Plusieurs modifications pour être un bon voisin

L’entreprise Bélisle, sise à Saint-Mathias-sur-Richelieu, a fait couler de l’encre et fait beaucoup jaser depuis quelques mois. Des voisins se plaignent de plusieurs dérangements générés par ses activités, surtout la nuit. Le journal s’est rendu sur place afin de constater la situation.

Bruit, poussière et lumière trop forte sont les principaux irritants soulevés par les voisins qui sont collés sur l’entreprise. Certaines maisons se trouvent à seulement 20 mètres de l’usine.

L’entreprise Bélisle Solution & Nutrition, qui fabrique de la nourriture pour animaux, existe à Saint-Mathias-sur-Richelieu depuis 1956. Au fil des années, l’usine a évolué avec la croissance de l’entreprise, subissant une douzaine d’agrandissements. Le dernier date de cinq ans et concerne l’arrière du bâtiment, vers la rue Côté. Ce dernier agrandissement, qui a été approuvé par la Ville, comportait deux phases, dont une seule a été réalisée. « L’agrandissement est conforme au plan qu’on a soumis à la Ville », précise Jean-Marc Halde, directeur et l’un des 24 actionnaires de l’entreprise. Ce dernier est à l’emploi de Bélisle depuis 45 ans.

Il ajoute qu’ils ont pris connaissance de leurs dérangements au début de l’année 2019 par la Ville. Les actionnaires ont davantage pris conscience de la nature des problèmes à la suite de l’assemblée du conseil municipal en février, où des employés ont discuté avec des voisins.

Les actionnaires rencontrés, M. Halde et Nathalie Gentesse, présidente, soulignent qu’ils sont ouverts aux discussions avec les voisins afin de régler le problème. Ils affirment ne jamais avoir rien reçu de la part d’avocats mandatés par la Ville. Rappelons que la Municipalité a mandaté une firme d’avocats dans ce dossier et dépensé plus de 10 000 $.

Changements

Lors de la visite des installations, M. Halde et Mme Gentesse ont présenté les modifications apportées et expliqué celles à venir. « L’endroit où il y a du bruit a été construit en 1998. On ne charge plus passé 22 h 30 le soir. Mais le camion doit décoller à 5 h du matin (pour faire les livraisons). Le moteur doit marcher un bon dix minutes avant de pouvoir rouler parce que c’est un système à air. On essaie de partir le moins souvent possible d’ici, mais parfois, on n’a pas le choix », affirme M. Halde. Cette partie est proche de certaines résidences.

« On est en zone industrielle et il y a une rue résidentielle qui a été aménagée sans zone tampon. » – Nathalie Gentesse

Deux camions, qui ne fonctionnent plus, sont stationnés le long de l’entrepôt afin de s’assurer qu’aucun camionneur ne viendra accrocher une remorque à un camion à cet endroit. Les lumières extérieures sur cette partie de l’usine ont été éteintes à l’exception d’une seule, située complètement à l’arrière, où des employés circulent.

Un autre problème était le camion-citerne qui transporte de l’huile de soya. Lors de son chargement, il était dirigé vers les résidences. Aujourd’hui, lors du remplissage, il se positionne vers le champ.

Pour la section du remplissage du vrac, située à l’arrière de l’usine, l’entreprise a fait installer une porte afin de couper la poussière et le bruit. Prochainement, un système de lumière sera aménagé afin que les employés communiquent entre eux avec un code de couleurs plutôt que de crier.

Voisinage

Le journal a également parlé avec des résidants voisins. Certains soulignent que le bruit est pire depuis le dernier agrandissement. « Quand on a acheté, ça s’endurait, il était plus loin. Là, c’est intolérable », affirme une dame qui y réside depuis 1992. Une autre invite quiconque à aller passer un séjour chez elle pour constater les dérangements.

Les voisins estiment qu’il y a eu « une légère amélioration » au cours des dernières semaines, mais affirment que le problème n’est pas encore complètement réglé. Ils ont mentionné avoir encore de la difficulté à dormir la nuit. Le jour, ils sont conscients que l’entreprise a un travail à faire. Par contre, ils aimeraient que les dérangements cessent la nuit. « On ne veut pas que Bélisle s’en aille, mais il faut se rendre à l’évidence qu’il dérange », dit une voisine.

« On est en zone industrielle et il y a une rue résidentielle qui a été aménagée sans zone tampon. Ça ne veut pas dire qu’on doit faire exprès pour faire du bruit et déranger, mais ça a été mal conçu », soulève Mme Gentesse, de Bélisle. La première maison de la rue Côté a été construite en 1959, et les plus récentes, dans les années 1990.

Évolution de l’entreprise Bélisle

Bélisle a été fondée en 1956 et s’appelait Concentré scientifique Bélisle. Jusqu’en 1989, l’entreprise embauchait une quinzaine d’employés. Aujourd’hui, elle en compte une centaine. Une douzaine sont des Mathiassois.

L’entreprise a appartenu à trois générations de Bélisle avant d’être vendue en 1998 à une première cohorte d’employés qui en sont devenus actionnaires. D’autres employés ont joint les actionnaires en décembre 2018 pour assurer une relève. Ils ont ainsi conservé la compagnie au Québec plutôt que de la vendre à l’étranger.

Bélisle est certifiée biologique et n’utilise aucun produit animal dans ses produits. Elle dessert environ 400 clients principalement au Québec, mais également dans les Maritimes et en Ontario.