Postes de travail à combler

Le 17 juin, le ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, a annoncé un investissement sans précédent, donnant l’aval à 128 nouveaux projets d’agrandissement et de construction d’écoles. Ces classes et ces locaux nécessiteront inévitablement du nouveau personnel.

Les parents québécois se sont manifestés et ont déploré le manque d’espace pour les enfants dans les écoles. L’augmentation du nombre d’élèves est fulgurante. En raison de l’afflux migratoire et de la croissance démographique, les écoles débordent depuis quelques années déjà.

Plusieurs pistes de solution ont été soulevées et appliquées au fil des années afin de pallier ce manque criant et urgent. Des élèves ont vu leur cycle de secondaire se dérouler en de multiples établissements scolaires; d’autres ont poursuivi leur cheminement éducatif dans des classes modulaires qui pullulent comme de vrais champignons; l’éventualité d’envoyer des élèves de maternelle dans les locaux libres d’écoles secondaires a également été prononcée, bref, rien n’a pas été envisagé pour répondre à cet état de panique collective.

Investissement majeur

Dans ce contexte, l’annonce du ministre Jean-François Roberge tombe à point. À lui seul, cet investissement de 1.7 milliard de dollars représente une somme supérieure à ce qui a été investi en ce sens au cours des trois dernières années combinées. La cause est juste et noble. Cependant, ces nouveaux locaux emplis d’élèves requerront des enseignants. Par exemple, entre les murs de l’école secondaire de Chambly, selon Caroline Gaigeard, directrice, il y a actuellement une cinquantaine d’enseignants. Avec l’agrandissement, le volume d’enseignants nécessaire pourrait bien doubler. Il en sera ainsi dans chacun des milieux. Or, les enseignants actuellement en poste vivent déjà une surcharge de travail, la banque de suppléants étant à sec.

« Il faut comprendre pourquoi notre profession n’est plus aussi intéressante qu’antérieurement. »
– Richard Bisson

« On peut décortiquer chronologiquement en trois phases ce qui explique cette banque vide », énonce Richard Bisson, responsable de l’accréditation qui représente les enseignants de la commission scolaire des Patriotes (CSP). « Au début du mois de juillet, on comble une première vague de postes à temps partiel. On parle ici de congés de maternité, de congés sans solde, d’invalidité à long terme, etc. Avec nos ressources, on comble cette première phase. Arrive, à la mi-août, la séance d’octroi de contrats. Avec la venue des finissants, on comble aussi habituellement cette deuxième vague. Le problème survient à l’automne, quand les enseignants ont besoin d’un remplacement à court terme et qu’il n’y a personne sur la liste de rappel », expose M. Bisson, vice-président au syndicat de Champlain.

Remplacement à l’interne

Ce manque de ressources a un effet direct sur les enseignants en place qui doivent assurer les arrières de leurs collègues. Richard Bisson renchérit : « Comme on le voit auprès des infirmières, les enseignantes sont confrontées à du temps supplémentaire obligatoire. C’est à ce moment que la roue se met à tourner carré. Le personnel, déjà en surcharge, devient épuisé; avec l’épuisement vient l’augmentation d’arrêts pour cause de maladie; ces arrêts pour maladie font en sorte que nous avons besoin de suppléants et ainsi de suite. »

Sous le couvert de l’anonymat, une enseignante de la CSP dit au journal « Si l’on doit assister à une formation ou à un comité et que la banque de suppléance est vide, on doit reporter. Si c’est pour des raisons personnelles, une fille à l’interne doit assumer le remplacement. On n’a pas le droit de dire non, sous peine de possibles mesures disciplinaires. »

Renflouer la banque

Réduire cette rareté professionnelle et, idéalement, garnir la réserve constitue le défi. « Il faut conserver et attirer les stagiaires en développement. On doit leur donner envie de rester. Ils constituent la principale grande ressource. La commission scolaire doit être accueillante et participer activement à l’insertion de son nouveau personnel. Il ne suffit pas que les étudiants complètent leur bac, on doit être capables de les garder dans nos rangs. Il faut comprendre pourquoi notre profession n’est plus aussi intéressante qu’antérieurement », insiste M. Bisson.

Mesures gouvernementales

Lors de son passage à l’école secondaire, Jean-François Roberge a parlé « d’un bouquet de mesures » qui sera mis en place afin de contribuer au remplissage de la banque de remplaçants. Questionné sur la nature de ces mesures, Francis Bouchard, l’attaché de presse du ministre, n’a pu nous faire parvenir l’information requise avant d’aller sous presse.