conclut-elle.