Peut-on dompter les guêpes ?

Les guêpes avaient pollué la fin de l’été dernier à Chambly et les bords du Richelieu à tel point que certaines terrasses de commerces avaient fermé. Étienne Normandin, spécialiste de la question, affirme que l’humain peut encore prévenir.

Le printemps montre ses premiers charmes durant ce mois de mars et, forcément, les premières hausses de températures vont de pair avec l’apparition des insectes. Évidemment, les guêpes ne sont ou ne seront pas loin. » Aucune étude scientifique ne prouve une prolifération récente des guêpes, assure Étienne Normandin, entomologiste à l’Université de Montréal. Mais des facteurs ont pu favoriser le développement de celles-ci. On parlait de ce problème en 2021 puis en 2022. On avait mis cela sur le dos de la pandémie car les gens sortaient à nouveau après le confinement. «

» Le Canada compte 8 756 espèces de guêpes différentes et seules les guêpes dites « sociales » posent problème. » – Étienne Normandin

Les plaintes ont afflué à partir du mois d’août jusqu’en octobre du côté du Bassin de Chambly. Et pour cause, il était courant de croiser des guêpes surtout le long de l’avenue Bourgogne. Si les passants étaient gênés ponctuellement, les résidents et commerçants ont passé deux mois bien compliqués entre fenêtres fermées et pièges de fortune.

Passer le message au voisin

Les théories sur la présence des guêpes progressent et un scénario se dessine, même s’il n’est pas encore prouvé scientifiquement. « Le climat s’est réchauffé dans les milieux urbains, qui en même temps se développent, et ce malgré les politiques de verdissement comme à Chambly, fait remarquer le spécialiste. La guêpe s’est probablement adaptée pour y survivre au fil des années et son activité se développe avec la chaleur. Par conséquent, elle est aussi en recherche de points d’eau et couvre ainsi plus de territoire. Cela pourrait expliquer sa présence particulièrement autour du bassin, notamment sur l’avenue Bourgogne. »

Face à un tel phénomène, la population a subi la situation. Mais Étienne Normandin affirme qu’il existe un moyen de réduire la prolifération de l’indésirable. « Réaliser une inspection de sa maison vers les mois de mai et juin pourrait être fort utile. Il faut examiner les structures de bois protégées de l’eau. La Reine y implante son nid avec le bois et son habitat mesure la taille d’une balle de golf. On peut les décrocher sans trop de risque car elle sera seule voire accompagnée d’une autre guêpe. Détruire son nid pourrait être fatal car le construire lui demande beaucoup d’énergie. À la rigueur, elle pourrait en construire un deuxième mais pas de troisième. Les voisins pourraient aussi faire la même vérification sur leur propriété. »

Installer des pièges

Si le nid a échappé à votre vigilance, il n’est pas trop tard. Avant de jouer les héros et de prendre des risques pour détruire un nid important, il est possible de créer des pièges. « Il est préférable d’installer ces leurres loin de toute habitation, poursuit l’entomologiste. Certains gels peuvent se trouver dans le commerce ou bien il est possible de mélanger du sucre avec de l’insecticide. Mais il faut au préalable respecter les régulations de la Ville et de l’ARLA (Agence de Régulation de la Lutte Antiparasitaire, NDLR). Il est quand même conseillé de passer par un spécialiste car si la dose de poison n’est pas assez forte, vous donnez du sucre aux guêpes qui viendront se servir. »

Néanmoins, avant de chasser les guêpes et de les bouter hors de Chambly, Étienne Normandin rappelle quelques principes. « Si les guêpes viennent à Chambly, cela signifie qu’elles ont des ressources pour y vivre. Elles mangent des insectes comme les chenilles qui peuvent nuire à certaines récoltes. Pour cela, elles vont aller chasser dans les potagers ou le compost. D’un autre côté, je peux comprendre que le côté sécuritaire puisse primer en cas d’allergie ou lorsqu’on a des enfants. Le Canada compte 8 756 espèces de guêpes différentes et seules les guêpes dites « sociales » posent problème. »