Plusieurs familles manifestent devant le bureau du ministre pour l'école à la maison

Le 15 avril, ils étaient plusieurs centaines de personnes à manifester devant le bureau du député de Chambly, Jean-François Roberge, également ministre de l’Éducation. Ils exprimaient ainsi leur mécontentement au sujet d’un projet de règlement obligeant les familles qui font l’école à la maison à soumettre à leurs enfants les examens du Ministère.
Les manifestants scandaient notamment « liberté » et « nous refusons ». Sur plusieurs pancartes, on pouvait lire que les personnes concernées ne voulaient pas d’un cadre imposé pour enseigner à la maison et qu’elles souhaitaient garder leur liberté.
Le député a ouvert les discussions avec les manifestants en rencontrant trois personnes déléguées. « Ils sont venus me parler de leur inquiétude. Je leur ai fait part de ce qu’on comptait faire. On veut laisser de la latitude aux parents à la maison », assure M. Roberge.

Projet de règlement

À la fin du mois de mars, le ministre a déposé un projet de règlement visant à modifier le projet de loi 144, adopté en novembre 2017. Cette loi vise notamment à encadrer l’enseignement à la maison. Le ministre actuel estime que « le cadre législatif mis en place par leurs prédécesseurs demeure insuffisant pour garantir que tous les enfants recevant l’enseignement à la maison aient accès à une formation de qualité », peut-on lire dans sa déclaration au moment du dépôt du projet de règlement.
En entrevue, il a précisé que le but est également qu’un enfant qui souhaite réintégrer le système scolaire puisse le faire à tout moment.
Il ajoute que par le règlement, le gouvernement souhaite « accroître les exigences minimales pour ce type d’enseignement ». Les nouvelles normes encadreront les contenus en prescrivant l’enseignement des programmes ministériels dans les langues, les mathématiques, les sciences et la technologie ainsi que dans l’univers social.
M. Roberge précise que la loi adoptée par l’ancien gouvernement demande que les enfants voient le français, une autre langue, des notions de mathématiques et des notions dans une autre matière. « C’est très vague, soutient-il. Ça nécessitait qu’on resserre les exigences en laissant la liberté aux parents. »
Il affirme qu’à l’heure actuelle, il n’y a aucune obligation de la part des parents quant à prévoir la diplomation de leurs jeunes.

« Ils apprennent par projet et selon leurs passions. Tout ça prend le bord si on doit montrer la matière en fonction des examens. » – Marie-Caroline Gamache

Dénoncer

Des centaines de parents-éducateurs dénoncent entre autres que la loi vient tout juste d’être adoptée après des Tables de concertation et des rencontres entre les différentes parties impliquées, dont l’Association québécoise pour l’éducation à domicile (AQED) et le gouvernement libéral.
Ils demandent au ministre de laisser au moins une première année avec cette loi avant de la modifier. Une pétition signée par plus de deux mille personnes est en cours afin de « défendre la liberté éducative ».

Examen

De plus, dans le règlement, les enfants éduqués à la maison devront passer les examens du Ministère, au même titre que ceux qui fréquentent un établissement scolaire.
M. Roberge précise qu’il n’y en a pas toutes les années. Il ajoute que les examens ne sont pas tous synonymes de « bourrage de crâne. En français, on évalue l’habileté à lire et à écrire; les élèves doivent écrire un texte. En mathématiques, ils doivent résoudre des problèmes. Ce ne sont pas toutes des réponses apprises par cœur ». Les parents rencontrés par le Journal sont contre l’idée d’imposer les examens du Ministère aux élèves qui apprennent à la maison. Pour eux, c’est insensé, puisque ça ne cadre pas avec leur pédagogie. « Ils apprennent par projet et selon leurs passions. Tout ça prend le bord si on doit montrer la matière en fonction des examens. On nous demande de faire comme à l’école », déplore Marie-Caroline Gamache.
« La liberté éducative est riche et ce n’est pas synonyme de négligence », affirme Laetitia Jourdan.
Les mères estiment qu’à l’école, les élèves sont formés pour apprendre en fonction des examens.
Les élèves à la maison n’apprennent pas non plus au même rythme que ceux qui fréquentent l’école. Estelle Praud cite en exemple qu’elle utilise, pour montrer les mathématiques, un cahier écrit par des auteurs reconnus par le ministère de l’Éducation. « La version pour la maison n’est pas dans le même ordre que celle utilisée dans les écoles. Ma fille peut apprendre en deuxième année des notions que les autres apprendront plus tard. »

À venir

Après un dépôt de projet de loi ou de règlement, les élus disposent de 45 jours pour consulter la population et apporter des ajustements. Le ministre de l’Éducation se dit ferme sur le principe puisqu’il est « important de garantir une éducation aux jeunes pour qu’ils puissent décrocher un diplôme ». Il assure toutefois qu’il tiendra compte des commentaires des opposants.
Le règlement doit entrer en vigueur le 1er juillet pour qu’il soit appliqué lors de la prochaine année scolaire.
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