Progression linguistique

En septembre dernier, ils étaient 17 Guatémaltèques travaillant chez L’Équipoule, à Marieville, désireux d‘apprendre ‘’ la langue de chez nous ‘’ afin de s’intégrer davantage au sein de la société québécoise. Où en sont-ils dans leur apprentissage?

À ce jour, en janvier, ils ne sont désormais que douze. Certains finissant de travailler le vendredi à minuit et les cours étant le samedi matin à 9 h, l’intérêt de cinq d’entre eux a diminué en cours de cheminement.

Pour ceux dont l’avenir semble se profiler concrètement au Québec, l’apprentissage se poursuit.

« La progression va bon train. Nous sommes en démarche afin d’obtenir une résidence, pour l’un des participants, menant à la citoyenneté canadienne. C’est un projet pilote avec Intégration Compétences. Si nous sommes capables d’avoir la résidence, le test de français deviendra nécessaire. Nous montons le dossier et si c’est accepté, nous pourrons en faire de même pour d’autres participants », fait part Jacques Tétreault, directeur d’ÉDUC À TOUT.

Discussion en français

Posséder les outils permettant d’exprimer le fond de sa pensée est une richesse qui n’est pas donnée à tous, toutes nationalités confondues.

« Il y en a qui s’expriment dans un français convenable, met de l’avant M. Tétreault. C’est le bagage de mots qui prend de l’ampleur, un vocabulaire qui s’élargit. Bien sûr, si l’on entre dans des discussions demandant des mots plus précis, ça peut devenir complexe à ce stade. On peut parler de niveau 3 sur 4. Pour passer les tests, ça prend un niveau 4. »

Des tests, ÉDUC À TOUT n‘en fait pas passer aux inscrits.

« Nous savons ce que demande le niveau 4. On ne fait pas d’évaluation régulière. On suit une démarche. On planifie les cours et, après un certain temps, on leur présente un examen semblable au test d’équivalence de niveau 4 pour voir où ils en sont », explique le directeur du service en alphabétisation Jacques Tétreault.

12 – C’est le nombre de Guatémaltèques qui poursuivent leur francisation sur une cohorte de 17 au départ.

« L’ambiance est très bonne dans le groupe, renchérit-il. Ça devient comme une famille et la progression de l’un stimule celle de l’autre. Il s’établit une connivence, une confiance. Ceux qui sont là veulent continuer. Ils peuvent faire plus d’activités, être plus autonomes. »

Intégration dans la communauté

Apprendre la langue du pays qui nous accueille et nous adopte, c’est un premier grand pas. Se mêler concrètement à la communauté en est un second tout aussi symbolique et parlant.

« Dernièrement, ils ont participé à la guignolée, aux portes ouvertes des pompiers, à une rencontre interculturelle à Saint-Hilaire. Aussi, ils sont presque tous des joueurs de soccer. L’été dernier, nous avons rencontré Julie Paquette, régisseuse culturelle et communautaire à Marieville, et nous pensons être en mesure de les faire coacher les équipes de jeunes. Ça démystifie les différences et ça valorise », exprime l’homme d’ÉDUC À TOUT.

Fin des cours

Initialement, les cours de cette première cohorte devaient se terminer en juin. Or, les Guatémaltèques en redemandent.

« On est en train d’établir si l’on poursuit pendant l’été. Les deux enseignantes sont motivées. Nous en sommes à valider s’il y aura une seconde cohorte, car la cohorte actuelle voudra poursuivre ensemble. Il n’est pas exclu qu’ils poursuivent dans un cours plus avancé alors que nous démarrerions d’autres groupes qui débuteraient parallèlement », avance ambitieusement le directeur.

Objectif ultime

L’idée principale derrière ce projet, c’est qu’un jour les participants de la cohorte deviendraient contremaîtres chez L’Équipoule.

« Actuellement, les contremaîtres sont des Québécois qui approchent de la retraite. Comme c’est difficile de recruter des contremaîtres d’ici, enseigner le français aux Guatémaltèques ainsi que les fonctions du métier devient la meilleure alternative », met de l’avant Jacques Tétreault quant à l’avenir des Guatémaltèques.

Un ajout tardif

Ne faisant pas partie de la cohorte de départ, un Guatémaltèque s’est ajouté en cours de route au nom de l’amour.

« Il vit avec une Québécoise. Sa conjointe a fait les démarches auprès de nous pour qu’il améliore son français. Je lui ai fourni la documentation de départ pour enseigner. De novembre à janvier, la progression était fulgurante, car on parle d’immersion totale. D’ici février, il devrait pouvoir rejoindre le groupe », termine l’homme, qui contribue non seulement à la francisation, mais également à la juste communication entre couples.

Les Guatémaltèques passent onze mois au Québec et partent un mois au Guatemala. Ainsi va leur cycle.